Serguei Prokofiev: Alexandre Nevski, cantate op.78
Serguei Prokofiev: Ivan le Terrible op.116
Olga Borodina, mezzo-soprano
Yulia Matochkina, mezzo-soprano
Mikhail Petrenko, basse
Alexei Petrenko, récitant
Chœur et orchestre du Mariinsky
Andrei Petrenko, chef des chœurs
Valery Gergiev, direction
La cantate Alexander Nevsky a été composée sur la base de la musique pour le film éponyme de Sergei Eisenstein publié en 1938. Le succès exceptionnel qui a accompagné le film, comparable à celui de Chapaev, a permis à Prokofiev de créer une œuvre indépendante de la musique de film et passer à la salle de concert, en ne changeant presque rien en dehors de détails de l'orchestration.
La nature "image" et "visible" des images est l'une des caractéristiques typiques de la musique de Prokofiev en général et de ce travail en particulier. C'est comme si le public «voit» ce qui se passe sur scène, même si derrière les impressions musicales il n'y a aucun sens de regarder un film cinématographique. Dans la structure de la cantate elle-même on peut détecter les caractéristiques d'un poème symphonique dans lequel le premier mouvement est un prologue et le deuxième et le troisième sont une exposition qui incarne deux forces opposées: celle des héros russes (représentés par Alexandre) et celle de L'Ordre des Chevaliers Livonian. Les quatrième et cinquième mouvements forment une section dans laquelle le cinquième mouvement - la scène de bataille sur le lac Chudskoe - est le sommet et la partie centrale de la cantate dans son ensemble. Le sixième mouvement est un épisode de lamentation pour les guerriers déchus, la seule section en solo (pour mezzo-soprano) de l’ouvrage. Et enfin, il y a le septième mouvement - le finale, la célébration et le triomphe des guerriers russes victorieux.
Ivan the Terrible est le deuxième projet commun entre Sergei Prokofiev et Sergei Eisenstein. Après le succès triomphant d'Alexander Nevsky Eisenstein a conçu un nouveau film encore plus intense grâce à la musique de son collaborateur de génie. "Mon camarade compositeur peut avoir une liberté énorme dans toutes les directions", a-t-il immédiatement informé Prokofiev. Les travaux ont progressé pendant la guerre. Les paroles, comme Alexandre Nevsky, ont été écrites par le poète Vladimir Lugovskoi (le texte du travail a été écrit par Eisenstein lui-même).
La partition est grandiose. En 1997, Marina Rakhmanova et Irina Medvedeva ont publié le manuscrit de la musique pour Ivan the Terrible: près de quarante épisodes et douze cantiques orthodoxes sont incorporés dans le film. Mais Prokofiev n'a pas transformé cette partition en un oratorio, une cantate ou une suite de concerts.
En 1958, Abram Stasevich - un violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur de musiques de film - produit un oratorio en utilisant les matériaux de Prokofiev. Il améliore la forme en associant certains épisodes et en développant d'autres, tout en modifiant considérablement l'orchestration, car l'original du compositeur était en grande partie destiné à produire des effets de mélange (Prokofiev a compilé des instructions incroyablement détaillées du technicien du son). Depuis lors, d'autres "versions de concert » d'Ivan the Terrible sont apparues, mais c'est la version de Stasevich, réalisée pour la première fois en 1961 et imprimée en 1962, qui reste la plus jouée.
Théâtre Mariinsky
Le théâtre Mariinsky, aussi appelé théâtre Marie (en russe : Мариинский театр, de 1935 à 1992 appelé le Kirov), est une salle de spectacle de Saint-Pétersbourg en Russie, ainsi qu'une compagnie d’opéra, de ballet et de concerts.
Le théâtre a été construit comme l'un des théâtres de la troupe impériale. La troupe impériale de Saint-Pétersbourg a utilisé plusieurs théâtres : le théâtre de l'Ermitage (à partir de 1785), le théâtre impérial au Palais de Gatchina (depuis Paul Ier, à la fin du XVIIIe siècle, le théâtre Bolchoï Kamenny (1784-1886), le théâtre Alexandra (à partir de 1832, ensuite le théâtre est devenu dramatique), le théâtre Michel (à partir de 1833), le Théâtre-cirque (à partir de 1849).
Les mêmes acteurs ont travaillé sur toutes les scènes de ces théâtres, mais les orchestres étaient attachés à chaque théâtre.
