Orfeo & Majnun

Festival International d'Art Lyrique d'Aix en Provence ClassicAll 10

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Moneim Adwan (1970), Howard Moody (1964), Dick van der Harst (1959)
Orfeo & Majnun
CRÉATION FRANÇAISE

Conception du projet : Airan Berg
Opéra sur un livret de Martina Winkel
Traduction poétique arabe de Fatena Al Ghorra
Traduction française d'Alain Perroux
Créé au Théâtre de La Monnaie (Bruxelles) le 29 juin 2018

Direction musicale: Bassem Akiki
Mise en scène: Airan Berg, Martina Winkel
Créatures animalières: Roger Titley
Costumes, dramaturgie: Martina Winkel
Lumière: Luc Schaltin
Vidéo: Daan Milius, Martina Winkel
Chorégraphie: Marta Coronado

Majnun: Loay Srouji
Layla: Nai Tamish Barghouti
Orfeo: Yoann Dubruque
Eurydice: Judith Fa
Narratrice: Sachli Gholamalizad

Ensemble interculturel de l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée
Chef de chœur: Philippe Franceschi
Avec la participation d'amateurs: Chœurs issus des publics Passerelles
Sinfonietta: Session de l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée

 

Orphée aime Eurydice, que la mort lui enlève. Qays aime Layla, que son père lui arrache. L’un chantera son désespoir aux bêtes sauvages avant d’aller chercher son épouse aux Enfers, l’autre devient « Majnun », littéralement le « fou » d’amour qui adresse ses chants aux animaux. Né de la rencontre entre un mythe occidental inépuisable et une célèbre légende arabe, voici Orfeo & Majnun. Ce grand opéra participatif mêlera professionels et amateurs pour une vaste fresque qui est aussi une grande fête. La représentation de l’opéra, sous le ciel étoilé de Provence, sera ainsi précédée d’une parade artistique dans la ville d’Aix. Chœur, solistes, orchestres et animaux de toutes sortes chanteront l’ardent désir. Et l’amour plus fort que la désolation.


Il y a comme un testament artistique et politique dans l’opéra participatif Orfeo & Majnun, donné gratuitement pour près de 9000 spectateurs, sur le cours Mirabeau d’Aix-en-Provence, le dimanche 8 juillet dernier.

Certes, la production sort des codes habituels du genre. Le spectacle est sonorisé. Il est retransmis sur écrans géants tout au long de l’avenue pour les spectateurs les plus éloignés de la scène. Mais c’est le prix à payer pour « placer l’opéra au coeur de la cité » pour reprendre une expression chère à Bernard Foccroulle qui achève là sur un coup d’éclat sa mission à la tête d’un Festival aixois d’art lyrique qu’il a objectivement fait sortir au moins partiellement de ses habituels sanctuaires et d’un entre-soi élitiste qui lui fut souvent reproché dans le passé.

Le choix de l’argument ne doit rien lui non plus au hasard et réunit en un seul spectacle deux grands mythes des rives de la Méditerranée, cette mare nostrum qui prend ces temps-ci des allures de cimetière. Là encore, une obsession de Bernard Foccroulle, en particulier depuis que l’Académie du Festival a pris sous son aile l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée qui assure la partie musicale du spectacle.

D’un côté donc, Orfeo et son Euridyce, le mythe issu de l’antiquité grecque. Les jeunes amants sont séparés par la mort de la belle (une piqûre de serpent). Orfeo s’en va la chercher au royaume des Morts et la perd une seconde fois quand, sur le chemin du retour sur terre, il se retourne vers elle contrairement aux consignes impératives d’Hadès, dieu des Enfers.

De l’autre, Majnun et sa Leïla, conte le plus célèbre du monde arabo-persan. Les jeunes amants sont séparés par la pression sociale : « Voyez leurs regards impudiques, cette démonstration indécente. Cette fille est déshonorée ». Lui devient fou, « majnun » en arabe. Elle se suicide pour ne pas avoir à céder aux exigences de l’autre homme à qui on l’a mariée de force.

