Michel-Richard Delalande / Leçons de Ténèbres

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Michel-Richard Delalande: Leçons de Ténèbres
Sophie Karthäuser, soprano
Ensemble Correspondances
Sébastien Daucé, direction

C'est en spécialiste des voix féminines que Delalande a composé ces leçons, qui constituaient un véritable événement durant la semaine sainte.

Célèbre pour ses Symphonies pour les soupers du Roy — trois toques au catalogue de Philidor, le Michelin de la musique versaillaise à l'époque baroque —, le compositeur Michel Richard ­Delalande n'en prisait pas moins les nourritures spirituelles. Si, de 1683 jusqu'à la fin du règne de Louis XIV, il a fait du motet à la française le plat de résistance des services religieux officiels, il a destiné des recettes plus rares et plus frugales à des couvents parisiens huppés, notamment celui des Dames de l'Assomption, près des Tuileries. Pour ces religieuses augustines, il a mitonné trois services de leçons de Ténèbres, propres à sustenter les âmes pieuses en période de carême, juste avant Pâques. Commencées en fin de journée les mercredi, jeudi et vendredi de la semaine sainte, ces « lectures » ­nocturnes des Lamentations du prophète Jérémie constituaient un événement musical et mondain, dans une mise en scène très dramatisée. Dans l'obscurité de la chapelle, quinze cierges (symbolisant les douze apôtres et les trois Marie) s'éteignaient un à un, au fil des versets chantés. De Marc ­Antoine Charpentier à François ­Couperin, sans oublier Michel ­Lambert, l'initiateur du genre, tout grand musicien religieux s'y est essayé. Le cachet propre à celles de Delalande ? Marié à une chanteuse de renom, Anne-Renée Rebel, père de deux sopranos également réputées, Marie-Anne et Jeanne, Delalande senior a déroulé ses arabesques vocales en fin connaisseur des ressources de la voix féminine, notamment dans les chapelets de vocalises qui introduisent chaque « leçon », sur les lettres de l'alphabet hébraïque.

Pour s'acquitter de ces ornements richement festonnés, Sébastien Daucé a eu raison de s'adresser à Sophie ­Karthäuser, soliste familière des grands rôles mozartiens (Ilia, Suzanne, ­Pamina) comme des mélodies intimistes de Poulenc ou de Debussy. A la fois brillante et réservée, Sophie ­Karthäuser apporte toute la « grâce », toute la « légèreté » qu'exige Delalande pour ces passages d'une virtuosité périlleuse. Cette piété radieuse et grave s'accorde aux couleurs opulentes du modeste accompagnement réuni par l'ensemble Correspondances — un orgue régale (aux registres diaprés), deux basses de viole (aux vibrations ardentes), un luth et un théorbe (aux résonances vaporeuses). Petit couvert, mais grande cuisine.

Chapelle Corneille Rouen

Les origines de la chapelle du lycée Corneille, aujourd’hui propriété de la Région Normandie, sont liées à l’histoire des jésuites et leur implantation à Rouen. Fondé par Ignace de Loyola et approuvé par le pape Paul iii en 1540, l’ordre des jésuites, voué au départ à des activités missionnaires, se spécialise dans l’enseignement et la formation de la jeunesse après le succès rencontré par son premier collège, ouvert à Messine (Sicile) en 1548.

Lorsque, 20 ans auparavant, Ignace de Loyola avait séjourné à Rouen pour y être soigné à l’Hôtel Dieu de la Madeleine, la ville était alors hérissée de nombreux clochers. La spiritualité qui modèle l’espace urbain connaît au xvie siècle une double révolution : la Réforme protestante suivie de la Contre-Réforme catholique dont les principales lignes directrices sont fixées par le Concile de Trente (1545-1563). Dans ce contexte troublé, les jésuites, un des principaux ordres au service de la reconquête catholique, ne réussissent à s’installer qu’après de nombreuses tentatives avortées. Le soutien inconditionnel du cardinal archevêque de Bourbon s’avère décisif. En 1583, il leur donne son manoir du grand Maulévrier dans lequel est aménagée une chapelle provisoire pour le collège qui fonctionnera de 1593 à 1594. L’établissement restera ensuite fermé pendant dix ans.

