Journal filmé d'un exil

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JOURNAL FILME D'UN EXIL
Ecrit et réalisé par Magali Magne
Une production A propos

En 1936, à l’occasion de la naissance de son fils, Robert Bernas achète à Vienne une caméra Eumig 8 mm pour filmer la vie de sa famille. Juifs franco-autrichiens, ils fuient Vienne puis Paris et s’exilent aux Etats-Unis pour revenir en France en 1947. Des images fortes, inventives et joyeuses qui racontent une formidable victoire de survie face aux menaces de l’Allemagne nazie et de ses alliés. Harry Bernas, le fils de Robert, a vécu cette histoire qu’il partage aujourd’hui avec nous.

Robert Bernas est parisien, originaire d’une famille juive polonaise arrivée à Paris vers 1860. En 1920, son père Maurice meurt des suites d’une péritonite. Sa mère Dora est contrainte de se séparer de ses enfants a n de pouvoir travailler et subvenir à leurs besoins. Elle envoie Robert, alors âgé de 13 ans, à Vienne, chez une tante qui travaille comme gouvernante dans une famille juive originaire de Hongrie. C’est au sein de la famille Blum que Robert rencontre Lola qu’il épouse en 1933.

Il achète sa première caméra 8mm Eumig à Vienne, en 1936. Comme la plupart des cinéastes amateurs, Robert se procure une caméra pour fixer des moments de bonheur. Il commence par filmer l’arrivée de son fils Harry en février 1936 et la femme qu’il aime, Lola. D’ailleurs c’est Lola qui filme la première, elle fait un portrait de Robert et Harry devant la fenêtre de l’appartement. En mars 1938, c’est l’Anschluss à Vienne (annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie). Robert détourne alors sa caméra du cercle familial pour la diriger sur les événements qui se déroulent sous ses yeux, et dans lesquels lui et ses proches vont être les principaux acteurs. Il commence par filmer le va-et-vient des avions et des convois allemands depuis la fenêtre de son appartement, il fait des plans symboliques à la lumière électrique pour exprimer la peur et la tension qu’il partage avec les siens ; mains liées, portraits devant la radio. Puis il prend le risque, par nécessité intuitive, n’hésitant pas à camoufler sa caméra sous son manteau, de filmer derrière le volant de sa voiture ; les troupes nazies qui envahissent la ville, la foule qui les accueille, les bannières à croix gammées sur tous les murs de Vienne, y compris les devantures du magasin de linoléum de son beau-père. Robert ne se sépare plus de sa caméra, il s’en sert désormais comme d’un œil témoin, elle lui sert de journal en quelque sorte.

Alors commence le voyage vers l’exil. Les Bernas quittent Vienne pour Paris en 1938. Malgré le danger qui les talonne, les images de Robert nous donnent à voir une famille aimante, joyeuse, unie. Robert filme les sorties festives en famille avec ses frères et sœurs, les vacances, les jeux, les enfants, les amis...

Robert ne filme pas pour lui mais pour les autres, il témoigne avec sa caméra, il fait des portraits, des mises en scènes. Il filme dans le but de correspondre avec les siens, certains de ses films sont directement adressés ; «Bonne fête Oma» a été filmé en 1939 pour la fête de sa belle mère exilée aux Etats-Unis. Les bobines sont envoyées pour donner des nouvelles aux membres de la famille, aux absents, à ceux déjà partis sur d’autres continents.

Robert ne manque pas d’imagination et de créativité pour filmer ceux qui partagent son histoire et son périple. Ses images de la drôle de guerre sont parfois très brèves, comme si Robert cherchait à économiser la pellicule, ce qui lui permet de filmer chacun de ses camarades de régiment et quelques gradés. Robert filme, sous forme de saynètes, les moments d’oisiveté et d’ennui contraints. Durant la traversée en bateau vers New-York en 1941, grâce à des plans courts, il prend soin de filmer les 12 passagers et tous les membres de l’équipage, comme s’il voulait préserver la mémoire des visages de chacun.

Au fil des années, les films de Robert évoluent. Les années d’exil en Amérique reflètent le temps de l’attente vers un retour possible en France. C’est un temps de transition, Robert est moins disponible, ses activités professionnelles lui prennent tout son temps. Les moments de détente sont la seule occasion de sortir la caméra. Il se remettra à filmer plus régulièrement à partir de 1945.

De retour en France en 1948, il retrouve les siens au bois de Boulogne et filme la famille réunie qui défile devant la caméra en une sorte de danse ou de farandole parsemée d’absents et de fantômes.

Magali Magne

Comédienne de théâtre pendant 25 ans, Magali intègre la formation des Ateliers Varan en Janvier 2000. Depuis elle réalise des films documentaires de petits formats. En 2014, elle écrit et réalise Graine de poilu, son premier long métrage. Magali travaille également en tant que documentaliste de l’audiovisuel à la Direction des programmes au Forum des images, parmi ses missions elle gère et valorise depuis 10 ans un fonds de films de famille.

Filmographie :

2014 Documentaire : Graine de poilu, 59mn
2011 Documentaire : Les enfants d’Uffholtz en guerre contre la guerre, 20mn
2009 Court-métrage de fiction : La valise rouge à Amsterdam, 9mn
2004 Film promotionnel pour le spectacle : La caravane suspendue, de la compagnie « Les Frères Kazamaroffs ». 6mn50
2002 Documentaire : Forum Libertaire à Montreuil, 10mn
2002 Film promotionnel pour le spectacle : Faux Rebonds, de la compagnie « Les Frères Kazamaroffs ». 10mn
2001 Documentaire : Frieda vous suivrait partout. 20mn
2000 Documentaire : Pourvu qu’elle arrive. 17mn (Film de fin de stage de formation aux Ateliers Varan)

 

  • Auteur, Réalisateur / Réalisatrice

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