
Gioachino Rossini: Il Barbiere di Siviglia
Opéra en deux actes sur un livret de Cesare Sterbini
Metteur en scène: Hugo De Ana
Chef d'orchestre: Daniel Oren
Il Conte d'Almaviva: Dmitry Korchak
Figaro: Leo Nucci
Bartolo: Carlo Lepore
Rosina: Nino Machaidze
Basilio: Ferruccio Furlanetto
Berta: Manuela Custer
Un ufficiale: Gocha Abuladze
Fiorello / Ambrogio: Nicolo Ceriani
Orchestre, Chœurs et Ballet des Arènes de Vérone
Le Barbier de Séville est l'opéra le plus connu de Gioachino Rossini, sur un livret de Cesare Sterbini, créé en 1816 et considéré par beaucoup comme le chef-d'œuvre de l'opéra-bouffe italien.
L'histoire a été tirée de la comédie Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile de Beaumarchais (1732-1799), jouée pour la première fois au Théâtre-Français le 23 février 1775, l'une des trois pièces de cet auteur comptant parmi ses héros le personnage de Figaro.
Avant Rossini, un autre compositeur italien, Giovanni Paisiello, avait composé Il barbiere di Siviglia, ovvero La precauzione inutile, créé en 1782 et qui remporta un succès énorme1. Mozart composa Les Noces de Figaro, opéra inspiré de la trilogie de Beaumarchais, principalement de La Folle journée, ou le Mariage de Figaro.
La première eut lieu le 20 février 18162 au Teatro di Torre Argentina à Rome, avec Gertrude Giorgi-Righetti (Rosine), Manuel Garcia (Almaviva), Luigi Zamboni (Figaro), Bartolomeo Botticelli (Bartolo), et Zenobio Vitarelli (Basile). Ce fut une succession de catastrophes : non seulement la cabale montée par Gaspare Spontini, rival de Rossini, fonctionna à merveille mais le ténor Garcia, qui avait voulu s'accompagner à la guitare (qui était désaccordée), fut sifflé. Rossini en habit noisette au clavecin pour le continuo, fut chahuté. Vitarelli trébucha et saigna du nez. Pour couronner le désastre, un chat traversa la scène et la salle entière se mit à miauler. La représentation se poursuivit dans un désordre indescriptible. Le lendemain, Rossini déclara qu'il ne participerait pas à la deuxième représentation. Une fois couché, il fut réveillé par la foule venue acclamer le compositeur ébahi[réf. nécessaire].
L'ouverture de l'opéra est restée célèbre grâce à sa mélodie. Elle avait préalablement servi à deux autres œuvres quelques années auparavant. Rossini avait réalisé l'ouverture pour Aureliano in Palmira (création le 26 décembre 1813), et l'avait réutilisée ensuite dans Elisabetta, regina d'Inghilterra (création le 4 octobre 1815), avant Il barbiere.
L'opéra fut donné pour la première fois à Paris en italien le 26 octobre 1819 au Théâtre-Italien. Le compositeur et critique Castil-Blaze réalisa une adaptation française en rajoutant des récitatifs pour la plupart empruntées à Beaumarchais et en en modifiant la structure (qui passe de deux à quatre actes) ; certaines tessitures vocales furent également changées pour s'adapter au goût français : Rosine passa ainsi de mezzo-soprano à soprano. Cette version fut créée le 6 mai 1824 à l'Odéon. Après de nombreuses vicissitudes dues aux rivalités des théâtres parisiens, c'est une version en français avec dialogues parlés (dans le style opéra-comique) créée le 8 novembre 1884 à l’Opéra-Comique avec un très grand succès qui s'imposa au répertoire jusque dans les années 1960. Une nouvelle reprise de cette version eut lieu en 1996 avec Annick Massis.
Synopsis
Ouverture
Un solennel andante maestoso l'ouvre suivi sans transition par un allegro vivo, mouvementé et moqueur qui indique la nature comique de l'opéra. Cette deuxième partie comporte notamment deux célèbres crescendi successifs, marque de fabrique du compositeur, reprenant les mélodies de l'andante. Le deuxième crescendo débouche sur une brève coda Più mosso qui conclut gaiement l'ouverture.
Acte I
1er tableau
Nous sommes à Séville, où la nuit est déjà noire. Le comte Almaviva vient chanter une sérénade devant la maison du vieux docteur Bartolo.
« Ecco ridente in cielo »
Sa chanson s’adresse à Rosina, la jeune et belle pupille du docteur. Figaro, un ancien domestique du comte, barbier-chirurgien de Bartolo, fait une joyeuse entrée.
