
Le sac de Litha
texte et mise en scène de Gilbert Laumord
Avec Mo-Eun Kim, Ga-Ae Moon, Seung-Hyeok Lee, Hui-Woong Lee (comédien.nes), Lucile Kancel (chanteuse – comédienne), Young-Suk Choi, Christian Laviso, Didier Juste (musiciens)
Partie sur les chemins de l’errance pour échapper à son rôle de femme “Potomitan” – sorte de mère courage caribéenne – Litha ne s’attend pas à l’étrange rencontre qu’elle va faire. Bazil, représentant de la mort dans la culture caribéenne, apparaît sous les traits d’un jeune homme séduisant qui l’invite à danser avec lui la dernière danse. A ce pressant appel, elle répond avec des armes poétiques pour repousser sans cesse l’heure fatidique. Litha fait appel à Édouard Glissant et Aimé Césaire, représentants respectifs du Chaos-Monde et de la Négritude, pour démontrer que la mort n’est pas finitude mais ouvre un cycle nouveau.
Ce spectacle musical crée la rencontre entre la Guadeloupe et la Corée du Sud autour du conte, du chant et des musiques traditionnelles.
Dans ce vaste monde, tout est affaire de rencontres. Et s’il fallait retenir une chose de ce « Sac de Litha », peut-être serait-ce ceci : par quel coup du sort sommes-nous empêchés d’aller à la rencontre de l’autre, riche d’une autre langue, d’une autre culture ? Gilbert Laumord qui a écrit et mis en scène ce spectacle répond à cette question. Rien ne nous en empêche et rien ne doit nous en empêcher. Et c’est à la faveur d’une invitation faite par des membres de l’Université de Séoul (eux-mêmes s’étaient déplacés en Guadeloupe pour venir voir l’acteur-auteur-metteur en scène !) à travailler pendant un an sur place qu’une très grande partie du spectacle a pu se monter.
Tout est décidément affaire de rencontres. A l’arrivée, « Le sac de Litha » mêle acteurs, danseurs, musiciens issus de la Caraïbe et de… Corée du sud ! Une rencontre improbable sur le papier, mais sur scène, c’est l’évidence : une évidence qui saute aux yeux et frappe au cœur. Le spectacle est remarquable en tous points – ou presque.
Tout d’abord, ne pas s’effrayer de ce qui va suivre : une bonne partie de l’histoire de Litha se donne en coréen. Pas de panique, tout est sous-titré, y compris les passages en créole, y compris les moments en français sous-titrés… en coréen ! Cette histoire de Litha, c’est celle d’une femme dont la dernière heure est arrivée et qui se retrouve face au personnage de Bazil, le diable, la mort, et qui pour gagner du temps, lui fait prendre la promesse de ne point l’emmener avant d’avoir vidé son sac. Et son sac contient des histoires qui peuvent se raconter à l’infini…
Passé un temps d’adaptation de notre oreille à cette langue inhabituelle qui véhicule tout cet imaginaire créole, vous vous laisserez emporter tout simplement par l’énergie déployée par l’ensemble de la troupe, aussi bien que par la chorégraphie et la narration qu’en fait le double-personnage de Litha (formidables Mo-Eun Kim et Lucie Kancel). Certes, il s’agit d’un conte et par certains aspects d’une histoire pour enfants qui pourrait paraître naïve. Mais pointent parfois du Glissant, du Césaire en sous-texte qui instille à ce « conte pour enfants », presque « à dormir debout » un caractère de parabole. Et tels le Diable, nous voilà tenus en haleine, captivés…
Et la force de cette rencontre entre la Caraïbe et l’Asie, c’est la façon dont cet imaginaire souvent considéré à travers les temps comme mineur – en raison de l’étroitesse des îles et des territoires dont il est issu - prend une dimension plus forte encore, plus large grâce à ce filtre, ce prisme de l’art ancestral du jeu et de la danse de la Corée. C’est à la fois triste et magnifique de réaliser qu’il nous faut souvent passer par d’autres yeux que les nôtres pour voir la beauté, la singularité, la richesse de ce que ces îles des Petites et Grandes Antilles sont capables de produire, et notamment sur le plan culturel et linguistique.
