
INTERZONE EXTENDED
Serge Teyssot-Gay, Khaled Aljaramani, Marc Nammour
NOUVELLE CREATION 2015
Interzone Extended est une réussite.
D’abord parce qu’avec Serge Teyssot-Gay et Khaled Aljaramani en duo (2005) Interzone a trouvé l'alliage magique : celui qui fond ensemble grammaires rock et modale des maqams arabes. Cet alliage a tenu bon dans l’aventure Extended, à cinq avec Keyvan Chemirani, Médéric Collignon et Carol Robinson (2012) puis à six avec Marc Nammour (Festival d’Avignon 2014).
Ensuite, parce que l’arbre Interzone a su croître d’écorce en écorce, en résonance avec son époque. Marc Nammour exprime par sa parole toute la sève poétique contenue en filigrane dans Interzone, mais éveille aussi en nous la lucidité politique sur notre époque et ses menaces contre l’humain.
En 2002, Serge Teysssot-Gay rencontre Khaled Aljaramani venu de Syrie le voir à Beyrouth. Le Liban se reconstruit.
En 2005, Interzone paraît, l’Europe doute. En 2012, Interzone à Royaumont : la Syrie est en guerre, les printemps ne sont plus arabes. 2014 : 200 000 morts en Syrie, l’Europe est en crise.
2015 : ? Interzone, ou l’art comme une peau de tambour.
Serge Teyssot-Gay: guitare électrique, direction
Khaled Aljaramani: oud, direction
Marc Nammour: poésie performée, rap
Keyvan Chemirani: zarb, daf, udu, batterie
Médéric Collignon: trompette, bugle, idiophones
Carol Robinson: clarinettes

Abbaye de Royaumont
L’abbaye de Royaumont fut fondée en 1228 par Louis IX – futur Saint Louis – avec le soutien de sa mère Blanche de Castille. Richement dotée par le roi qui aimait à s’y retirer, elle connut au XIIIe siècle un grand rayonnement. Dès 1246, elle se dotait d’un « studium theologiae » qui fut confié à un dominicain, Vincent de Beauvais.
« Lector » à l’abbaye et précepteur des enfants royaux, Vincent de Beauvais était aussi l’auteur du « Speculum maius », fameuse somme encyclopédique des savoirs médiévaux qui fut réalisée avec l’aide des moines de Royaumont.
Affaiblie par la guerre de Cent Ans et les famines du Moyen Âge, l’abbaye fut encore fragilisée par sa mise en commende au XVIe siècle et l’intrusion, au cœur du monastère, de ces «abbés» souvent laïcs, plus préoccupés de plaisirs que de mortification. Ainsi, le 17 mars 1635, on donna à Royaumont un ballet de « La Merlaison », composé et dansé par le roi Louis XIII, sur le thème de la chasse aux merles !
Déclarée « bien national » en 1790, elle ne comptait plus que dix moines lors de sa mise aux enchères en 1791. Son nouveau propriétaire la transforma en filature de coton, détruisant l’église dont les matériaux furent notamment employés à la construction d’un village ouvrier. Dans les années 1830, en dépit de cette activité industrielle, le hameau de Royaumont était devenu une villégiature prisée par l’aristocratie et la grande bourgeoisie parisiennes, attirées par ses ruines romantiques, son cadre forestier et la renommée de son théâtre privé. Après plusieurs reconversions, la fabrique fit faillite et fut fermée en 1859.
L’abbaye retrouva sa vocation première et, en 1869, accueillit le noviciat des religieuses de la Sainte-Famille de Bordeaux, qui entreprirent de la restaurer dans un « pur » style néogothique. En 1905, les lois Combes les contraignirent à l’exil et Jules Goüin, président de la Société de Construction des Batignolles, acquit l’ancien monastère dont il fit une résidence de campagne. Il poursuivit la restauration des bâtiments, qui abritèrent un hôpital pendant la Première guerre mondiale.
Dans les années 30, son petit-fils Henry Goüin gérait la propriété familiale. Suivant l’exemple déjà fameux de Paul Desjardins et de ses « décades de Pontigny », séduit par les initiatives du Front populaire en faveur des travailleurs, il décida d’ouvrir les portes de Royaumont aux artistes et intellectuels nécessiteux, pour offrir le « loisir de méditer – éventuellement de créer – à ceux que trop souvent les difficultés matérielles de la vie contraignent à vivre dans des lieux dont la beauté et la poésie sont absentes […] ». Le 15 mai 1938, il inaugure avec son épouse, Isabel Goüin-Lang, le Foyer de Royaumont, lieu de travail et de repos pour artistes et intellectuels. Vingt-six ans plus tard, en 1964, le projet sera pérennisé sous la forme d’une Fondation Royaumont (GoüinLang) pour le progrès des Sciences de l’Homme.
Réfectoire des moines, 1936 Réfectoire des moines aujourd'hui
Ainsi, après avoir été monastère, usine textile, village et noviciat, l’abbaye deviendra au cours du XXe siècle un lieu de rencontre et d’échanges majeur, pour plusieurs générations d’intellectuels français et étrangers, dans le domaine des sciences humaines et de la musique ; avant de s’imposer comme un lieu de recherche, de formation et de production artistiques internationalement reconnu.
Serge Teyssot-Gay