« Largo al factotum »
Le comte Almaviva lui demande son aide. Mais voilà que Rosina paraît au balcon et laisse tomber un billet dans lequel elle invite le comte à se présenter. Ce qu’il fait dans une nouvelle sérénade où il dit s’appeler Lindor, être pauvre, et très amoureux. Figaro lui conseille ensuite de se présenter chez Bartolo avec un billet de logement. Pour mieux égarer les soupçons, il aura l’air à moitié ivre.
2e tableau
Rosina, seule, chante son amour pour Lindor et sa détermination d’échapper à son tuteur.
« Una voce poco fa »
Ce dernier paraît, fulminant contre Figaro qui vient de donner médecine à toute la maison. Mais voici qu’entre Basilio, le maître de musique de Rosina, qui vient prévenir Bartolo de la présence à Séville d’Almaviva. Comment lutter contre lui ? Par une arme terrible, la calomnie, répond Basilio.
« La calunnia è un venticello »
Puis, pendant que tous deux vont préparer le contrat de mariage qui doit unir Bartolo à Rosina, Figaro prévient cette dernière, d’une part que son tuteur veut l’épouser dès le lendemain, d’autre part que Lindor l’adore. Rosine ravie remet à Figaro un billet doux déjà préparé pour Lindor. À peine Figaro est-il sorti que Bartolo fait irruption, plus soupçonneux et inquisiteur que jamais. Il n’est pas, proclame-t-il, un homme qu’on berne facilement.
« A un dottor della mia sorte”
Mais voici qu’Almaviva déguisé en soldat se présente. Bartolo lui réplique en brandissant un certificat l’exemptant de toute réquisition. Du coup le dialogue s’échauffe, et le comte en profite pour glisser un billet à Rosina. Figaro accourt, puis c’est la garde qui vient arrêter le fauteur de désordre. Mais le comte fait discrètement savoir qui il est, et la garde se retire, laissant tout le monde dans l’ébahissement.
Acte II
Bartolo s’interroge sur l’identité du soldat qui s’est introduit chez lui, quand un nouveau venu se présente. C’est Alonso, un élève de Basilio remplaçant son maître pour la leçon de Rosina. Basilio, dit-il, est souffrant. Alonso, bien sûr, n’est autre qu’Almaviva déguisé. Bartolo restant méfiant, le comte utilise pour lever ses soupçons le billet doux que lui a fait parvenir Rosina. Il prétend l’avoir reçu par hasard à la place d’Almaviva, et suggère de l’utiliser pour calomnier ce dernier. Bartolo reconnaît là les procédés chéris de Basilio et fait bon accueil à Alonso. La leçon commence. Mais la musique endort Bartolo, et les amoureux en profitent pour se livrer à des apartés passionnés. Là-dessus entre Figaro, venu pour raser le docteur. Il parvient à lui subtiliser la clé de la porte du balcon. Mais c’est alors que surgit Basilio, à la grande surprise de Bartolo. Il faut trouver d’urgence une solution. Une bourse bien garnie convainc Basilio qu’il est très malade et qu’il doit retourner au lit au plus tôt. Figaro rase donc Bartolo, mais ce dernier surprend des propos non équivoques des amoureux. Il entre dans une rage folle, chasse tout le monde, et envoie chercher le notaire pour précipiter son mariage. Puis il montre à Rosina le billet qu’elle avait écrit comme preuve de la légèreté d’Almaviva. Rosina, effondrée répond à Bartolo qu’elle consent à l’épouser sur-le-champ. Mais Figaro et le comte se sont introduits dans la maison grâce à la clé dérobée. Rosina repousse le comte, mais celui-ci n’a pas de mal, en dévoilant son identité, à se justifier. Ils se préparent à s’enfuir discrètement.
Requis pour le contrat de mariage, Basilio et le notaire arrivent et produisent le document que signent Rosina… et Almaviva bien sûr ! Un pistolet et un bijou de prix convainquent Basilio d’accepter d’être témoin. Et Bartolo ne peut que s’incliner, et constater l’inutilité de ses précautions.
L'opéra contient un certain nombre d'airs qui sont parmi les plus populaires de la musique classique. Ainsi, l'ouverture de l'opéra est restée célèbre grâce à sa mélodie. Elle avait préalablement servi à deux autres œuvres quelques années auparavant. Rossini avait réalisé l'ouverture pour Aureliano in Palmira (création le 26 décembre 1813), et l'avait réutilisée ensuite dans Elisabetta, regina d'Inghilterra (création le 4 octobre 1815), avant Il barbiere.
