L' Inattendu sur tous les fronts

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L'Inattendu sur tous les fronts
Ecrit et réalisé par Bérengère Alfort

Quelle année 2018 ! Hervé Koubi embarque sa compagnie dès janvier pour un tour du monde des plus inespérés. Dès janvier, les Etats-Unis, depuis le prestigieux Joyce Theater de New York, ouvrent leurs portes à un artiste qui fait pourtant danser 12 interprètes masculins, issus principalement d’Algérie, mais aussi du Burkina-Faso, du Maroc. Comment expliquer qu’un pays encore marqué par le puritanisme protestant pétri de conservatisme (l’élection de Donald Trump en est une preuve) accueille à coups de standing ovations incontournables la danse de notre personnage ? Sans doute parce que, comme il l’avoue lui-même, « les gens sont tout sauf stupides, et ne sombrent pas dans l’amalgame. Les 2000 spectateurs du Joyce Theater, qui ont déjà tous réservé leur place pour assister à Ce que le jour doit à la nuit, le confirmeront.

C’est aussi et surtout que la danse du chorégraphe implanté entre Cannes et Brive est faite de poésie, nourrie de calligraphie, de sculpture, mais également de l’apport des interprètes, issus des danses de rues telles que le hip-hop. Et, de cette veine, Hervé Koubi trempe son style en la faisant évoluer à rebours vers le mysticisme des transes de derviches tourneurs. Mais il s’agit d’une « religiosité sans religions ». L’universalité est de mise, et c’est sans doute une piste pour dépasser l’étonnement de voir que la compagnie se produit en avril au théâtre Tropiques-Atrium, à Fort-de-France. La raison de ce fait époustouflant, au vu des tensions passées en Outre-mer, est que le message de paix du chorégraphe est celui d’une « existence première de communauté humaine avant la guerre, et d’une fraternité en-deçà des différences d’origines ». On a tout de même de quoi être ébahi !
Mais la compagnie d’Hervé Koubi, est métissée. Les danseurs comptent des algériens, des marocains, un français d’origine italienne et un burkinabé. « Black, blanc, beur », est-on tenté de dire. Or, par-delà les clichés, une véritable solidarité interraciale et multicommunautaire existe au sein de la compagnie.

Temps fort, et aboutissement du film – le retour de la compagnie au Bolchoï. Là où en 2013, Hervé Koubi a été acclamé, « on en redemande ». Encore un paradoxe, que le film éclaire. Le Bolchoï n’a, déjà, accueilli comme artistes français qu’Angelin Preljocaj et Jean-Christophe Maillot. Jamais deux sans trois – voici le troisième en la personne d’Hervé Koubi. Qui plus est, comment expliquer que cette institution jalouse du classicisme, initié par Petipa qui a œuvré toute sa vie in situ, pour produire Le lac des cygnes ou Casse-Noisette, accueille à bras ouverts une danse métissée, profondément moderne, « brute », viscérale et miroir du monde contemporain ? Par le fait que la danse dite « classique » était ce reflet aussi, en son temps, et surtout que ni la danse de Petipa, ni celle de Koubi ne manquent de lyrisme ni de force technique, ni, surtout, d’émotions. Et ce n’est pas parce que les interprètes algériens viennent des danses de rues que celles-ci n’impliquent pas d’exigence.

Le film propose un suivi à la trace de ce tour du monde sur deux saisons de l’année, de l’hiver au printemps, à travers une immersion dynamique dans cette danse qui réchauffe le froid aux Etats-Unis et apporte la fraîcheur de l’enthousiasme à Fort-de-France, en période « sèche », et en Russie. Immersion par rushes dans les pas des interprètes, dans l’écrin de
paysages contrastés, dans les promenades méditatives du chorégraphe, avec sa mince silhouette déliée, en caméra portée à l’épaule. Succès inattendu, inespéré, mais pas sans raison. Il ne s’agit pas pour moi de tomber dans le didactique, mais de donner des pistes, toujours en filmant des extraits des pièces, en scrutant le regard des publics, y compris de ceux que sont les diffuseurs, et de faire voyager les spectateurs de la création de 60 minutes en les prenant par la main, à l’instar du chorégraphe qui prend la parole avant chaque représentation dans la langue du pays où elle a lieu. Je tiens, en effet, à faire voyager ceux qui verront le film, tant des USA à la Martinique et Moscou, que dans un pays sans frontières, sans douanes, sans passeport nécessaire – celui de l’art d’un homme qui a à cœur de « retrouver le sens d’être ensemble dans un monde régi par les conflits ». Quoi de plus motivant que ce voyage-là ?