D’un côté, les caprices des dieux , de l’autre la cruauté des hommes. En traits d’union, l’amour, l’oppression des femmes, et cette question toujours terriblement contemporaine : comment vivre dans un monde en paix s’il y est interdit d’aimer en liberté ?

C’est l’autrichienne Martina Winkel qui a tiré de cette double mésaventure un livret hybride, oecuménique, et fraternel, chacun des protagonistes venant tour à tour chanter en arabe ou en anglais, un fragment de son histoire, le plus souvent en solo, plus rarement en duo, doublement soutenu par un choeur éphémère d’environ 200 chanteurs amateurs qui vient à la façon du théâtre antique tirer les leçons de l’histoire et par une narratrice, la belgo-iranienne Sachli Gholamalizad, qui coud, en français, les différents fragments du patchwork.

rois compositeurs signent la partition elle aussi syncrétique. Le Palestinien Moneim Adwan bien connu à Aix pour y avoir créé son opéra Kalila wa Dimna, en a écrite la partie « arabe », le néerlandais Dick van der Harst la partie « occidentale », et le britannique Howard Moody les passages choraux. Pour la servir, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée dirigé par l’énergique Bassem Akiki, chef libanais basé en Pologne, s’est scindé en deux ensembles, l’un classique, l’autre traditionnel arabe avec oud, kanoun et gadoulka.

Les chanteurs évoluent dans un décor sommaire – un petit théâtre d’ombres, quelques projections photographiques abstraites sur l’écran de fond de scène –, traversé de temps à autre par les belles marionnettes animalières blanches du sud-africain Roger Titley.

On les écoute d’autant mieux déployer toutes leurs qualités vocales et théâtrales. Les mélismes typiques des Palestiniens Nai Tamish Barghouti (Leïla) et Loay Srouji (Majnun) sont déchirants. La soprano française Judith Fa (Euridyce) porte parfaitement son nom dans l’aigu. Le baryton son compatriote Yoan Dubruque (Orfeo) est velouté au point d’attendrir Cerbère, le chien de garde à trois têtes qui lui ouvre la porte des Enfers.

La gageure d’Orfeo & Majnun était bien entendu d’offrir mieux qu’une juxtaposition de styles musicaux alternés, de trouver entre eux une cohérence qui fasse oeuvre. Le pari est globalement tenu. Il l’est étonnamment de mieux en mieux au fil de la soirée, au fur et à mesure que les deux couples d’amants s’enfoncent dans leur commun malheur. A ce moment où tout semble perdu, les motifs musicaux s’entrelacent et se fondent pour nous emmener, convaincus sinon convertis, vers la conclusion universaliste, voire un peu simpliste, de cet opéra : « Les noms diffèrent. L’amour est le même. » Et pourrait-on ajouter pour compléter ce tableau de poncifs, « l’humanité est une ».

A ce moment du spectacle qui s’achève, où la scène se vide, les écrans s’éteignent et la foule se disperse, où les choristes de tous âges, comblés, sont congratulés par leurs familles venues en nombre, on se dit que ce serait une audace d’une tout autre nature que de marier dans le même livret Majnun à Euridyce, Orféo à Leïla, ou même, soyons fous, Leïla à Euridyce ou Majnun à Orfeo et d’en prendre le pari musical et théâtral.

Mais l’objectif de ce projet participatif où se sont investis des dizaines d’écoles et d’associations, qui fut précédé de parades de rue à Arles puis à Aix, et qui, dûment subventionné par l’Union européenne, doit maintenant voyager vers Vienne, Cracovie, Rotterdam, Malte et le Portugal, étant de fédérer le public le plus large, on se réjouit finalement de la pertinence de ce simple message de fraternité, porté en place publique par un opéra d’aujourd’hui accessible à tous.