Avec ses trois musiciens qui créent sur scène ce syncrétisme des musiques et des rythmes antillais et asiatiques, avec cette arène qui rappellent celles des pitts et des scènes rondes du bélè mais sur lesquelles évoluent des pas de danse de Corée, avec ses langues (français, créoles, coréen) mêlées, « Le sac de Litha » réussit son pari et part à la rencontre de ses publics aussi vaste que l’est le monde. Pour ce spectacle, tout est décidément affaire de rencontres….

Chapelle du Verbe Incarné
Le théâtre de la Chapelle du Verbe Incarné accueille des artistes ultra-marins en Avignon. Théâtre, danse, musique, exposition, performances… Il fêtait la 20e édition des Théâtres d'Outre-Mer en Avignon en 2017 !
"Le premier théâtre que chacun se joue est à vrai dire celui de son lieu, qu'il met en relation avec les lieux du monde : l'imagé des pays et des villes et des déserts et des brousses, les obscurs de tant d'histoires…" L'histoire de la Chapelle du Verbe Incarné, à partir du moment où elle a commencé d'être un lieu de théâtre, confirme un tel cheminement, et consacre un tel passage, de l'invitation à la Relation, à la présence de la diversité, au chant du monde. Nous faisons nôtres ces quelques lignes que nous avait adressées Édouard Glissant. Nous aimons les territoires d'ouverture. Nous aimons les incertitudes que procurent les rencontres. Depuis 20 ans, en recevant les créateurs venus de loin jusqu'en cet Avignon qui bouscule et s'insurge, nous déposons nos paysages.
En incluant les créateurs d’outre-mer dans le concert culturel national, l’enjeu est de permettre que l’identité culturelle soit reconnue comme un élément de la richesse culturelle de la France d’aujourd’hui, et non comme un motif d’exclusion explicite ou implicite.
L’autre enjeu est de susciter chez les populations ultra-marines des Dom et de France, un nouvel esprit d’appartenance et donc tout naturellement de citoyenneté active.
En 1997, Greg Germain Président de l’Association CINéDOM+, et Marie-Pierre Bousquet, directrice de la Société de Production Axe Sud, décident ensemble une initiative citoyenne orientée vers le Spectacle Vivant, destinée à faciliter la connaissance et la diffusion des spectacles produits en Outre-Mer et dans la Diaspora. Ils rencontrent Mme Marie-Josée Roig, Maire d’Avignon et lui présentent leur projet: utiliser pendant le festival un lieu permettant d’accueillir les créateurs de ces régions ultra-périphériques.
Le TOMA (Théâtres d’Outre-Mer en Avignon) est créé au festival 1998. En Décembre 2000, une convention pérenne est signée.
Le lieu est appelé à devenir un véritable Centre de Ressources pour l’outre-mer, avec possibilité de résidence de création en mai/juin du spectacle présenté au festival en Juillet. Dans un vrai souci de maillage culturel interrégional, des ateliers composés d’acteurs professionnels, semi-professionnels ou amateurs de PACA seront constitués autour des spectacles créés pendant ces résidences. Ce spectacle » régional » pourra être joué à la Chapelle (hors festival) et dans les quartiers.
Devenu un véritable In dans le festival off, le TOMA :
• Permet aux artistes, de rencontrer dans un lieu d’échange et de libre expression, d’autres artistes partageant les mêmes problématiques.
• Fait connaître la diversité des théâtres de langue française et crée des liens par la confrontation et l’exigence des regards croisés.
• Instaure parmi les opérateurs du Théâtre dans l’hexagone une réelle prise en compte des compagnies de l’Outre-Mer en les intégrant aux circuits de diffusion nationaux.
• Impulse un maillage culturel interrégional.
