
Giuseppe Verdi: Nabucco
opéra en 4 actes sur un livret de Temistocle Solera
créé le 9 mars 1842 à la Scala de Milan.
George Gagnidze (Nabucco)
Rubens Pelizzari (Ismaele)
Rafal Siwek (Zaccaria)
Susanna Branchini (Abigaille)
Nino Surguladze (Fenena)
Elena Borin (Anna)
Paolo Antognetti (Abdallo)
Nicolò Ceriani (Gran Sacerdote di Belo)
Direction musicale : Daniel Oren
Direction de chœur : Vito Lombardi
Orchestre des Arènes de Vérone
Mise en scène & Costumes : Arnaud Bernard
Chœur des Arènes de Vérone
Décoration : Alessandro Camera
Lumières : Paolo Mazzon
Nabucco (titre initial : Nabuchodonosor) est un opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi sur un livret de Temistocle Solera, tiré de Nabuchodonosor (1836), drame d'Auguste Anicet-Bourgeois et de Francis Cornu et créé le 9 mars 1842 à la Scala de Milan1. Il évoque l'épisode biblique de l'esclavage des juifs à Babylone symbolisé par le chœur de la troisième partie, le Va, pensiero des Hébreux auxquels s'identifiait la population milanaise alors sous occupation autrichienne.
Synopsis
À Jérusalem puis à Babylone vers 587 av. J.-C.
Première partie : Jérusalem
À l'intérieur du temple de Salomon
Remplis d'angoisse et de terreur, les Hébreux supplient le Seigneur de leur venir en aide face aux troupes babyloniennes. Le grand prêtre Zaccaria a pris en otage Fenena, fille de Nabucco, roi de Babylone. Il exhorte son peuple à espérer en l'aide divine : Fenena pourrait constituer un gage de paix entre les Hébreux et les Babyloniens. Ismaël, neveu du roi des Hébreux, annonce que l'avance de Nabucco et de ses soldats ne connaît désormais plus de frein.
Zaccaria incite les Hébreux à repousser l'ennemi et, après avoir confié Fenena à Ismaël, s'éloigne avec tous les Hébreux pour défendre la ville et le temple. Ismaël et Fenena, secrètement amoureux l'un de l'autre, sont restés seuls. Il lui rappelle comment elle l'avait fait évader de prison à Babylone lorsqu'il s'y était rendu comme ambassadeur. Maintenant, c'est lui qui est résolu à la libérer à son tour et à fuir avec elle. Les deux jeunes gens sont en train d’organiser leur fuite quand pénètre dans le temple Abigaïlle, fille supposée de Nabucco, à la tête d'une troupe de Babyloniens déguisés en Hébreux.
Aussi amoureuse d’Ismaël, Abigaïlle est prête à sauver le peuple hébreu si Ismaël la préfère à Fenena, mais n'obtient pas ce qu'elle veut. Nabucco, à la tête de son armée, ayant osé faire irruption dans le temple et décidé à piller la ville, Zaccaria menace de tuer Fenena. Alors que le grand prêtre est sur le point de porter à Fenena un coup mortel, Ismaël s'interpose, retient la main de Zaccaria et délivre Fenena. Nabucco donne alors l'ordre de piller le temple et d'emprisonner les Hébreux. Zaccaria et les Hébreux maudissent Ismaël qui, en délivrant Fenena, a trahi la patrie.
Deuxième partie : L'impie
Le palais de Babylone
Seule dans les appartements royaux, Abigaïlle tient dans ses mains un parchemin volé à Nabucco, et qui témoigne de ses origines humbles d'esclave. Sa colère éclate dans une fureur irrépressible à la nouvelle que Fenena, nommée régente par son père, a ordonné de libérer tous les Hébreux. Maintenant, Abigaïlle est déterminée à tout faire pour s'emparer du trône. Zaccaria, prisonnier des Assyriens, entre dans une salle du palais, suivi d'un Lévite portant les Tables de la Loi, et se retire après avoir demandé à Dieu de parler à travers ses lèvres.
