Les Hurlements d'Leo / Bordel de Luxe

Jazzee 0

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Les Hurlements d'Leo: Bordel de Luxe

 

« Bordel de Luxe », c'est la réponse du groupe au découragement ambiant, la même volonté de prendre le monde à bras le corps, de taper du poing sur la table en rappelant des choses essentielles.

Changer quelques têtes a remis les choses à plat, un peu d'huile nouvelle dans les rouages et permet à la machine de prendre un rythme nouveau. La base reste la même mais ce « Bordel » tape davantage au foie, un coup direct, une affirmation rageuse, réplique plus dure à une société qui l'est devenue davantage aussi.

Ca donne un son plus rock, renforcé par les influences des nouveaux venus, avec la volonté de coller un son plus lourd à des textes plus abrasifs, le désir d'aller à l'essentiel comme une vertu salvatrice, de crier la rage de l'injuste baignée dans la joie de la renaissance. Opposition et fusion : le noyau des Hurlements a explosé et la réaction est sans chaîne. On a pris le temps de tout poser parce que l'urgence brouillonne des débuts a laissé place à la volonté de faire et de dire consciemment, d'affirmer haut et clair. Tant au niveau musical, plus travaillé, avec de belles prises de gros son qui alimentent de belles parties acoustiques, qu'au niveau de l'état d'esprit.

Les Hurlements d'Leo

On n'a pas eu le temps de les attendre. Trois ans, c'est peu pour une séparation. Mais ça laisse suffisamment de temps pour retrouver l'énergie qui les alimente en continu depuis quinze ans. Car c'est cette énergie qui nourrit les débuts ravageurs des Hurlements d'Léo : « On a eu du succès parce qu'on s'en foutait. On était mobiles et sans complexes. » Laurent Kebous retrace avec recul les premiers pas si peu hésitants d'un groupe qui allait faire retentir au début des années 2000 les échos bouleversés du mouvement alternatif. A leur façon, les Hurlements reprenaient un flambeau avec lequel ils allaient enflammer les scènes aux quatre vents du globe. De la chanson française que l'on disait déjà « nouvelle », ils respiraient le goût des textes bien foutus. De l'alternatif des 80's, ils reprenaient la démarche et l'esprit, la volonté d'aller, même vent debout, mettre leurs tripes sur scène juste pour la gloire fugace de se dire que le concert était bien ce soir là.


Ils emprunteront 25 000 francs pour faire un premier disque en 98, espérant en tirer une bonne petite tournée régionale et se retrouveront avec une bonne grosse tournée nationale qui les a embarqué dans un autre monde : « Nous, on voulait jouer partout. Peu importait où on dormait, ce qu'on mangeait, où on était logé. » L'énergie et le voyage, c'est là le duo magique qui faisait se consumer les huit gars de Bordeaux. Ils seront servis : 50 000 exemplaires vendus du « Café des jours heureux », voilà qui ouvre un boulevard pour la suite : « La belle affaire » en 2000, qui les embarque vers ce qui les fait vibrer. Ils visiteront 22 pays en trois ans, saturation des passeports mais pas de l'envie.


D'autant qu'entretemps, il y a la rencontre avec les Ogres de Barback et c'est « Un air deux familles » en 2001, vaste barnum musical, balade à quarante dans six pays pendant six mois, des tonnes de discussions et le début d'une autre version des Hurlements, une version où les musiciens se complètent d'autre chose de moins palpable. Comme l'impression d'être autre chose que des musiciens justement, d'avoir aussi des projets à défendre, des choix à faire valoir, un monde différent à construire. Et des échanges à engranger. Les Hurlements d'Léo deviennent une galaxie en expansion continue où naviguent plein de gens. Les Allemands de 17 Hippies bien sûr, avec qui ils forment un temps les « Hardcore Trobadors », mais aussi les Zombie Eaters, LaRéplik, les Sleepers... Une vaste auberge espagnole où tout le monde se croise dans le bruit et la fureur scénique. Et le tempo est là, qui a déjà embarqué tout le monde dans un troisième album (« Ouest Terne ») et qui maintient l'unité lorsqu'il s'agit de partager des concerts, des instants de musique. Mais la tentation de la démultiplication guette, qui harangue son monde pour de plus en plus de collaborations, de projets annexes qui deviennent principaux et en 2006, l'album « Temps suspendu » suspend pour un temps les Hurlements. Plus la même envie, grosse fatigue après dix ans de vie commune, communautaire, communion musicale et personnelle qui use une énergie que l'on croyait inépuisable tellement elle était généreusement distribuée. Le désir s'émousse et « La République du sauvage » sera le chant du cygne de la première aventure des Hurlements. Là encore, c'est une rencontre hors-normes, avec l'Enfance Rouge, un groupe qui refuse même la relative sécurité de l'intermittence et vivent dans le décalage. Coup de foudre humain qui est vécu comme une épiphanie artistique dans laquelle s'engouffrent le huit Bordelais, avec le sentiment de l'urgence. Aucune barrière musicale, une radicalité rock très noire et expérimentale, l'expérience ultime d'un groupe qui jette ses dernières forces dans ce projet avant l'heure du bilan. Réunions, réflexions, discussions : quatre jettent l'éponge, quatre s'accordent une pause, pour voir. Généralement, c'est ainsi que finit un groupe en attendant qu'une vague de nostalgie les fasse reprendre la route vingt ans plus tard.


