Tragédie / Olivier Dubois

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Compagnie Olivier Dubois
Tragédie

Dix-huit danseurs nus dans une Cocotte-Minute qui pète sans prévenir : jouissif !

Avec "Tragédie", le chorégraphe français Olivier Dubois signe un grand spectacle de danse, solide et urgent.

Quelle gifle ! Quel choc ! Standing ovation pour Tragédie, chorégraphie frénétique d'Olivier Dubois pour dix-huit danseurs. Mais que s'est-il passé exactement ? Une déclaration de guerre, une rave contemporaine, une transe rock, un raout tribal... Tragédie déborde en restant d'abord et avant tout un grand spectacle de danse, solide et urgent, qui se saisit des corps en mouvement pour assener un uppercut esthétique et émotionnel. Du pur plaisir à la frayeur excitée, Tragédie est jouissif.

Du concret. Ils sont neuf femmes et neuf hommes nus sur un plateau vide. Un nombre suffisant pour flanquer des effets de masse splendides et pourtant distinguer chacun des individus. Un par un, ils surgissent du trou noir en fond de scène pour marcher face au public puis repartir en lui tournant le dos. Et ainsi de suite, pendant près de quarante-cinq minutes (sur l'heure trente que dure la pièce). Assauts tranquilles et répétés, rythme toujours identique (douze pas, comme les douze vers d'un alexandrin), énergie franche... Le défilé presque martial se transforme en vagues humaines. Séisme annoncé.

Curieusement, le plaisir immédiat que procure Tragédie, un peu "béat-baba", presque enfantin même par instants, vient de cette marche répétitive et insistante, scandée par des coups de tambour réguliers et profonds. Contempler des hommes et des femmes nus en train de marcher d'un bon pas suscite une empathie insolite.

L'obstination tranquille des interprètes, leur regard droit qui semble parfois chercher la bagarre sentent bon le jusqu'au-boutisme. Retour à des émotions originelles que la vibration musicale accentue ? Enchaînement cyclique qui finit par donner le tournis ? Sans doute. L'énergie de base qu'est une bonne marche devient un cri de pure vitalité.

Ce motif, comme quelques minutes plus tard, le tremblement, le saut, la course..., qui exploseront l'ordre de Tragédie, dépassent les gestes élémentaires pour atteindre une zone archaïque. Ce répertoire de mouvements fondamentaux répercuté par le corps de ballet, corps d'armée des dix-huit danseurs, finit par imposer l'idée du corps tout court, identique pour tout le monde au-delà du sexe et du genre. Même si la rencontre entre les deux clans a lieu, elle ne sépare jamais le groupe, échantillon d'humanité qui va traverser les épreuves en restant debout.

La nudité de Tragédie est celle de l'humain dans son plus simple appareil. Evidente, jamais décorative ni accrocheuse, elle est celle de la peau qui nous constitue. Elle permet un point de vue plastique parfait. Beauté de la pâleur des danseurs qui apparaissent dans une lumière blafarde ou prennent des poses comme dans un atelier de sculpture. Tragédie déroule, sans jamais insister, une série de tableaux en noir et blanc, version chair et marbre, dont le glacis est celui de la sueur.

La tragédie annoncée prend sa couleur à travers la fureur qui secoue finalement les interprètes exaspérés par les rafales musicales de François Caffenne. Scènes de folie, de guerre, qui durent et durent, interprétées de façon phénoménale par les danseurs qui se cognent, se jettent, escaladent les murs en hurlant... Tragédie, c'est la Cocotte-Minute de la vie qui pète sans prévenir ; le rouleau compresseur des générations qui se recouvrent les unes les autres ; le chaos d'un seul jour qui élimine tous les autres... Mais encore, la sauvagerie de l'humain que des couches d'éducation n'arriveront jamais à étouffer... Tragédie de vivre et d'aimer ça.