Ismaël, convoqué par le grand prêtre pour répondre de sa trahison, est maudit par les Lévites, mais Anna, la sœur de Zaccaria, le défend : le jeune homme n’a en effet pas sauvé la vie d'une infidèle, mais celle d’une Juive, puisque la fille du roi ennemi s'est convertie depuis à la religion hébraïque. La situation a empiré : en une succession rapide d'événements, Abigaïlle fait irruption sur la scène avec son entourage et demande à Fenena la couronne, mais Nabucco, que l’on croyait mort dans la bataille, arrive et se saisit de la couronne.
Puis il commence à se moquer du Dieu Belos, qui a poussé les Babyloniens à le trahir, puis du Dieu des Hébreux. À la suite de la déclaration de Fenena qui divulgue sa propre conversion, il lui demande de façon imposante de s’agenouiller et de l’adorer, non pas comme un roi, mais comme un Dieu, un Dieu unique, et menace de mort Zaccaria et les Hébreux s’ils ne se plient pas à sa volonté. Immédiatement après, le Dieu des Hébreux lui lance un éclair à la tête, la couronne tombe au sol, et le roi commence à montrer des signes d'aliénation mentale. La couronne tant convoitée est rapidement recueillie par Abigaïlle.
Troisième partie : La prophétie
Les jardins suspendus de Babylone
Abigaïlle, assise sur le trône à côté de la statue d'or de Belos, dans les jardins suspendus de Babylone, reçoit l'hommage de ses sujets. Quand le grand prêtre lui remet la condamnation à mort des Hébreux, la reine feint de ne pas être certaine du sort à leur réserver. À l'arrivée du roi déchu, vêtu d'humbles vêtements et l'air égaré, l'usurpatrice change d'attitude et s'adresse à lui avec une arrogance ironique et donne l'ordre de le reconduire dans ses appartements.
Elle le prévient qu'elle est désormais la gardienne de son siège et l'invite péremptoirement à apposer le sceau royal sur la sentence de mort des Hébreux. Le vieux roi hésite, Abigaïlle le menace, l'accusant de lâcheté, et à la fin Nabucco cède. Mais il est pris d'un doute : qu'en sera-t-il de Fenena ? Abigaïlle, implacable, lui affirme que personne ne pourra sauver sa fille et lui rappelle qu'elle aussi est sa fille. Mais le roi lui révèle qu'elle est seulement une esclave. Elle tire de son sein le parchemin qui atteste son origine et le réduit en lambeaux. Le roi, trahi et détrôné, en entendant le son des trompes qui annoncent l'imminence du supplice des Hébreux, appelle ses gardes, mais ceux-ci viennent l'arrêter, obéissant aux ordres de la nouvelle reine. Déconcerté et impuissant, Nabucco demande en vain à Abigaïlle un geste de pardon et de pitié pour la pauvre Fenena.
Les rives de l'Euphrate
Sur les bords de l'Euphrate, les Hébreux, vaincus et prisonniers, se rappellent avec nostalgie et douleur leur chère patrie perdue (chœur : Va, pensiero, sull' ali dorate). Le grand prêtre Zaccaria les incite à ne pas pleurer comme des femmes et prophétise une sévère punition pour leur ennemi : le Lion de Juda vaincra les Assyriens et détruira Babylone.
Quatrième partie : L'idole brisée
Appartements du palais royal de Babylone
Seul dans une salle du palais, Nabucco se réveille d'un cauchemar en entendant des cris et, les prenant pour des appels à la guerre, rassemble ses preux pour marcher sur Jérusalem. Entendant en lui d'autres voix qui répètent le nom de Fenena, il s'avance à la fenêtre et voit avec horreur sa fille enchaînée. Désespéré, il court à la porte, tente en vain de l'ouvrir et, se rendant enfin compte qu'il est prisonnier, s'adresse au Dieu de Juda pour invoquer son aide et implorer son pardon. Comme en réponse à sa prière surgit son fidèle officier Abdallo avec une poignée de soldats. Abdallo lui restitue son épée et lui offre de l'aider à reconquérir son trône.