Dès sa réouverture, le collège jésuite accueillera un nombre élevé et croissant d’élèves (de 1600 à 1800), ce qui impose la construction d’une chapelle plus vaste et indépendante. Le projet doit composer avec les contraintes du lieu (la parcelle est étroite et le sol meuble) et le fonctionnement propre à la compagnie de Jésus. La doctrine oblige en effet à concevoir des édifices sains et solides, suffisamment vastes pour l’accueil de tous les fidèles, mais sans luxe inutile ou trop coûteux.

Construction et vicissitudes

Marie de Médicis pose la première pierre de l’église en 1615. Le plan centré envisagé à l’origine est abandonné vers 1620 au profit d’un plan en croix latine. De 1625 à 1629, le père Derand, lorrain formé au noviciat de Rouen, assure seul la supervision du chantier de l’église. Elle est ouverte pour la première fois au culte en 1631 alors qu’elle demeure inachevée.

En 1704, la chapelle est consacrée sous le vocable de Saint Louis. En 1762, les jésuites sont expulsés du Royaume et le Parlement de Normandie confie le collège à des pères séculiers. chapelle est alors dépouillée d’une grande partie de ses ornements. À la Révolution, elle devient magasin de fourrage puis accueille le premier musée des Beaux-Arts de la ville. Son destin a failli être scellé au xixe siècle : en 1895, il est envisagé de la détruire afin d’agrandir le lycée. Un mouvement d’opinion, porté notamment par la Société des antiquaires de Normandie et la Société française d’archéologie, s’oppose avec force à ce projet. La chapelle sera finalement classée au titre des monuments historiques en 1910.

 

  • 30 Rue Bourg l'Abbé, 76000 Rouen, France
  • web

Sophie Karthäuser

Sophie Karthäuser est une soprano belge née à Malmedy en 1974.

Son parcours musical débute dans son village de Bellevaux-Ligneuville, où elle joue de la clarinette dans l'harmonie locale et où elle est membre de la chorale de l'église. C'est seulement à 16 ans qu'elle découvre sa véritable vocation et prend des cours de chant à l'académie régionale. En 1992, elle entre au Conservatoire royal de Liège. Lauréate de la Fondation belge de la vocation en 1997, elle poursuit sa formation à la Guildhall School of Music and Drama de Londres avec Noëlle Barker. Elle participe à quelques Master class et prend des cours privés, notamment avec Dame Elisabeth Schwarzkopf (célèbre soprano allemande anoblie par la reine Elisabeth II d'Angleterre).

Sophie Karthäuser fait ses débuts à la scène dans le rôle de Papagena dans La Flûte enchantée à l'Opéra de Francfort. Elle est, très tôt, remarquée par trois institutions importantes de Belgique: le Festival de Stavelot, l'Orchestre Philharmonique de Liège et le Théâtre Royal de La Monnaie. Si Stavelot l'invite quasiment chaque année entre 1997 et 2005, l'Orchestre Philharmonique de Liège lui permet de chanter, entre autres, la partie de soprano solo dans la Messe en ut mineur de Mozart aux côtés de Louis Langrée, Les Illuminations de Britten avec Armin Jordan et le cycle de mélodies avec orchestre intitulé Les Nuits d'été de Berlioz avec Stéphane Denève. Elle intègre l'opéra studio de La Monnaie où elle chante le rôle de Despina dans l'opéra Così fan tutte de Mozart, puis se voit confier des rôles plus importants tels qu'Euridice et La Ninfa dans L'Orfeo de Monteverdi, Eritea dans Eliogabalo (Héliogabale) de Cavalli, Hanako dans Hanjo de Toshio Hosokawa et Zerlina dans Don Giovanni de Mozart.

En 2005, elle chante sa première Pamina dans Die Zauberflöte (La Flûte enchantée, de Mozart) au théâtre de La Monnaie, sous la direction de René Jacobs. La journaliste Marie-Aude Roux, dans Le Monde dira d'elle qu'elle fut « la reine de la soirée ». On la retrouve ensuite dans d'autres opéras de Mozart. Elle chante sa première Susanna dans Le nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) en mai 2007 à l'Opéra de Lyon, sous la direction de William Christie et aborde sa première Ilia dans Idomeneo (Idoménée) à l'Opéra national du Rhin. L'écrivain et critique André Tubeuf écrira, dans la revue Classica qu'« une grande chanteuse éclot sous nos yeux ». Au Théâtre des Champs-Élysées elle chante Tamiri dans Il re pastore (Le roi pasteur) et à Berlin elle est Serpetta dans La finta giardiniera (La fausse jardinière).