Comme dit si bien Bernard Foccroulle, dans le livre d’entretiens en forme de bilan intitulé Faire Vivre l’Opéra qui paraît ces jours-ci chez Actes Sud :  » L’opéra, comme tous les arts, doit prendre vigoureusement sa part dans un réveil des consciences plus nécessaire que jamais. »

Festival International d'Art Lyrique d'Aix en Provence

Le contexte de l’après-guerre est un contexte de renaissance artistique comme en témoigne, en 1946, la création du Festival de Cannes bientôt suivie, en 1947, par celle du Festival d’Avignon.

Dans le domaine lyrique, la renaissance est due à un mélomane averti, amateur d’art à la curiosité insatiable, Gabriel Dussurget, dont le projet de créer un festival de musique en Provence bénéficie du soutien financier de Lily Pastré, comtesse de la haute bourgeoisie marseillaise et grande amie des arts. Pour accueillir l’événement, elle propose son château de Montredon, choix qui aurait contribué, selon elle, au relèvement de la cité phocéenne. Le Festival naît en effet trois ans seulement après la fin de la guerre, à une période où la volonté de redonner une image digne de la France, suite à la défaite de 1940 et à l’Occupation, est omniprésente. Mais le lieu se révèle inapproprié et après de nombreuses pérégrinations dans la région, ils tombent d’accord sur la ville d’Aix-en-Provence où Gabriel Dussurget jette son dévolu sur la cour de l’Archevêché, une véritable révélation qu’il résume sobrement : « des murs lépreux, une fontaine qui naturellement ne coulait pas et un arbre qui s’élevait comme une main vers le ciel ».

Au commencement était la cour, la cour de l'Archevêché, cour de service où aboutissaient autrefois les carrosses. Grâce à un groupe d'hommes et de femmes, liés par la conviction et l'enthousiasme de Gabriel Dussurget, directeur artistique inspiré et visionnaire, cette cour se transforme bientôt en temple de la musique, du spectacle et de la voix, c’est-à-dire en un lieu majeur de la fête.

Le Festival ne tarde pas à acquérir une renommée internationale, en dépit de modestes débuts évoqués par Gabriel Dussurget: « Les chanteurs étaient, avouons-le, seulement honnêtes. Georges Wakhévitch [qui signa les décors du Cosi fan Tutte de 1948] était un ami de longue date […] et il a bien voulu accepter de dessiner un baldaquin, quelques plumes… en somme un petit décor pour que la représentation puisse avoir lieu. On avait fait mettre des bancs dans la cour, des gradins à peine surélevés et le décor était planté dans un angle de l’ancien hangar qui servait de coulisses. Wakhévitch, pour donner un fond à la scène, avait peint lui-même les murs ». Edmonde Charles-Roux se remémore à son tour les débuts de l’événement : « La cour du palais de l’archevêché [était] transformée en une sorte de … on ne peut même pas appeler cela une scène, c’était plutôt une estrade à cause du manque de place. On ne pouvait pas y chanter à plus de trois à la fois. Georges Wakhévitch avait simplement fait, en guise de fond de scène, une sorte de tente, décorée de quelques bouquets de fleurs. C’était exquis, mais improvisé. Et en définitive, très sympathique. » Et le charme ne tarde pas à opérer…

Le premier Festival a lieu en juillet 1948. Aux concerts et récitals qui ont lieu dans la cour de l’Archevêché, à la cathédrale Saint-Sauveur et en divers lieux de la ville s’ajoute un opéra, Cosi fan tutte de Mozart, œuvre alors quasi inconnue du public français puisque le critique musical du Monde de l’époque, Jacques Longchampt, rappelait que la dernière représentation française avait eu lieu en 1926 à l’Opéra Comique.

Pour monter le spectacle, Gabriel Dussurget réunit une distribution qu’il fait lui-même travailler, demande à Georges Wakhévitch d’inventer un petit décor de fond de scène, et obtient la participation de Hans Rosbaud, chef d’orchestre du Südwestfunk de Baden-Baden qui dirigera au Festival jusqu’en 1962. Edmonde Charles-Roux se souvient avec émotion de ce premier Festival : « Je crois que la force du premier spectacle d’Aix a été d’être un spectacle réussi, de grand goût, de très belle qualité musicale, mais un spectacle d’amateurs ».