Les jardins suspendus de Babylone
Dans les jardins suspendus de Babylone passe le triste cortège des Hébreux conduits au supplice. Zaccaria rassure Fenena en l'incitant à conquérir la palme du martyre ; la jeune fille se prépare à jouir de la joie céleste. L'atmosphère mystique est troublée par l'arrivée de Nabucco qui, à la tête de ses troupes, ordonne de briser la statue de Belos. « Miraculeusement », l'idole tombe d'elle-même. Tous crient au « divin prodige », Nabucco redonne la liberté aux Hébreux, annonce que la perfide Abigaïlle s'est empoisonnée et ordonne aux Hébreux de construire un temple pour leur dieu grand et fort, seul digne d'être adoré. Pendant que tous, Hébreux et Assyriens, s'agenouillent et invoquent l'« immense Jéhovah », entre Abigaïlle soutenue par deux guerriers : elle confesse sa faute et implore le pardon des hommes et de Dieu avant de tomber inanimée. Zaccaria adresse à Nabucco la dernière prophétie : « Servendo a Jeovha sarai de' regi il re ! » (En servant Jéhovah, tu seras le roi des rois !).

Arena di Verona
C'est en 1549 que l'Accademia Filarmonica présente à Vérone pour la première fois une pièce, Il Geloso, avec des intermèdes musicaux. L'auteur, le conteur italien Matteo Bandello, est surtout connu par ses 214 Nouvelles dont l'une (1564) inspire à William Shaespeare Romeo et Juliette (1594). La légende de Vérone constitue aussi la base d'une trentaine d'opéras.
Dès 1709, l'Accademia Filarmonica assure une saison régulière et, en 1732, le Teatro Filarmonico est inauguré avec la création de La Fida Ninfa de Vivaldi. Il restera le centre de la vie musicale à Vérone jusqu'en 1913, date de la création du Festival qui reste l'élément majeur de la vie musicale de cette ville. Le petit Teatro Filarmonico, détruit par les bombardements en février 1945, a été entièrement restauré et inauguré en 1975 avec Falstaff. Il assure une intéressante et courte saison hivernale.
Quant au Festival, il est né d'une histoire d'amour. Le célèbre ténor véronais Giovanni Zenatello épouse en 1913 la cantatrice espagnole Maria Gay aux États-Unis et l'emmène passer des vacances dans sa ville natale. Les jeunes mariés rencontrent dans un café de la piazza Bra l'impresario Ottone Rovato et le chef d'orchestre Ferruccio Cusinatti, qui s'interrogent sur la meilleure façon de célébrer, à Vérone, le centième anniversaire de la naissance de Giuseppe Verdi, le 10 août suivant.
L'idée de représenter un opéra du maître dans les gigantesques arènes les ravit et ils s'y rendent aussitôt pour faire des essais de voix qui, on s'en doute, sont concluants. Aussi, trois mois plus tard, l'anniversaire est-il célébré, avec Aida, devant 15 000 spectateurs ovationnant nos deux chanteurs dans rôles-titres et le chef d'orchestre Tullio Serafin. Cette réalisation grandiose a demandé un immense travail de préparation, réalisé en quelques semaines seulement.
L'Europe entière, sommée de s'y rendre, accourt. Des billets de congrès sont diffusés partout et les hôtels faisant défaut, on loge chez l'habitant.
Le festival de Vérone est la vraie fête populaire de l'opéra. Les spectateurs des gradins non numérotés font la queue pendant des heures pour tenter de s'approprier les meilleures places à l'ouverture des grilles quatre-vingt-dix minutes avant le début du spectacle. Rituel...
Au terme d’une course effrénée, on s'installe et l'on sort en famille la saucisse sèche le vin rouge. Puis le public des places d'orchestre numérotées fait son entrée en tenue de soirée, et les spectateurs des gradins applaudissent les plus belles robes de « ceux d'en bas ». Rituel...
Quelques instants avant que la représentation ne commence, les projecteurs s'éteignent et le public des gradins allume alors les traditionnelles petites bougies. Cette fois-ci, les spectateurs de l'orchestre applaudissent « ceux d'en haut ». Rituel...