LES DANSEURS
L’inattendu sur tous les fronts - Hervé Koubi - Les 13 danseurs de la compagnie sont majoritairement algériens ou d’origine algérienne, à l’exception de quelques artistes récemment arrivés qui sont marocains, et d’Issa Sanou qui est burkinabé. Un bel exemple de métissage noir et arabe.
Ils ont tous été auditionnés par Hervé Koubi, le plus souvent en Algérie, mais aussi en France, à l’exception de Giovanni Martinat que le chorégraphe a rencontré lors d’un concours de la Fédération Française de Danse.

Ils viennent principalement d’Algérie, où ils ont pratiqué les danses de rues, telles que, en particulier, le hip-hop. Pour la plupart, être filmé est à la fois amusant et fascinant pour eux, parce qu’ils ne maîtrisent pas tant les mots que le corps. D’où un intérêt à saisir par la création documentaire des personnages touchants de sensibilité.
Outre les danses de rues, le burkinabé Issa Sanou a aussi été formé au cirque et à l’acrobatie.

Fidèles en art et en amitié, les danseurs restent pour la plupart longtemps dans la compagnie, même si l’on peut constater un turn over depuis deux ans.
Les danseurs de la tournée sont :
Adil Bousbara Abdelghani Ferradji Nadjib Meherhera Zakaria Ghezal Giovanni Martinat Bendehiba Maamar Mourad Messaoud Houssni Mijem El Houssaini Zahid Issa Sanou Riad Mendjel Ismail Oubbajaddi Mohammed Elhilali

Les danseurs de la compagnie se caractérisent par un corps long et musclé, quasiment athlétique, et une allure dynamique. Leur joie de vivre est visible lors des spectacles où ils déploient une énergie impressionnante, en incarnant la gestuelle très vive et chargée d’émotions du chorégraphe. Ils sont autodidactes, ne viennent pas d’institutions, mais savent d’autant mieux s’adapter aux figures métissées de hip-hop et de transes de derviches tourneurs, puisque l’apprentissage est pour eux affaire d’enthousiasme et de « sur le tas ». Quant à la vie de la compagnie, en particulier en tournée, elle est aussi portée par leur reconnaissance et leur plaisir à danser pour le chorégraphe qui, plutôt qu’interprètes, les nomme « artistes chorégraphiques ». Ils ont une large part de propositions dans les pièces, par l’improvisation lors du processus de création et l’intuition instinctive qu’ils proposent pendant les séquences de thématiques que suggère Hervé Koubi, le plus souvent picturales, comme des calligraphies arabes qui sont des points de départ de réflexions corporelles. In fine, sans eux, pas de chair, pas de vie aux projets de celui qui affirme continuellement que « danser, c’est vivre ensemble ».

Compagnie Hervé Koubi

D’origine algérienne, Docteur en Pharmacie / Pharmacien biologiste il a mené de front sa carrière de danseur - chorégraphe et d’étudiant à la Faculté d’Aix Marseille. Formé au Centre International de Danse Rosella Hightower de Cannes, puis à l’Opéra de Marseille. Il sera interprète pour Claude Brumachon au Centre Chorégraphique National de Nantes, Karine Saporta au Centre Chorégraphique National de Caen et Thierry Smits pour la Compagnie Thor à Bruxelles.

En 2000 il crée son premier projet Le Golem. Depuis 2001 il collabore avec Guillaume Gabriel sur l’ensemble de ses créations. Il crée Ménagerie (2002) et Les abattoirs, fantaisie… (2004). En 2006 il collabore avec la musicienne Laetitia Sheriff pour la création 4’30’’. En 2007 il travaille un essai mêlant écriture contemporaine et gestuelle Hip- Hop : Moon Dogs. Pour l’année 2008 il entreprend trois essais chorégraphiques autour des trois écritures : Coppélia, une fiancée aux yeux d’émail… / Les Suprêmes / Bref séjour chez les vivants. Il collaborera pour ces pièces avec l’écrivain Chantal Thomas (pour la création Les Suprêmes) et avec le notateur Romain Panassié (notation Benesh - sur la création Bref séjour chez les vivants). En 2009 il entame une collaboration avec les danseurs ivoiriens de la Compagnie Beliga Kopé pour une création Un rendez-vous en Afrique.

En 2010 il débute un projet méditerranéen jalonné de plusieurs créations El Din ( création 2010-2011), Ce que le jour doit à la nuit (création 2013), Le rêve de Léa (création jeune public 2014), Des hommes qui dansent (création 2014), Les nuits barbares (création 2015), Les premiers matins du monde (création 2016).