Avec cette nouvelle pièce, Olivier Dubois, généreux et impitoyable, fonce. Depuis son premier solo Pour tout l'or du monde, en 2006, et la création de sa compagnie un an plus tard, il n'a cessé de nous épater, faisant ventre de tout, de L'Après-midi d'un faune de Claude Debussy à des chansons de Frank Sinatra pour L'Homme de l'Atlantique (2010). Après Révolution (2009), qui enchaînait douze femmes à des "pole dance" sur un remix du Boléro de Maurice Ravel (six d'entre elles se retrouvent dans Tragédie), et Rouge (2011), solo raidi de sang interprété par Dubois lui-même, Tragédie ôte la soupape et danse.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/07/27/dix-huit-danseurs-nus-dans-une-cocotte-minute-qui-pete-sans-prevenir_1739222_3246.html#FoIAtvxMCdEfY4P2.99

 

Le CENTQUATRE-PARIS

En perpétuel mouvement, Le CENTQUATRE-PARIS est un lieu du tout-monde, un lieu de création, une fabrique de spectacles d’envergure internationale ouverte à l’ensemble des arts actuels à travers une programmation résolument populaire, contemporaine et exigeante, portée par des artistes du monde entier.

Pensé comme une plate-forme collaborative, il s’intéresse à toutes les formes et disciplines artistiques : théâtre, arts visuels, danse, musique, cinéma, vidéo mais aussi arts culinaires, numériques et urbains.

Son fonctionnement se traduit avant tout par la
présence d’artistes en résidence tout au long de l’année (parmi ceux-ci, une dizaine sont actuellement associés à l’établissement), et par une coopération avec différentes structures, des théâtres et festivals.

En agissant ainsi, le CENTQUATRE-PARIS accompagne l’émergence de nouvelles formes d’art qui ont pour vocation d’animer le lieu, de créer des affinités électives entre les artistes, leurs oeuvres et les publics et de s’inscrire durablement dans la cité.

Institution alternative, le CENTQUATRE-PARIS croit au potentiel créatif de chacun et rassemble les artistes, les individus, les spectateurs, les associations, les institutions et les entreprises partenaires autour d’un projet fédérateur.

Au coeur du quartier Flandre, situé à la frontière symbolique de la capitale et de ses banlieues limitrophes, sur un territoire riche de populations variées, le CENTQUATRE-PARIS constitue un espace artistique de service public.

Il établit des relations directes avec les habitants, dans un rapport de proximité, notamment par le biais du Cinq (destiné aux pratiques amateurs), la Maison des Petits (consacrée aux rapports enfants - parents) mais également grâce à ses commerces et « Open Places », résolument ouverts vers l’extérieur.

Pour renforcer ce lien, il tisse de nombreux partenariats avec des associations, établissements scolaires, acteurs sociaux ou groupes d’individus environnants.

Ouvert à la recherche et à l’innovation, le CENTQUATRE-PARIS soutient l’émergence d’idées originales, l’expérimentation et la diffusion de projets innovants.

L’établissement favorise des rencontres, échanges et coopérations entre artistes, chercheurs et entrepreneurs, dans le cadre de son incubateur qui héberge et soutient le développement de start-up et à l’occasion d’événements et de programmation artistique dans le champ des arts numériques.

  • Le CENTQUATRE-PARIS 5 rue Curial 75019 Paris France
  • web

Olivier Dubois

Olivier Dubois, né en 1972 à Colmar, est un chorégraphe français de danse contemporaine.

Après des études en langues étrangères à l'Institut national des langues et civilisations orientales puis en droit et en économie, il décide à 23 ans de devenir danseur. En 1999, il crée son premier solo Under cover. Il interprète les années suivantes des pièces créées par des chorégraphes et metteurs en scène tels que Sasha Waltz, Angelin Preljocaj, le Cirque du Soleil... De 2003 à 2007, il collabore avec Jan Fabre, dont il dira « C'est mon maître. Il a libéré l'artiste en moi, m'a aidé à grandir, à prendre une ampleur qui est la mienne ». En 2006, la SACD et le Festival d'Avignon lui proposent de créer une pièce dans le cadre de Sujets à vif2. En 2007, il fonde sa compagnie, COD, et travaille ponctuellement avec Karima Mansour qui est à la tête du Centre chorégraphique de danse contemporaine du Caire, ville dans laquelle il séjourne régulièrement depuis les années 1990.

Depuis le 1er janvier 2014, il dirige le Centre chorégraphique national Roubaix - Nord-Pas-de-Calais 4 succédant à Carolyn Carlson.

  • Chorégraphe

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