Depuis, Les performances de Sophie Karthäuser se multiplient. En 2014/2015, nous la retrouvons en concert avec l'Orchestre Philarmonique de Vienne dans Lazarus, de Schubert.



 

 

 

 

 

Ensemble Correspondances

L’ensemble Correspondances réunit chanteurs et instrumentistes sous la direction du claveciniste et organiste Sébastien Daucé. Trouvant son nom dans la poésie baudelairienne, Correspondances tisse des liens entre la musique et les autres arts.

Depuis leur premier concert en 2009, l’ensemble lyonnais redécouvre des compositeurs à la renommée déjà confirmée tel Marc-Antoine Charpentier et revivifie l’image de musiciens peu connus aujourd’hui mais joués et plébiscités en leur temps, tels qu’Antoine Boësset ou Etienne Moulinié, dont les sonorités modernes nous touchent directement aujourd’hui.

Dès sa création, l’ensemble Correspondances se spécialise dans l’interprétation du répertoire français sacré du XVIIe siècle, comme en témoignent ses cinq premiers disques : « O Maria ! »  (Charpentier, Zig Zag Territoires 2010) cumule les récompenses de la presse spécialisée : Choc de Classica et Diapason découverte, Coup de cœur de l’Académie Charles Cros, **** de Fonoforum. Le deuxième opus de l’ensemble constitue la toute première anthologie sacrée d’Antoine Boësset (« L’Archange et le Lys », Zig-Zag Territoires, 2011). Fort de l’accueil enthousiaste réservé à cet album, le troisième enregistrement de Correspondances paraît en octobre 2013 chez Harmonia Mundi et renoue avec Charpentier : il est salué par un Diapason d’or, un ffff de Telerama, et un Choc de l’année de Classica, **** de fonoforum, IRR Outstanding, et la presse française (Libération, La Croix, L’Express) y voit « l’une des merveilles automnales ». Le quatrième album redécouvre l’œuvre d’Etienne Moulinié (Choc de Classica, 5 diapasons, Editor’s Choice Gramophone, Grand prix Académie Charles Cros). En mars 2015, Correspondances sort avec Sophie Karthäuser les « Leçons de Ténèbres » de Delalande (ffff de Télérama, Choc de Classica, Diapason d’Or). A l’automne 2015, le «Concert royal de la nuit » paraîtra chez Harmonia Mundi. Fruit d’un travail de recherche de Sébastien Daucé de trois années pour redécouvrir ce moment musical majeur du 17ème siècle, ce sixième disque ouvre le répertoire de l’ensemble au registre profane, français et italien.

L’ensemble Correspondances se produit au niveau national comme international : Il est l’invité des festivals de Saintes, de Sablé, d’Ambronay, de Lanvellec, de Pontoise, OudeMuziek Utrecht, Sinfonia en Périgord, et Musique et Mémoire, où il a été résident. L’ensemble donne également des concerts pour la radio française (Radio France), suisse (Radio Suisse Romande) et allemande (Bayerischer Rundfunk, NDR). Ses concerts le conduisent ponctuellement en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, et en Suisse ; ainsi qu’au Japon et en Colombie pour des tournées. Correspondances a été en résidence pour 3 années (2011-2013) au festival Musique & Mémoire, avec le soutien de la DRAC Franche-Comté.

Il est associé au Centre culturel de rencontre d’Ambronay pour la période 2015-2017. Il est également en résidence au Théâtre de Caen à partir de 2016.

2015 sera l’occasion pour l’ensemble de se produire entre autres à l’Opéra Royal de Versailles, à l’Auditorium du Louvre, au Wigmore Hall, aux festivals d’Ambronay auquel il est associé, de Saintes, de la Chaise-Dieu, du MA Festival de Bruges, d’Oude Muziek en Belgique et aux Pays-Bas.

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