
J’ai choisi comme titre à ma pièce Hydre parce que pour moi le Monastère de Brou est un monument démesuré qui nous surpasse et nous subjugue comme une sorte de monstre. Mon idée c’est d’essayer de le dompter, de l’investir par la danse, par l’humain et par la musique. (Yuval Pick)
Avec cette création 2016, le chorégraphe Yuval Pick répond à une commande du Centre des Monuments Nationaux. Dans “Hydre”, il invite à la découverte en trois étapes du Monastère Royal de Brou. Tout commence par l'accueil du public par trois danseurs. Ces derniers mènent à la seconde étape dans l’église du monastère. Là, un duo, composé de deux danseuses, déploie ses mouvements accompagné d’une sonorisation pensée pour le site. Enfin, en guise de clôture, le public est invité à se rendre au sein du cloître du monastère pour assister à la chorégraphie finale de cinq danseurs.
Danseurs: Julie Charbonnier, Madoka Kobayashi, Jérémy Martinez, Adrien Martins, Alexander Standard

Monastère royal de Brou
Le monastère royal de Brou est un complexe religieux situé à Bourg-en-Bresse dans l'Ain, une des capitales de l'ancien duché de Savoie.
Le monastère royal de Brou est un chef-d'œuvre de l'art gothique flamboyant flamand du début du XVIe siècle. Il se compose d'un ensemble de bâtiments monastiques construits entre 1506 et 1512, et de la somptueuse église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou, édifiée de 1513 à 1532 par Louis van Bodeghem.
Cet ensemble architectural rare a été bâti à grands frais par la très puissante Marguerite d'Autriche duchesse de Savoie, gouvernante des Pays-Bas bourguignons, marraine et tante de Charles Quint. Elle fit édifier l'ensemble en mémoire de son époux Philibert le Beau et pour respecter le vœu fait par sa belle-mère Marguerite de Bourbon.
Le site, plat dans la cuvette de Bourg-en-Bresse, accueille depuis deux millénaires des tombes antiques, paléochrétiennes ou burgondes, dont des sarcophages exposés dans l'église.
Vers 927, Saint Gérard, alors évêque de Mâcon (886-926), se retire sur le site et y fonde avec quelques compagnons un ermitage dans lequel il meurt et est enterré en 9583. Les disciples qui étaient venus se grouper autour de lui, suivirent ses traditions, sous la direction d'un prieur.
Le prieuré de Brou dépendait aussi de l'abbaye d'Ambronay. Les limites de sa dîmerie furent réglées, en 10843, par ordre de Hugues, archevêque de Lyon et une église sous le patronage de Saint-Pierre est construite sur sa tombe.
Dépeuplé, dans les premières années du XIVe siècle, à la suite d'on ne sait quel accident, il fut remis, en 1319, par Jean de Clermont, au comte Amédée V de Savoie, à la condition d'y entretenir un religieux pour le desservir. En 1506, Marguerite d'Autriche, veuve prématurément de Philibert II le Beau, duc de Savoie, tant pour accomplir un vœu de Marguerite de Bourbon, sa belle-mère, que pour laisser à la postérité un témoignage de son immense douleur, acheta le prieuré de Brou et obtint du pape l'autorisation de fonder, sur son emplacement, une église dédiée à saint Nicolas de Tolentin, et un monastère propre à recevoir 12 religieux augustins. Le 27 août de la même année3, elle pose la première pierre de l'église, qui fut consacrée, le 22 mars 1532, par Jean Joly de Fleury, évêque d'Ebron in partibus.