Cavatine de Figaro « Largo al factotum » : Cette cavatine extrêmement célèbre est l'un des grands airs du répertoire de baryton. Elle est très fameuse notamment pour ses séries de "Figaro figaro figaro", "bravo, bravissimo et fortunatissimo" en croches, qui exigent une grande virtuosité et une grande maîtrise de la part de l'exécutant. Certains chanteurs d'opéra demandent au chef d'orchestre d'accélérer le tempo de cet air de manière à augmenter la vitesse de diction qui peut ainsi devenir vertigineuse, privilégiant ainsi la virtuosité au détriment de la qualité musicale.
Cavatine de Rosina « Una voce poco fa » : Cette cavatine est l'un des chefs-d’œuvre du bel canto, et l'un des grands airs de colorature. Le rôle de Rosina est originellement écrit pour contralto de coloratura (ou d'agilité) mais sa popularité a conduit le rôle à être très souvent transposé pour soprano, comme dans la version française du Barbiere. Una voce poco fa, écrit en mi majeur dans la tonalité originale, est un véritable feu d'artifice vocal. Trilles, arpèges, gammes et ornements s'allient à un tempo serré pour demander de la part de l'interprète une grande maîtrise technique4. Au XIXe siècle, un certain nombre de solistes, parmi lesquelles Maria Malibran, ont même ajouté leurs propres ornementations à la mélodie de Rossini, en accroissant encore la difficulté. Aujourd'hui, l'aria est chantée autant par des contraltos ou plus communément par mezzos (dans le ton original) que par des sopranos (qui ajoutent traditionnellement des cadences pouvant monter jusqu'au contre-ré, dans le cas de Diana Damrau). Maria Callas, dont la tessiture de prédilection était un soprano, a créé la surprise en 1957 en chantant Una voce poco fa dans la tonalité originale de mi majeur.

Arena di Verona
C'est en 1549 que l'Accademia Filarmonica présente à Vérone pour la première fois une pièce, Il Geloso, avec des intermèdes musicaux. L'auteur, le conteur italien Matteo Bandello, est surtout connu par ses 214 Nouvelles dont l'une (1564) inspire à William Shaespeare Romeo et Juliette (1594). La légende de Vérone constitue aussi la base d'une trentaine d'opéras.
Dès 1709, l'Accademia Filarmonica assure une saison régulière et, en 1732, le Teatro Filarmonico est inauguré avec la création de La Fida Ninfa de Vivaldi. Il restera le centre de la vie musicale à Vérone jusqu'en 1913, date de la création du Festival qui reste l'élément majeur de la vie musicale de cette ville. Le petit Teatro Filarmonico, détruit par les bombardements en février 1945, a été entièrement restauré et inauguré en 1975 avec Falstaff. Il assure une intéressante et courte saison hivernale.
Quant au Festival, il est né d'une histoire d'amour. Le célèbre ténor véronais Giovanni Zenatello épouse en 1913 la cantatrice espagnole Maria Gay aux États-Unis et l'emmène passer des vacances dans sa ville natale. Les jeunes mariés rencontrent dans un café de la piazza Bra l'impresario Ottone Rovato et le chef d'orchestre Ferruccio Cusinatti, qui s'interrogent sur la meilleure façon de célébrer, à Vérone, le centième anniversaire de la naissance de Giuseppe Verdi, le 10 août suivant.
L'idée de représenter un opéra du maître dans les gigantesques arènes les ravit et ils s'y rendent aussitôt pour faire des essais de voix qui, on s'en doute, sont concluants. Aussi, trois mois plus tard, l'anniversaire est-il célébré, avec Aida, devant 15 000 spectateurs ovationnant nos deux chanteurs dans rôles-titres et le chef d'orchestre Tullio Serafin. Cette réalisation grandiose a demandé un immense travail de préparation, réalisé en quelques semaines seulement.
L'Europe entière, sommée de s'y rendre, accourt. Des billets de congrès sont diffusés partout et les hôtels faisant défaut, on loge chez l'habitant.
Le festival de Vérone est la vraie fête populaire de l'opéra. Les spectateurs des gradins non numérotés font la queue pendant des heures pour tenter de s'approprier les meilleures places à l'ouverture des grilles quatre-vingt-dix minutes avant le début du spectacle. Rituel...