Le Théâtre-cirque a brûlé en 1859, et à sa place on a construit un nouveau théâtre qui a reçu le nom de Mariinsky.
Le théâtre Mariinsky a été construit en 1860 par Alberto Cavos dans un style « Renaissance baroque » et nommé en hommage à Marie Alexandrovna, femme de l'empereur Alexandre II. Le théâtre fut ouvert au public le 2 octobre 1860 pour une représentation de l'opéra de Mikhaïl Glinka, Une vie pour le tsar.
Bientôt, il a été décidé de donner au théâtre de l'opéra, et un peu plus tard, à partir de Marius Petipa en 1870, de le consacrer aussi à des ballets. Le théâtre Mariinsky est devenu le théâtre d'opéra et de ballet. C'est là qu'eurent lieu les premières de nombreux opéras russes : Tchaïkovski, Rubinstein, Moussorgski, Borodine, Rimski-Korsakov, etc. C'est là que chantaient Fédor Chaliapine ou Sobinov3.
La salle a été construite sur la base d'une salle de spectacle existante qui abritait un cirque. Les architectes ont transformé la piste en parterre, modifié en profondeur les gradins et loges existantes, et supprimé une partie de ceux-ci pour construire une scène. De ce fait, la salle a une forme très originale, particulièrement large, qui conserve toutefois l'allure générale d'une salle à l'italienne en « U ». De fait, aucune scène au monde n'avait une telle largeur au moment où le Mariinsky a été construit[réf. souhaitée].
Petite cause, grands effets : très vite, les chorégraphes se sont rendu compte que cette largeur rendait caducs les formats d'occupation de scène qu'ils utilisaient jusqu'alors. Les chorégraphies traditionnelles semblaient vite ridicules au milieu de cette scène immense. Il a donc fallu inventer une nouvelle façon de penser l'occupation de la scène, ce qui provoqua une mutation profonde dans les chorégraphies.
Heures de gloire
Si le Mariinsky a toujours été constitué d'un doublet « lyrique plus danse », c'est surtout par son corps de ballet que le Mariinsky construisit sa réputation[réf. nécessaire], notamment sous l'impulsion de Marius Petipa, qui y créa plusieurs dizaines de chorégraphies, dont beaucoup sont encore dansées aujourd'hui.
La fin du XIXe siècle marque l'âge d'or de la compagnie, qui « invente » le ballet « à la russe », caractérisé par le spectaculaire et la durée des ballets, souvent supérieure à deux heures. Le Mariinsky est alors la référence mondiale de la danse[réf. souhaitée].
Toutefois, le corps de ballet reste une référence mondiale. Ainsi, l'orientation très moderniste prise par Michel Fokine, directeur du théâtre au début du XXe siècle, donnera naissance aux fameux Ballets russes, qui ne sont rien d'autre que le nom pris par la troupe du Mariinsky lors de ses premières tournées.
Ces tournées, organisées par Serge Diaghilev, présentent au monde entier les grands talents du Mariinsky de l'époque, et notamment Vaslav Nijinsky. Le triomphe des Ballets russes donne des idées d'indépendance aux vedettes de la troupe, qui quittent le corps de ballet officiel, tel Nijinsky qui rejoint à temps plein le projet de Diaghilev avant de fonder sa propre compagnie privée à Londres.
Quelques années plus tard, la Révolution russe provoque le déclin du Mariinsky, qui ne retrouva jamais son prestige, malgré la qualité jamais démentie de son école de danse.
Après la révolution de 1917, le théâtre a cessé d'être impérial et a acquis le statut d'auto-organisation. En 1920 il est rénommé en Théâtre d’État de l’opéra et ballet (en russe ГАТОБ ― GATOB) et en 1935, peu de temps après l’assassinat de Sergueï Kirov, chef communiste de Léningrad, son nom est attribué au théâtre. Le nom originel est restauré en 1992.
Les opéras des compositeurs étrangers ont été représentés plus souvent au Mariinsky que dans les autres théâtres musicaux du pays. En particulier, les années 1920 ont vu les premières sovietiques de Salomé (1924), Der ferne Klang (1925), Wozzeck (1927) et Rosenkavalier (1928). Vers le début des années 1930 le Mariinsky est à l’ombre du Théâtre Bolchoï, qui devient maintenant le théâtre de la cour protégé par les chefs communistes du pays. Les deux chef talentueux, Ari Pazovski et puis Boris Khaïkine sont déménagés à Moscou et y travaillent au Bolchoï.