Le plus ancien prieur connu est : Saint Gérard, le fondateur (927-958). On relève ensuite : J. Gilli (1084) ; Clément, religieux d'Ambronay (1168) ; F. Jean de Saint-Alban (1289) ; Étienne de Rignieu (1298) ; Jean de Clermont, religieux d'Ambronay (1319 et 1324) ; F. Guillaume Cadot (1359) ; F. Pierre de Mugnet (1367) ; le cardinal de la Tour avec pour administrateur F. Mattin de Chambut, religieux de Cluny, prieur de Ratenelle et doyen de Noblens (Villereversure) (1371) ; F. Jean de Loges (1384) ; Pierre cardinal de Thurey (1394) ; F. Philibert de Chilley, religieux de Saint-Oyen (1415-1435) ; F. Anthoine Fornier (1447) ; Bertrand de Loras, prieur de Saint-Sorlin (1455-1491) ; Bernardin Oudin (1492) et pour dernier prieur Jean de Loriol, chanoine des Églises de Genève et de Vienne, protonotaire apostolique, abbé de Saint-Pons, prieur commendataire de Brou et évêque de Nice (1505). C'est ce dernier qui fut l'auteur de l'union survenu en 1505 avec l'église Notre-Dame de Brou, par bulle du pape Jules II.
Construction
La construction débute en 15064. Retournée en Belgique pour assurer la Régence dans l'attente de la majorité de son neveu Charles Quint, Marguerite d'Autriche choisit elle-même les chefs de chantiers, les peintres, les sculpteurs, (l'architecte Louis van Bodeghem, le sculpteur Conrad Meit, le peintre Jehan Perréal), fait appel à des artistes d'Europe du Nord, se fait envoyer à Malines des échantillons et des maquettes. Sa volonté explique qu'au début du XVIe siècle, aux portes de l'Italie renaissante, se dresse un monument gothique de cette importance.
Le monastère, confié aux Augustins, possède trois cloîtres, dont la situation n'a pas évolué. Marguerite d'Autriche avait prévu d'y achever son veuvage, mais meurt trop tôt. La construction s'achève en 1532, deux ans après sa mort, et elle y est enterrée auprès de son époux et de sa belle-mère.
Les Augustins de la congrégation de Lombardie restèrent les gardiens des tombes de Marguerite de Bourbon, de Philibert-le-Beau et de Marguerite d'Autriche, jusqu'au 4 mars 1658, et furent remplacés par les Augustins de la congrégation de France. La Révolution chassa ces derniers. Durant celle-ci, à l'automne et l'hiver 1793-94, le cloître abrite le 1er Régiment de Hussards et est ainsi sauvé des démolitions. Le 31 janvier 1794, la municipalité de Bourg fait enfermer les prêtres abdicateurs à Brou.
Yuval Pick

Yuval Pick a imposé en quelques années une écriture chorégraphique unique, libérée de toutes les influences qui ont jalonné son parcours d’artiste. De création en création, il approfondit sans cesse son approche du rapport du mouvement à la musique. Il construit des dialogues inédits, entremêle les éléments rythmiques, recompose les espaces. Dans son approche, aucune matière n’asservit l’autre, pas plus qu’elle ne l’ignore.
Son écriture du mouvement met en oeuvre des actions qui transfigurent les interprètes et l’espace pour édifier une dimension nouvelle qui dépasse les individualités.
« J'ai la certitude que les œuvres d'importance ne peuvent naître que d'une complicité forte entre celui qui conçoit et ceux qui ont charge de donner corps à la danse. Cet art de l'instant et de l'incarnation est intimement lié à ses mediums sensibles, les interprètes. Par conséquent, la notion d'auteur chorégraphique et celle d'interprète constituent deux parties d'un tout et, même si cela semble évident, il m'est important de le préciser comme premier fondement de mon approche de la danse.
Ma recherche est guidée par l’idée que chaque être recèle une connaissance innée que la danse a le pouvoir de dévoiler. Ma tâche de chorégraphe consiste dans la mise en œuvre et dans l’orchestration de ce dévoilement.
Je suis fasciné par la capacité du groupe à transformer l’espace par l’addition organique des identités. Je travaille à faire interagir les corps, avec l’idée que chacun d’entre eux interroge le monde et sa propre essence, en se combinant aux autres. Il y a une réponse fondamentale sur soi à quêter dans la confrontation à l’altérité et c’est cette approche existentielle qui meut ma danse. » Yuval Pick
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