Mais c’est avec Don Giovanni, monté l’année suivante, que le Festival prend toute son ampleur, et ce tout d’abord grâce à la venue du décorateur et affichiste Cassandre, ami de Gabriel Dussurget, auquel ce dernier fait appel pour concevoir les décors de Don Giovanni mais aussi l’édification d’un théâtre pour remplacer l’installation rudimentaire qui avait servi à la représentation de Cosi fan tutte en 1948.

Ce théâtre, relativement exigu avec ses sept mètres de profondeur, existera pendant vingt-quatre ans, et ces dimensions ne seront pas sans impact sur la programmation du Festival qui, de fait, ne pourra accueillir que de petits effectifs orchestraux baroques ou de type Mozart. Dès ses débuts, le Festival se place en effet sous le signe du compositeur autrichien, dont la quasi-totalité des opéras sera  montée au cours des premières années : Cosi fan tutte en 1948 et 1950, Don Giovanni en 1949, L’Enlèvement au sérail en 1951, Les Noces de Figaro en 1952, Idoménée en 1963 et La Clémence de Titus en 1974. Edmonde Charles-Roux rappelle que « dans un Midi où les maçons italiens, sur leurs échafaudages, chantaient du Verdi, et où on ne proposait que du Verdi à ce public en pratiquant un italianisme à tous crins, monter les opéras de Mozart, qu’on ne jouait pas, pouvait paraître révolutionnaire ».

Le Festival s’attache donc à faire découvrir au public des œuvres inconnues en remettant au goût du jour les opéras de Mozart, le grand lyrisme d’origine avec Monteverdi et Gluck, l’opéra bouffe, l’amorce de l’opéra-comique avec Cimarosa, Grétry, Rameau et Haydn, Rossini et Gounod, mais aussi la musique contemporaine en passant plusieurs commandes à des compositeurs comme en 1952 avec La Guirlande de Campra d’Arthur Honegger.

D’autre part, le Festival tient à mettre en valeur sa région et les artistes qui y vivent ou y ont vécu : ainsi la musique des deux Aixois, André Campra (1660-1744) et Darius Milhaud (1892-1974) sera-t-elle régulièrement à l’honneur avec entre autres, Le Carnaval de Venise ou Les Malheurs d’Orphée.

Pour l’heure, l’événement suscite l’affluence d’une large part des plus éminentes personnalités de la vie artistique et littéraire française, musiciens, peintres, écrivains comme François Mauriac qui parle du « Don Juan aux étoiles » de 1949, ou encore gens de théâtre, tous rassemblés par le même enthousiasme. Mais au milieu des années 1960, l’arrivée, à la tête du casino d’Aix-en-Provence, alors principal financeur du Festival, d’un nouvel administrateur soucieux de rentabilité, précipite la démission de Gabriel Dussurget. Ce départ marque un changement pour la physionomie du Festival et amorce une remise en question de sa fonction.

Dédié au bel canto, le Festival du nouveau directeur Bernard Lefort se présente comme une grande fête du chant : « Le chant y régnera en Maître absolu, et chaque manifestation lui sera consacrée en tout ou partie ». Mozart a donc perdu son « privilège », une nouvelle ère commence. Si Bernard Lefort décide de remettre au goût du jour le bel canto, c’est que ce répertoire du début du 19e siècle est encore peu connu des mélomanes de l’époque.

Deux productions majeures marquent le mandat du nouveau directeur : en 1980 Semiramis de Rossini avec le duo d’exception formé par Montserrat Caballé et Marilyn Horne, et en 1981, un autre opéra de Rossini, Tancredi réunissant cette fois Marilyn Horne et Katia Ricciarelli.

Cette « grande fête du chant » est aussi l’occasion d’organiser des récitals lyriques donnant lieu à la remise d’un prix, la « cigale d’or », à des chanteurs déjà confirmés, comme Elisabeth Schwarzkopf qui en fut la première lauréate, Gabriel Bacquier ou Teresa Berganza.