Il collabore également avec de vidéastes pour des projet de vidéo danse, Max Vadukul pour Yoji Yamamoto pour le  Chic Chef en 2009, Pierre Magnol pour Bodyconcrete en 2010 et Ovoid Edges en 2012, Pierre Magnol et Michel Guimbard pour Bodyconcrete 2 en 2011.

En parallèle au travail au travail de création de la Compagnie Hervé KOUBI, il est régulièrement invité par des centres de formations professionnelles en France et à l’étranger (Ballet National d’équateur, Ministère de la Culture et de la francophonie de la Côte d’Ivoire, Ballet national du Yucatan au Mexique…). Depuis 2014 il est chorégraphe associé au Pole National Supérieur de Danse (l’Ecole Supérieure de Danse de Cannes et Ecole Nationale Supérieure de Danse de Marseille) et depuis 2015 il est chorégraphe associé au Conservatoire de Danse de Brive-la-Gaillarde.

Il a été décoré en juillet 2015 de l’ordre de Chevalier des Arts et des Lettres.

 

Bérengère Alfort

2014 - 2017 : journaliste pour Ballroom, en danse et musique, doctorante de philosophie à l’Institut Catholique de Paris sur « Figures du mal, le legs de Nietzsche », sous la direction d’Emilie Tardivel, avec production d’articles scientifiques et conférences, auteur et scénariste pour un film documentaire sur le Centre Chorégraphique de Nantes au Musée Zadkine, assistanat au montage, conseil en programmation au club Le Baron pour la danse et la musique, communication écrite pour la compagnie Liminal d’Aurélien Richard, journaliste pour La Terrasse, livrets-programmes pour l’Opéra de Bordeaux et le Ballet du Grand Théâtre de Genève

2013 - 2012 : journaliste à Citizen K, Milk, Danser, Vivre Paris, Luxe Immo, Artistik rezo, en arts plastiques, arts vivants, cinéma, hôtellerie de luxe et objets de luxe, réflexion, chargée de communication pour le festival de la compagnie Samuel Mathieu, chargée de suivre le dossier de production de la compagnie Origami de Gilles Baron en conseil, piges à Standard Magazine...
Participation au séminaire de Jean-Luc Marion en études doctorales
Bénévole pour l’association pour animaux Tends-moi la patte en diffusion et en communication, suivi des adoptants
Bénévole pour les Blouses roses, animation en milieu hospitalier et maisons de retraite

2011 : journaliste à Danser, Vivre Paris, Milk, Luxe Immo, en danse, théâtre, cinéma, photos, design, arts plastiques, culture people... conseil en communication et chorégraphie, contribution à des scénarios et dossiers de production de films en cours, collaboration au Public Système en communication et création pour événements en tant que scénariste et auteur, suivi de la création d’Emilio Calcagno en conseil pour Peau d’âne et Gourmandises, créations 2012

2010 : journaliste à Danser, projet de film en cours, rédactrice en danse pour divers supports
2009 : journaliste à Danser, rédactrice pour les Ballets de Monte-Carlo et le Monaco Dance Forum, projet de film, livre Larousse pour enfants, participation à un reportage sur le projet Looping du festival d’Uzès

2007 - 2008 : journaliste à Dandy, Danser, projet de film sur Nacho Duato pour Mezzo

2006 : journaliste à Danser, Danse light
Auteur d’un film diffusé sur France 2 et Mezzo sur la chorégraphe Nacera Belaza
Chargée de communication et diffusion pour Claudio Basilio et consultante pour Pal Frenak

2005: rédactriceàl’EncyclopédieUniversalis

2004: journalisteàTrax,Inner,MarieClaire,Danselight,lejournalduThéâtre
de la Ville, chargée de communication et de diffusion pour la compagnie de danse Les Gens d’Uterpan

2002-2003 : chargée de la communication écrite du Ballet Preljocaj,
chargée de la communication écrite du Ballet Sidi Larbi Cherkaoui, Ballets C de la B - Christiane Blaise, Serge Ricci, Christine Bastin pour la Biennale du Val-de-Marne, Christine Le Berre, Nacera Belaza, etc...
Rédactrice-collaboratrice ponctuelle (Angelin Preljocaj, Maurice Béjart) aux Livrets programmes de l’Opéra de Paris
Journaliste à Vogue, Marie Claire, Trax

2000 - 2003 : Responsable pour des livrets programmes au Théâtre de la Ville

 

  • Auteur, Réalisateur / Réalisatrice

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