Ce rite des bougies date de la première représentation d'Aida en 1913, en hommage au maître défunt. Dès que les projecteurs, qui éblouissent les spectateurs, leur dissimulant la scène avant la représentation, s'éteignent, la scène s'illumine et le maestro apparaît. Rituel...
Un figurant en costume selon l'œuvre jouée frappe un gong à la fin des entractes pour annoncer la reprise imminente du spectacle, et on l'applaudit aussi. Chaque air reçoit des ovations, ou des sifflets selon les cas. Rituel ...
Mais lorsque Maria Callas fit ses débuts en 1947 dans les célèbres arènes, dans La Gioconda, la diva de ce siècle était née. Peu de chefs osent affronter les difficultés techniques qu'impose une scène démesurée, et Nello Santi racontait qu'à chaque fois qu'il dirigeait aux arènes, il perdait trois kilos, qu'il allait récupérer après le spectacle dans les restaurants de la « piazza » ! a
- Piazza Bra, 1, 37121, Verona VR, Italie
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Daniel Oren

Daniel Oren est né à Jaffa (Israël) en 1955, de père arabe et de mère israélienne. Il est élevé par sa mère, qui l’incite à se donner totalement à la pratique de la musique dès son plus jeune âge. Enfant, il prend des cours de solfège, de chant, de violoncelle et de piano. A l’âge de dix ans déjà, il chante ses propres compositions devant le compositeur et chef d’orchestre Léonard Bernstein. Trois ans plus tard, celui-ci le choisit pour la partie soliste de son œuvre chorale les Chichester Psalms, à l’occasion de l’inauguration de la télévision israélienne en 1968. Cette rencontre aura un impact profond sur le jeune Daniel Oren, qui considère Bernstein comme l’un des chefs d’orchestre majeurs de son temps.
Il part très tôt étudier la direction d’orchestre en Allemagne, notamment sous la tutelle de Herbert von Karajan, et en 1975, il remporte le premier prix dans la compétition de direction d’orchestre de ce dernier. Peu après, le temps de faire son service militaire en Israël, sa carrière internationale prend son essor, et il fait ses débuts aux Etats-Unis en 1978. La même année, il devient directeur artistique du Teatro dell’Opera à Rome.
Ainsi, l’Italie détient une place centrale dans sa carrière : il prend successivement la direction artistique du Teatro Verdi à Trieste, celle du Teatro San Carlo à Naples et celle du Teatro Carlo Felice à Gênes, et a dirigé à peu près toutes les scènes majeures du pays. Mais il fait aussi des débuts remarqués à Covent Garden en 1993 avec La Bohème de Puccini, et y retourne à maintes reprises. En 1993, il subjugue également le Metropolitan avec Tosca (Puccini), Luciano Pavarotti chantant le rôle de Mario Caravadossi. Il inaugure enfin le nouvel opéra d’Israël à Massada en 1994 avec Nabucco de Verdi. Son travail sur le répertoire français du XIXe (Bizet, Massenet, etc.) est particulièrement réputé. Ainsi, sa Carmen (Bizet) mise en scène par Franco Zefirelli aux Arènes de Vérone en 1995 est restée dans les annales. De retour sur le répertoire italien, il dirige une représentation de La bohème (Puccini) au Teatro Regio de Turin pour le centenaire de l’œuvre avec Mirella Freni et Luciano Pavarotti, suivie d'une Tosca (Puccini) de référence à l’Opéra de Naples à l’automne 1996.
Depuis 2007, il est directeur artistique du Teatro Giuseppe Verdi à Salerne, où il a dirigé tous les opéras majeurs de ce dernier.Il est intervenu à maintes reprises à l’Opéra de Paris, y compris récemment avec Tosca en 2014.
Il reviendra à l’Opéra de Paris en 2015 dans Adriana Lecouvreur (Cilea) et en 2016 dans Aïda (Verdi). Il ira également à l’Opéra de Beijing en 2015 pour Norma (Bellini) et Le Trouvère (Verdi), et à l’Opéra de Massada dans Nabucco en 2015, plus de vingt ans après l’inauguration du théâtre avec cette même œuvre.
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