Bernard Lefort souhaite également faire du Festival une manifestation de proximité. Les événements de mai 1968 ont en effet mis en lumière le caractère élitiste et parisien du Festival, ce à quoi le nouveau directeur tente de remédier : d’une part en donnant, six années durant, des représentations d’opéras bouffes sur la place des Quatre-Dauphins qui accueillit ainsi Le Directeur de théâtre de Mozart, La Servante maîtresse de Pergolèse et Don Pasquale de Donizetti ; d’autre part en célébrant le chant sous toutes ses formes pour toucher le plus large public. Cette célébration prend la forme de concerts de jazz avec Ella Fitzgerald, de musique folk avec John Baez, ou encore de chants espagnols et berbères.

Enfin, il instaure les récitals de fin d’après-midi, « une heure avec… », au cloître de la cathédrale Saint-Sauveur, qui permettent au public de découvrir de jeunes chanteurs de façon plus intime et moins onéreuse qu’au théâtre de l’Archevêché. Le milieu des années 1970 est donc marqué par un réel souci de démocratisation.

Louis Erlo - sous le thème de « fidélité et innovation » - réoriente le bel canto aixois vers Rossini et développe considérablement le répertoire baroque français avec Lully, Campra, Rameau, mais aussi Purcell et Gluck. Il rend à Mozart sa place de référence, en montant aussi bien les grands ouvrages que ses opéras de jeunesse, moins connus et peu joués. Il propose également des chefs-d’œuvre du 20e siècle, de Prokofiev ou Britten. Conformément au projet de Gabriel Dussurget, soucieux de promouvoir les jeunes talents, il offre aux Aixois une pléiade de jeunes chanteurs et quelques « stars ».

À l’initiative de Louis Erlo, le théâtre de l’Archevêché est reconfiguré au cours de l’année 1985. Ce travail se voit confier à l’architecte Bernard Guillaumot qui dote la scène de dimensions standards et de possibilités techniques accrues, favorisant ainsi l’accueil de spectacles et la coproduction. Louis Erlo a bien conscience du risque de standardisation que cela implique pour les productions, mais il fait en sorte de prendre « les garanties nécessaires pour que les spectacles ne soient pas défigurés lors de leurs transferts ».

Au moment du départ de Louis Erlo, le Festival entre dans une période où il doit faire face à d’inextricables problèmes financiers.

L’année 1998 est marquée par la rénovation complète du Théâtre de l’Archevêché dans lequel Stéphane Lissner inaugure son mandat avec un Don Giovanni de Mozart mis en scène par Peter Brook. La programmation se place désormais sous le signe du croisement des mondes du théâtre, de la danse et de l’opéra avec des artistes comme Pina Bausch, Trisha Brown, Anne-Teresa de Keersmaeker, Patrice Chéreau ou encore Stéphane Braunschweig.

Le Festival devient aussi un lieu d’intense création musicale avec de nombreuses commandes passées aux compositeurs : Festin de Yan Maresz, Le Balcon de Peter Eötvös d’après Jean Genet en 2002, Kyrielle du sentiment des choses de François Sarhan sur un texte de Jacques Roubaud en 2003, Hanjo de Toshio Hosokawa d’après Hanjo, Nô de Yukio Mishima en 2004 ou encore Julie de Philippe Boesmans d’après Mademoiselle Julie d’August Strindberg en 2005. Rouvert en 2000, le Théâtre du Jeu de Paume, aux dimensions intimes, est un lieu idéal pour accueillir certaines de ces créations.

Une nouvelle dynamique est insufflée au Festival avec la création, à Venelles, situé à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence, d’ateliers de construction de décors et de confection de costumes qui permettent de décupler les coproductions internationales et de rendre le Festival plus autonome.

Enfin, en 1998, Stéphane Lissner crée l’Académie Européenne de Musique, conçue comme un prolongement du Festival vers la pédagogie et la promotion des jeunes talents (instrumentistes, chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre et compositeurs), en favorisant leur rencontre avec le public par le biais de nombreux concerts, conférences et classes de maîtres.