Au terme d’une course effrénée, on s'installe et l'on sort en famille la saucisse sèche le vin rouge. Puis le public des places d'orchestre numérotées fait son entrée en tenue de soirée, et les spectateurs des gradins applaudissent les plus belles robes de « ceux d'en bas ». Rituel...
Quelques instants avant que la représentation ne commence, les projecteurs s'éteignent et le public des gradins allume alors les traditionnelles petites bougies. Cette fois-ci, les spectateurs de l'orchestre applaudissent « ceux d'en haut ». Rituel...
Ce rite des bougies date de la première représentation d'Aida en 1913, en hommage au maître défunt. Dès que les projecteurs, qui éblouissent les spectateurs, leur dissimulant la scène avant la représentation, s'éteignent, la scène s'illumine et le maestro apparaît. Rituel...
Un figurant en costume selon l'œuvre jouée frappe un gong à la fin des entractes pour annoncer la reprise imminente du spectacle, et on l'applaudit aussi. Chaque air reçoit des ovations, ou des sifflets selon les cas. Rituel ...
Mais lorsque Maria Callas fit ses débuts en 1947 dans les célèbres arènes, dans La Gioconda, la diva de ce siècle était née. Peu de chefs osent affronter les difficultés techniques qu'impose une scène démesurée, et Nello Santi racontait qu'à chaque fois qu'il dirigeait aux arènes, il perdait trois kilos, qu'il allait récupérer après le spectacle dans les restaurants de la « piazza » ! a
- Piazza Bra, 1, 37121, Verona VR, Italie
- web
Daniel Oren

Daniel Oren est né à Jaffa (Israël) en 1955, de père arabe et de mère israélienne. Il est élevé par sa mère, qui l’incite à se donner totalement à la pratique de la musique dès son plus jeune âge. Enfant, il prend des cours de solfège, de chant, de violoncelle et de piano. A l’âge de dix ans déjà, il chante ses propres compositions devant le compositeur et chef d’orchestre Léonard Bernstein. Trois ans plus tard, celui-ci le choisit pour la partie soliste de son œuvre chorale les Chichester Psalms, à l’occasion de l’inauguration de la télévision israélienne en 1968. Cette rencontre aura un impact profond sur le jeune Daniel Oren, qui considère Bernstein comme l’un des chefs d’orchestre majeurs de son temps.
Il part très tôt étudier la direction d’orchestre en Allemagne, notamment sous la tutelle de Herbert von Karajan, et en 1975, il remporte le premier prix dans la compétition de direction d’orchestre de ce dernier. Peu après, le temps de faire son service militaire en Israël, sa carrière internationale prend son essor, et il fait ses débuts aux Etats-Unis en 1978. La même année, il devient directeur artistique du Teatro dell’Opera à Rome.
Ainsi, l’Italie détient une place centrale dans sa carrière : il prend successivement la direction artistique du Teatro Verdi à Trieste, celle du Teatro San Carlo à Naples et celle du Teatro Carlo Felice à Gênes, et a dirigé à peu près toutes les scènes majeures du pays. Mais il fait aussi des débuts remarqués à Covent Garden en 1993 avec La Bohème de Puccini, et y retourne à maintes reprises. En 1993, il subjugue également le Metropolitan avec Tosca (Puccini), Luciano Pavarotti chantant le rôle de Mario Caravadossi. Il inaugure enfin le nouvel opéra d’Israël à Massada en 1994 avec Nabucco de Verdi. Son travail sur le répertoire français du XIXe (Bizet, Massenet, etc.) est particulièrement réputé. Ainsi, sa Carmen (Bizet) mise en scène par Franco Zefirelli aux Arènes de Vérone en 1995 est restée dans les annales. De retour sur le répertoire italien, il dirige une représentation de La bohème (Puccini) au Teatro Regio de Turin pour le centenaire de l’œuvre avec Mirella Freni et Luciano Pavarotti, suivie d'une Tosca (Puccini) de référence à l’Opéra de Naples à l’automne 1996.
Depuis 2007, il est directeur artistique du Teatro Giuseppe Verdi à Salerne, où il a dirigé tous les opéras majeurs de ce dernier.Il est intervenu à maintes reprises à l’Opéra de Paris, y compris récemment avec Tosca en 2014.
Il reviendra à l’Opéra de Paris en 2015 dans Adriana Lecouvreur (Cilea) et en 2016 dans Aïda (Verdi). Il ira également à l’Opéra de Beijing en 2015 pour Norma (Bellini) et Le Trouvère (Verdi), et à l’Opéra de Massada dans Nabucco en 2015, plus de vingt ans après l’inauguration du théâtre avec cette même œuvre.
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