Serge Teyssot-Gay, né le 16 mai 1963 à Saint-Étienne dans la Loire, est un guitariste français, cofondateur du groupe Noir Désir en activité entre 1980 et le 29 novembre 2010. Il a également créé les groupes Zone libre et Interzone.
Serge Teyssot-Gay naît à Saint-Étienne, mais déménage dans sa petite enfance pour Bordeaux, lorsque sa mère, secrétaire, vient s'installer après sa séparation avec son mari en 19641. Il se découvre l'envie de jouer de la guitare en écoutant Django Reinhardt à l'âge de neuf ans. Ses influences de jeunesse sont AC/DC, les Stooges, le Gun Club2. Il rencontre Bertrand Cantat et Denis Barthe à Bordeaux où ils étudient tous au lycée Saint-Genès et forment le groupe Noir Désir. Avec Vincent Leriche le premier bassiste, Serge Teyssot-Gay quitte le groupe à cette époque durant quelques mois avant de revenir en 19852.
Avec le succès de Noir Désir en 1987, il devient un élément central de la création musicale du groupe tout en s'engageant ponctuellement, dès 1996, dans des projets solos ou expérimentaux de collaboration avec des musiciens ou écrivains venant d'autres horizons que celui du rock. Il met en musique des textes littéraires (Georges Hyvernaud, Lydie Salvayre, Bernard Wallet, Attila Jozsef, Stig Dagerman, Vladimir Maïakovski, Allen Ginsberg, Krzysztof Styczynski, Mike Ladd, Michel Bulteau, Saul Williams...).
À la suite de l'arrêt de Noir Désir en 2003, Serge Teyssot-Gay crée en 2005 le duo Interzone avec le oudiste syrien Khaled Aljaramani rencontré à Damas lors d'une tournée de Noir Désir en avril 20022, avec qui il réalise trois albums. Sa rencontre avec Marc Sens (guitare) et Cyril Bilbeaud (batterie) donne naissance également au trio Zone libre. Ils ont réalisé ensemble la bande-son du film Magma de Pierre Vinour, et ajouté à leur free-rock des textes et voix de rappeurs de la scène française : Hamé (La Rumeur), Casey, B. James.
Il travaille également en duo avec le peintre Paul Bloas à la réalisation d'une performance peinture/guitare intitulée « Ligne de Front ». Il participe au projet SleepSong du New-Yorkais Mike Ladd sur la guerre « à partir des témoignages de vétérans des conflits afghan et irakien ». Depuis janvier 2012, il joue en duo avec la contrebassiste de jazz Joëlle Léandre, ainsi qu'avec Carol Robinson et Étienne Bultingaire. Il joue régulièrement des ciné-concerts en duo avec Cyril Bilbeaud sous le nom de Zone Libre.
Depuis 2013, il joue avec le musicien Loup Barrow (cristal baschet et séraphin), parmi les collaborations suivantes :
« Debout dans Les Cordages », extraits du Cahier d'un Retour au Pays Natal d'Aimé Césaire, avec la participation de Marc Nammour à la voix.
Zone Libre PolyUrbaine, intégrant les poètes rappeurs Mike Ladd et Marc Nammour, mixant riffs du rock, flows du rap, rythmes impairs et polyrythmies.
Kit de Survie (En Milieu Hostile), où Médéric Collignon et Akosh Szelevényi rejoignent le line up de PolyUrbaine. (respectivement aux bugle et saxophone).
Khaled Aljaramani

Khaled Aljaramani, né en 1972, est un musicien syrien, reconnu pour sa maitrise du oud. Il participe au côté de Serge Teyssot-Gay au groupe Interzone et de l'ensemble franco-syrien Bab Assalam dont il est cofondateur, mais aussi à divers projets mêlant musique d'origine syrienne et d'autres horizons.
Khaled Aljaramani est né en Syrie en 1972, et grandit dans la ville de Soueïda. Issu de la minorité druze, il est enfermé à 19 ans pendant 9 mois par le régime d'Hafez el-Assad pour avoir manifester contre l'intervention militaire en Irak, en 1991. Il poursuit ses études à l'institut supérieur de la musique de Damas, puis y enseigne, jusqu’en 2011. Il a entretemps pris part à de nombreux projets musicaux, notamment avec le groupe Interzone, fondé avec le guitariste Serge Teyssot-Gay et Bab Assalam qu'il fonde en 2005 avec le clarinettiste Raphaël Vuillard. Il part en tournée en France au début de la révolution syrienne, et décide d'y rester3, observant l'évolution de la situation dans son pays d'origine. Il poursuit alors sa carrière de musicien en France.
- Oud
Marc Nammour

Marc Nammour, né en 1978, est un rappeur et poète français d’origine libanaise, membre du groupe La Canaille, mais aussi d’autres projets, notamment aux côtés de Serge Teyssot-Gay et son groupe Zone Libre.
Né à Beyrouth en 1978, Marc Nammour arrive en France en 1986 après que sa famille a fui la guerre civile. Il grandit à Saint-Claude, une cité ouvrière du Jura3. Il travaille un temps en usine, de nuit, avant d'aller à Paris pour se lancer dans la musique. Il fonde La Canaille en 2003, au côté de Jérôme Voisin, Valentin Durupe et Alexis Bossard.
À partir de 2010, il collabore régulièrement avec le guitariste Serge Teyssot-Gay, au sein de divers formations, travaillant des textes d'Aimé Césaire ou encore de la poésie moyen-orientale. Rappeur engagé5, il publie en 2015 un album au côté de Zone Libre et Mike Ladd, un rappeur américain, intitulé PolyUrbaine.
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