Heureusement, les Hurlements d'Léo ne mangent pas de ce pain aigre du souvenir frelaté. Chacun part de son côté mais jamais trop loin des autres. Les Touffes Krétienne, Kebous, El Comunero et bien d'autres naissent ou se nourrissent de la lumière projetée par l'explosion de la novæ des Hurlements. On se croise, se recroise, on fait des choses ensemble, ou pas, mais l'esprit du groupe reste présent comme un leitmotiv imperceptible et lorsqu'en 2009, Pepito, le trompettiste, rameute tout le monde pour repiquer au truc, le temps de la réflexion s'impose mais les quatre qui n'avaient pas raccroché répondent présents. Quatre « nouveaux » sont intégrés, qui avaient tous plus ou moins fait un bout de route avec les Hurlements. On n'est pas allé les chercher très loin, ils étaient déjà de la famille, du même univers : Juju, au saxo, était des Touffes, tout comme Vincent au violon; à la batterie, Nicolas avait déjà remplacé l'ancien batteur à l'occasion, et Jean-Pax, à la basse était l'ingénieur du son façade depuis sept ans. Seul Renaud n'avait jamais directement croisé le chemin des Hurlements mais suivi des routes semblables. Répétitions campagnardes chez Laurent Kébous, tournée préparatoire en Russie pour remettre les choses en place et c'est reparti pour une nouvelle aventure. « Bordel de Luxe », c'est la réponse du groupe au découragement ambiant, la même volonté de prendre le monde à bras le corps, de taper du poing sur la table en rappelant des choses essentielles. Changer quelques têtes a remis les choses à plat, un peu d'huile nouvelle dans les rouages et permet à la machine de prendre un rythme nouveau. La base reste la même mais ce « Bordel » tape davantage au foie, un coup direct, une affirmation rageuse, réplique plus dure à une société qui l'est devenue davantage aussi. Les Hurlements anciens avaient des choses à dire mais le faisaient sur le mode du constat. L'objectif initial de ce disque n'était pas d'être plus politique que les autres mais l'âpreté du monde a laissé des traces dans la carcasse carrossée et la conscience cabossée des musiciens, alors ça fouaille, ça gueule, ça déterre les calumets sans paix et ça part comme une réplique inévitable à la dérive d'une humanité présente à chaque coin de mot. Alors ça donne un son plus rock, renforcé par les influences des nouveaux venus, avec la volonté de coller un son plus lourd à des textes plus abrasifs, le désir d'aller à l'essentiel comme une vertu salvatrice, de crier la rage de l'injuste baignée dans la joie de la renaissance. Opposition et fusion : le noyau des Hurlements a explosé et la réaction est sans chaîne.


Fred Norguet aux manettes (3zekiel, Spicy Box, Burning Heads), un enregistrement dans la campagne bordelaise pour ne rien sacrifier au confort et au final, un objet classieux et superbement ficelé, sans doute le plus travaillé de la discographie des Hurlements. On a pris le temps de tout poser parce que l'urgence brouillonne des débuts a laissé place à la volonté de faire et de dire consciemment, d'affirmer haut et clair. Tant au niveau musical, plus travaillé, avec de belles prises de gros son qui alimentent de belles parties acoustiques, qu'au niveau de l'état d'esprit. Les HDL savent qu'on les attend et ils ont peaufiné leur travail. Ils sont moins boulimiques aussi : moins de dates, pas de tournées marathon qui n'en finissent plus et rabotent l'envie mais des concerts mieux calés où ils pourront davantage tout livrer, mettre à nouveaux leur âme sur scène et gueuler leur fougue retrouvée : « Le plaisir au maximum et sus aux peine-à-jouir ». Car le désir s'accroit quand l'effet se recule


Ou Dans un monde en plein bordel, les Hurlements d'Léo offrent le luxe d'une issue de secours.

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