  • Théâtre de l'Archevêché, 28 Place des Martyrs de la Résistance, 13100 Aix-en-Provence France
  • web

Moneim Adwan

Né à Rafah dans la bande de Gaza, Moneim Adwan apprend la cantillation coranique (le tajwîd) et chante depuis son enfance le répertoire populaire et classique arabe. Il s’intéresse au ‘ûd et part pour l’Université de Tripoli (Libye) où il travaille avec les professeurs Fateh El-Ramiz (chant) et Abdallah Sebaï (‘ûd). S’inscrivant dans une tradition très ancienne, à la fois savante et populaire, Moneim Adwan compose à partir de poèmes d’auteurs arabes et palestiniens classiques et contemporains. Ses compositions tendent à garder cette tradition vivante dans un monde qui oscille entre modernisme et traditions ancestrales. Sa voix chaude, puissante mais aussi tendre est le plus beau des instruments pour porter un message d’humanité, d’amour et de tolérance.

Dès 1994, il participe à différents événements organisés par le Ministère de l’éducation du nouveau gouvernement palestinien. Il poursuit depuis une carrière internationale sur de nombreuses scènes européennes et méditerranéennes. Il s’est produit à plusieurs reprises avec Bernard Foccroulle, en duo orgue et ‘ûd, avec Françoise Atlan pour une rencontre entre la musique juive et celle de Palestine, avec Jean-Marc Aymes (Concerto Soave) dans un projet l’ayant mené aux quatre coins de l’Europe, avec Emmanuel Pahud et Aurélien Pascal au festival Musique à l'Emperi et avec Erik Truffaz à l’Olympia à Paris. Il a donné fin 2012 et en 2013 une série de concerts en hommage au Printemps arabe en Jordanie, Syrie et Egypte, et s’est produit à l’Institut du Monde Arabe à Paris en 2014. Il donne aussi de nombreux concerts depuis 2013 en compagnie de Sophie Vander Eyden (luth) et Clare Wilkinson (voix) dans un projet appelé Divine Madness mêlant ses compositions à de la musique baroque. Ce projet a fait l’objet d’une parution discographique. Le dernier enregistrement de Moneim Adwan, Jasmin, regroupe ses compositions sur les poèmes de Mahmoud Darwich et est repris dans de nombreux concerts.

En résidence au Festival d’Aix-en-Provence depuis 2009, il y a donné de nombreux concerts et fondé le chœur amateur multiculturel Ibn Zaydoun avec qui il travaille un large répertoire arabe inité en 2008 en interprétant le Choeur des esclaves de Zaïde (Mozart), dans une mise en scène de Peter Sellars. Devant le succès de ce chœur, une expérience similaire a été développée à la Cité de la Musique à Marseille puis à Lodève (84) avec la fondation du chœur Zeryab. Le travail avec le chœur Ibn Zaydoun a fait également l’objet d’un enregistrement discographique produit par le Festival d’Aix-en-Provence.

Il a créé en 2016 avec le metteur en scène Olivier Letellier un opéra commandé par le Festival d’Aix-en-Provence  et basé sur la légende de Kalila wa Dimna. Cet opéra a été précédé d’une première mise en musique d’une fable extraite du même recueil : La Colombe, le Renard et le Héron, présenté en mai 2014 à Aix-en-Provence.

L'opéra Kalila wa Dimna commencera sa tournée cette saison à Lille, au Mans, à Paris et à Dijon.

Son spectacle A la Croisée des rêves, basé sur le texte de Khalil Gibran Le Prophète a été créé l'été 2016 au Festival de Chaillol et sera repris dans la saison 2016-2017 dans le département des Bouches-du-Rhône.

Il continue également cette saison à tourner avec deux trios : avec Zied Zouari, violon et Imed Alibi, percussion dans un programme autour de l'oeuvre de Mahmoud Darwich et avec Alice Foccroulle, soprano et Bernard Foccroulle, orgue dans un programme mêlant oeuvres baroques et créations.

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