Franco Fagioli chante Porpora et Haendel

Festival d'Ambronay ClassicAll 22

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Franco Fagioli: contre-ténor
Academia Montis Regalis
Alessandro De Marchi, direction

1. Antonio Vivaldi: Concerto in A major RV 158
Allegro molto – Andante molto - Allegro
 
2. Nicola Antonio Porpora: Se tu la reggi al volo
Aria from EZIO
 
3. Nicola Antonio Porpora: Vorrei spiegar l’affanno
Aria from SEMIRAMIDE
 
4. Antonio Vivaldi: Concerto in F major RV 455 per oboe, archi e continuo
Senza indicazione di tempo – Grave – Allegro
 
5. Nicola Antonio Porpora: Torbido intorno al core
Aria from MERIDE E SELIUNTE
 
6. Nicola Antonio Porpora: Già si desta la tempesta 06'30 min.
Aria from DIDONE ABBANDONATA
 
7. Georg Friedrich Handel: Piu che penso alle fiamme del core
Aria from Serse
 
8. Georg Friedrich Handel: Se bramate d’amar
Aria from Serse
 
9. Antonio Vivaldi: Concerto in G major RV 149
Allegro molto – Andante – Allegro
 
10. Georg Friedrich Handel: Scherza infida
Aria from Ariodante
 
11. Antonio Vivaldi: Concerto in C minor RV 401 per violoncello, archi e continuo
Allegro non molto – Andagio – Allegro ma non molto
 
12. Georg Friedrich Handel: Dopo notte
Aria from Ariodante

La tessiture de contre-ténor possède quelque chose de surnaturel qui continue de captiver le public des centaines d’années après l’âge d’or des castrats. Parmi les splendeurs que propose la 35ème édition du Festival d’Ambronay, on trouve un concert à la parure plus ostensiblement chatoyante, ce qui lui confère un attrait particulier : le récital du contre-ténor argentin Franco Fagioli, l’un des chanteurs-phares de la nouvelle génération baroqueuse. Dimanche 14 septembre à 17h, il prêtait sa voix spectaculaire à plusieurs grands airs de Porpora et Haendel. L’Academia Montis Regalis dirigée par Alessandro de Marchi lui offrait un accompagnement digne de sa virtuosité. Plus de deux heures et demie de haute voltige, ne nuisant pourtant jamais à l’éclosion de l’émotion musicale. Un pur joyau.

Le découpage est simple et efficace : une première partie consacrée à Porpora, la seconde à Haendel – le tout entrecoupé d’intermèdes orchestraux faisant place à du Vivaldi. Dès le premier morceau, celui qui précède l’entrée tant attendue de Franco Fagioli, la qualité de l’ensemble mené par Alessandro de Marchi depuis le clavecin s’impose avec évidence : le concerto de Vivaldi « Alla rustica » (RV151) permet d’instaurer une texture sonore qui servira d’écrin à la prestation du contre-ténor, un tissu instrumental au son plein, à la dynamique leste et joyeuse, un rendu très musical, fluide, facile, rieur. Le chanteur se glisse sur scène après cette stimulante introduction. Des quatre airs de Porpora interprétés, extraits de ses différents opéras, aucun n’est mieux réussi que les autres, non ; chacun est réalisé avec une aisance parfaite, à la limite de la provocation. L’aisance de Franco Fagioli est vocale, certes : il parvient à modeler sa voix exactement comme il le désire en contrôlant son corps, en effectuant les bons réglages sur sa cage thoracique, son larynx, ses lèvres. Mais ce n’est pas seulement sa technique impeccable qui lui permet de faire jaillir une voix aussi pure et aussi captivante. La présence extrêmement charismatique de Fagioli face à son public contribue à imposer son style et à sublimer son chant : outre ses mimiques buccales qui l’aident à infléchir son timbre et à sculpter les vocalises, il se fait l’incarnation des personnages fantasques dont les airs dépeignent les sentiments. Il n’a pas peur du ridicule, ni d’en faire trop, et c’est justement son expressivité très prononcée qui témoigne de son plaisir de chanter et de son attachement à l’art du théâtre, étroitement lié à cette musique. Sa grande force est de savoir allier amusement dramatique et rigueur interprétative ; pas une fois la ligne mélodique ne dévie de sa courbe soignée, légère et ébouriffante.

Trois solistes de l’Academia Montis Regalis volent successivement la vedette à Franco Fagioli, le temps de concertos eux aussi magnifiquement restitués : les concertos pour hautbois (RV455), flautino (RV443), puis violoncelle (RV401). La virtuosité des instrumentistes semble faire écho à l’habileté vocale du contre-ténor, comme si l’émulation entre les musiciens rendait possible l’accession au niveau d’excellence le plus élevé.