Ainsi, tout au long du XXe siècle, le Mariinsky perd de son aura et a du mal à retenir les élèves qu'il forme, tels Rudolf Noureev, Natalia Makarova ou Mikhaïl Barychnikov. Certains choisissent de « trahir » pour rejoindre le Théâtre Bolchoï de Moscou (le rival historique, plus apprécié des autorités communistes que le Kirov du Léningrad d'alors). D'autres émigrent et quittent l'URSS pour vivre en Occident.
Le nouvel essor du Mariinsky commence à la fin des années 1980. En 1988 Valeri Guerguiev en devient chef principal, c’est à lui qu’on doit les festivals d’opéra consacrés à Modeste Moussorgski (1989), Piotr Tchaïkovski (1990), Sergueï Prokofiev (1991) et Nikolaï Rimski-
Depuis la fin du régime communiste, le Mariinsky cherche à se moderniser à grande vitesse pour conserver son rang et empêcher la fuite de ses vedettes, attirées par les salaires et les conditions de travail que leur proposent les grandes troupes occidentales.
Le changement est en route, et le directeur actuel du Théâtre, Valery Gergiev, chef d'orchestre mondialement connu, se bat pour rétablir le Mariinsky parmi les meilleures scènes du monde.
De fait, la renaissance du Mariinsky se fait essentiellement aujourd'hui par le lyrique grâce à la personnalité de Valery Gerguev. Il est notamment à l'origine du festival des Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, qui devient d'année en année un événement de plus en plus remarqué dans le monde artistique et qui rencontre un très grand succès auprès du public international.
Sur le plan architectural, les projets du Mariinsky sont immenses et à la hauteur des ambitions artistiques : construction de deux salles neuves supplémentaires, dont une dédiée aux concerts. Ces projets ont été confiés à deux cabinets d'architectes français (Fabre & Speller, Dominique Perrault), à la suite de concours internationaux.
Du point de vue de la danse, on assiste également à l'émergence d'une nouvelle génération de ballerines, telles Evguenia Obraztsova, Viktoria Terechkina et Alina Somova, dans la droite ligne des étoiles de la compagnie : Ouliana Lopatkina, Diana Vichneva. Le rayonnement de la danse russe retrouve ainsi une ampleur internationale, les danseurs de la compagnie - comme les chorégraphes - étant invités aux quatre coins du monde notamment France, Italie, États-Unis et Japon).
Valery Gergiev
Valery Gergiev est un des chefs d’orchestre les plus charismatiques de notre époque. Initié à la musique par le piano, il étudie la direction d’orchestre au Conservatoire de Léningrad (Saint-Pétersbourg) dans la classe du célèbre pédagogue Ilya Musin. Après un début sur la scène de l’Opéra Kirov (aujourd’hui le Théâtre Mariinsky), il y est nommé chef assistant de Yuri Temirkanov, et peu après il débute une carrière internationale qui prend rapidement son envol et le mène sur les scènes les plus prestigieuses, de Londres à New York, en passant par Vienne et Paris.
Depuis 1988, alors âgé de seulement 35 ans, il est à la tête du Théâtre Mariinsky, dont il a considérablement élargi et modernisé le répertoire : les classiques du répertoire lyrique (Mozart, Verdi, Puccini, Richard Strauss, Britten) côtoient les créations et les grandes pages du répertoire russe (Moussorgski, Tchaïkovski, Chostakovich, Prokofiev), sans oublier les compositeurs incontournables du XXe siècle (Messiaen, Dutilleux, Gubaidulina ou Giya Kancheli).
Valery Gergiev continue à diriger plus de 200 concerts par an, ainsi que des festivals en Russie et ailleurs (Stars des Nuits blanches de Saint-Pétersbourg), participe aux jurys de différents concours et s’engage auprès des jeunes interprètes et compositeurs. Très exposé médiatiquement, il a été nommé Artiste de l’UNESCO pour la paix, a pris position dans des conflits politiques (le conflit entre la Russie et l’Ossétie du Sud), mais s’est également impliqué dans différents projets à vocation sociale liés à la musique (Building on Excellence: Orchestras for the 21st century au Royaume-Uni). Il a reçu de nombreuses récompenses pour l’ensemble de sa carrière.
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