Les quatre airs de Haendel chantés par Franco Fagioli, deux issus de Serse et deux d’Ariodante, ont confirmé sa capacité à habiter les œuvres, autant qu’à lire une partition à la perfection. Chaque note émise témoigne d’un travail non seulement soigné, mais surtout fruit d’une grande maturité artistique, lui permettant de dépeindre les atmosphères à l’aide de nuances et de vibratos sans l’ombre d’un effet maniéré. L’Academia Montis Regalis accompagne ses élans comme saisis par la même émotion, ce qui se traduit par une intensité musicale doublement affermie. Franco Fagioli s’empare en particulier du « Scherza infida » en y inscrivant une douleur si puissamment transmise qu’il rouvre des yeux emplis de larmes à l’issue de sa déclamation.

Les airs composés par Porpora et Haendel comportent précisément toutes les difficultés techniques dont Franco Fagioli aime à se servir pour faire briller la beauté immaculée de son chant : stupéfiante rapidité, intervalles disjoints, interminables vocalises, tenues de notes, aigus haut perchés… Quiconque n’a pas encore compris les charmes du baroque sera immédiatement converti.

Festival d'Ambronay

Depuis plus de 30 ans, le festival de musique d’Ambronay fait l’actualité et marque les esprits… Jordi Savall, William Christie, Marc Minkowski, Manfredo Kraemer, sont les stars qui ont grandi avec Ambronay… Aujourd’hui, Leonardo García Alarcón poursuit la dynamique en métamorphosant à son tour des partitions oubliées. Chaque année, les 4 week-ends de programmation rivalisent d’intensité et d’innovation… portés par des générations d’artistes capables de transcender les œuvres classiques pour le bonheur des mélomanes les plus exigeants.
 

Même si certains concerts sont délocalisés à Bourg-en-Bresse, Belley ou Lyon, le lieu principal reste ancré dans l’abbatiale de l’abbaye d’Ambronay, reconnue pour son acoustique exceptionnelle. Son élégance architecturale (XIIIe et XVe siècle) et son dépouillement intérieur apportent une grande sérénité aux concerts. Un cadre singulier qui profite à de fréquentes captations en live pour la télévision. Parallèlement, depuis plusieurs années, les bâtiments de l’abbaye sont progressivement réhabilités pour abriter le Centre Culturel de Rencontre (labellisé en 2003) dédié à la musique ancienne et au spectacle vivant. C’est aussi le siège de l’académie baroque européenne.

Ambronay, c’est de la grande musique mais aussi beaucoup d’opportunités touristiques dans la partie méridionale des Montagnes du Jura. Les grottes du Cerdon ou les caveaux de dégustation (vins du Bugey) sont à portée de main… tout comme le château des Allymes et son panorama sur la plaine de l’Ain.

  • Centre culturel de rencontre d'Ambronay Place de l'Abbaye 01500, Ambronay, France
  • web

Franco Fagioli

« On reste sous le charme : avec son timbre tout à fait inhabituel, la voix de Fagioli cajole et flatte une ligne qui dure dix minutes, se pose en douceur dans le grave pour mieux s’élever ensuite dans la pureté de l’aigu, symbole de liberté périlleuse mais domptée. Ce charme opère encore plus lorsque le contre-ténor argentin chante l’un de ces airs à vocalises où il file sur les trois octaves de sa tessiture sensationnelle à la vitesse de l’éclair. »

Süddeutsche Zeitung, compte rendu d’une représentation de Catone in Utica, juin 2015

Il faut être un artiste exceptionnel pour pouvoir exceller dans les partitions diaboliquement difficiles du répertoire baroque et belcantiste. Franco Fagioli en est un, lui qui dispose à la fois de l’agilité vocale, de la variété de timbre et de la tessiture nécessaires pour briller dans des pages qui laissent d’innombrables contre-ténors perplexes. Son art étonnant a été salué par les critiques du monde entier et le chanteur argentin fait régulièrement salle comble tant le public est avide d’entendre avec quelle facilité il se joue des traits, des sauts et des enjolivures spectaculaires des airs les plus virtuoses.

« Fagioli est un interprète envoûtant, autant lorsqu’il chante […] de grandes pages virtuoses, où ses prouesses vocales sont stupéfiantes, que dans des numéros plus lents, plus intimes », écrit le Guardian à propos de son disque d’airs de Nicola Porpora, fameux professeur de chant et compositeur du XVIIIe siècle. D’autres commentateurs ont loué la « souplesse légendaire » du contre-ténor, sa « prodigieuse agilité, sa tessiture de trois octaves et sa vaste palette », « ses vocalises en rafales et ses plongeons audacieux ». On ne s’étonnera guère qu’il soit classé parmi les plus grands chanteurs de notre époque et de plus en plus sollicité par les opéras, les salles de concert et les festivals les plus prestigieux. Ces dix dernières années, il a chanté sous la direction de chefs de premier plan comme Rinaldo Alessandrini, Gabriel Garrido, Nikolaus Harnoncourt, René Jacobs, Marc Minkowski, Riccardo Muti et Christophe Rousset. Il se produit également régulièrement avec Riccardo Minasi et Il pomo d’oro.

Né à San Miguel de Tucumán, dans le nord de l’Argentine, Franco Fagioli prend des leçons de piano à l’Institut de musique de Tucumán avant de se consacrer à l’apprentissage du chant, d’abord dans sa ville natale, puis à l’Institut supérieur artistique du Théâtre Colón de Buenos Aires. En octobre 2003, jeune interprète déjà accompli, il fait sensation en remportant le Dixième Concours international de chant Neue Stimmen de la Fondation Bertelsmann. Il ne tarde pas à confirmer son talent exceptionnel par une série de débuts impressionnants sur de grandes scènes d’opéra. En 2005, il remporte un succès retentissant à l’Opéra de Zurich dans le rôle-titre de Jules César de Haendel qu’il reprend dans diverses productions, à l’Opéra national de Norvège (2007), au Festival Haendel de Karlsruhe (2008) et à l’Opéra national de Finlande (2012). En 2007, il débute au Festival de Pentecôte de Salzbourg sous la direction de Riccardo Muti. Sept ans plus tard, à l’invitation de Cecilia Bartoli, il retourne à Salzbourg chanter un programme d’airs virtuoses écrits par Rossini et Meyerbeer pour le dernier grand castrat, Giambattista Velluti, et reçoit un accueil enthousiaste – le Neue Zürcher Zeitung loue son « interprétation éblouissante ». Fin 2010, il donne des concerts avec Cecilia Bartoli à Londres et à Bruxelles et se produit fréquemment avec elle depuis (ils ont notamment fait ensemble le premier enregistrement mondial du Stabat Mater d’Agostino Steffani).

La polyvalence et la virtuosité de Fagioli se manifestent au grand jour en 2012 : au Festival d’été de Salzbourg, où il débute dans le rôle exigeant d’Andronico, dans Tamerlano de Haendel, il montre la richesse de sa tessiture grave. À l’automne, il fait sensation à Nancy en Arbace, dans l’Artaserse de Leonardo Vinci, un rôle conçu pour castrat qu’il reprend ensuite sur de grandes scènes européennes, notamment à Versailles, après l’avoir enregistré (l’enregistrement sort en CD et en DVD). L’année suivante, son disque Arias for Caffarelli fascine le monde musical, les airs en question, écrits pour le castrat vedette Caffarelli (1710–1783), étant considérés comme inchantables par de nombreux interprètes. « La facilité et l’agilité presque surhumaine avec lesquelles [Fagioli] aborde certains des grands airs de bravoure sont tout simplement stupéfiantes », commente le Guardian. Le nom de Fagioli apparaît ensuite sur plusieurs coffrets d’opéra : Siroe de Hasse (où il est Medarse) et Catone in Utica de Vinci (où il incarne César), deux premiers enregistrements mondiaux sortis chez Decca, ainsi que La concordia de’ pianeti de Caldara, paru chez Archiv Produktion. En juillet 2015, Fagioli est le premier contre-ténor à signer chez Deutsche Grammophon. Le premier fruit de ce contrat, Orfeo ed Euridice de Gluck, sort en septembre. Suivra en 2016 un disque d’airs solistes.

Ses débuts aux États-Unis en 2010 – dans le rôle-titre de Giasone de Cavalli à l’Opera Theater de Chicago – avaient été un triomphe. « Le sensationnel contre-ténor Franco Fagioli […] sa sonorité est douce mais pleine, et ses manières charmantes et macho rendent crédible l’effet dévastateur de Jason sur les femmes », notait le Chicago Tribune qui poursuivait : « Nous vivons un nouvel âge d’or des contre-ténors, notamment grâce à Fagioli. »

En 2010 encore, au Festival Haendel de Karlsruhe, où il est régulièrement invité, Fagioli avait recueilli des critiques dithyrambiques en Ariodante. En 2014 et 2015, il fait à nouveau sensation à Karlsruhe dans le rôle-titre de Riccardo Primo. Il avait déjà conforté sa réputation de haendélien exceptionnel par plusieurs prestations remarquables, notamment le rôle-titre de Poro au Festival Haendel de Halle, celui de Teseo à l’Opéra de Stuttgart, et Bertarido dans Rodelinda au Festival de la Vallée d’Itria 2010, à Martina Franca. Cette dernière prestation, à l’origine d’un partenariat fructueux avec le chef Diego Fasolis, vaut à Fagioli d’être nommé « Chanteur de l’année » par le magazine italien L’Opera. En 2011, il est le premier contre-ténor depuis trente ans à recevoir la plus haute récompense musicale d’Italie, le Premio Abbiati.

Fin 2014, Fagioli débute à Covent Garden en Idamante dans l’Idoménée de Mozart. Il poursuit sa saison 2014/2015 avec Catone in Utica, présenté en tournée par Riccardo Minasi et son ensemble Il pomo d’oro à Wiesbaden et Versailles. La production est reprise en septembre 2015 au Festival de Bucarest et au Theater an der Wien de Vienne, prélude à une saison au cours de laquelle Fagioli retrouvera Il pomo d’oro pour des récitals au Wigmore Hall de Londres et au Rudolfinum de Prague. En 2016, il retournera à Salzbourg, au Festival de Pentecôte de Cecilia Bartoli, pour incarner Romeo dans le Giulietta e Romeo de Nicola Antonio Zingarelli (1752–1837).

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