Gilbert Laumord

Après vingt-cinq ans de travail et recherche artistique dans le domaine essentiellement du théâtre, mais aussi du cinéma, de la musique et de la danse, en avril 2002, Gilbert Laumord a crée la compagnie de théâtre professionnel Siyaj, conventionnée par la DRAC-Guadeloupe.
Il s'est formé à l'Ecole Nationale d'Art Dramatique du Danemark "Statens Teater Skole i Kobenhaun".
A suivi une formation en danse et musique traditionnelle à l'Akadémiduka.
Acteur polyglotte. Il possède la maîtrise de l'espagnol, de l'anglais, du danois, du français et du créole. Bonne connaissance du wouolof, de l'allemand et de l'italien.
A enseigné l'art dramatique dans nombreux établissements, tel que l'Université Antilles Guyane. À dirigé et encadre une formation artistique à l'Artchipel-Scène Nationale de la Guadeloupe, dans le cadre d'une résidence artistique à Beauport avec le concours du Conseil Général de la Guadeloupe.
2017: Ô vous frères humains au théâtre Aimé Césaire à FDF en Martinique.
2015:Ô vous frères humains" au théâtre des Halles, d'Avignon, mise en scène Alain Timar.
2014 : "l'Épreuve de Virjilan" au théâtre Collège de La Salle, d'Avignon, mise en scène Gilbert Laumord et Daniel Marcelin.
2014 : "Ô vous frères humains" au théâtre des Halles, d'Avignon, mise en scène Alain Timar
2011 : «Strange fruit» au théâtre Varia de Bruxelles, mise en scène de M. Dezoteux
2010 : «Chante moi un conte, conte moi une chanson», écrit et mise en scène par G. Laumord
2007 : «Comme deux frères», de M. Condé, mise en scène de J. Exélis
2006 : «Andidan Lawonn‐la», mise en scène de G. Laumord
2005 : «Matouba‐1802», mise en scène de A. Diaz‐Florian
2005 : «Iago», d’après Othello de Shakespeare, mise en scène de J.Exélis
2004 : «Circuit fermé», mise en scène de Y. Médina
2004 : «El Venerable», mise en scène de E. Hernadez Espinosa
2003 : «Con el tiempo», écrit et mise en scène par E. Hernadez Espinosa et G.Laumord
2002: Lecture mise en espace accompagnée par 75 musiciens de l’orchestre symphonique de Cuba,
mise en espace d’ E. Hernandez Espinosa
2002 : «An Siyaj a lavi», mise en scène de G. Laumord
2001 : «Damas acte poétique», autour de Black Label de Léon‐Gontran Damas, direction artistique
J. Jérémie
2000 : « Suite pour ka ? » mise en scène de J‐C Bardu, Cie Mod’Est, l’Artchipel
2000 : « Black Label », mise en scène de J.Jérémie, l’Artichipel
1999 : « Le Balcon », de J. Genêt, mise en scène de G.Germain, festival des Abymes, Guadeloupe et
festival d’Avignon
1998 : « Voix de faits », Cie Métis, Centre des Arts
1998 : « Inventaire d’une mélancolie », texte P. Chamoiseau, mise en scène de A.Timar,
théâtre des Halles, Avignon
1997 : « Il s’était mis à rire », spectacle poétique, l’Artchipel
1997 : « Carêmes » de G. Dambury, l’Artchipel
1996 : « Lettres indiennes » de G.Dambury, mise en scène de A. Timar
1996 : « Madjaka » de G. Dambury, mise en scène de E. Guillaume
1995 : « A l’aventure » de E. Peiller, mise en scène de J.L Hourdin
1990 : « Zoo story » de E. Albee(adaptation), mise en scène de A.Verspan
1989 : « An tan revolisyion » de M. Condé, mise en scène de S. Emmanuel
1986 : « Hommage à Sonny Rupaire », spectacle poétique
1985 : « Chemin de Galta », spectacle poétique, mise en scène de Sito Cave
1984 : « Deux vieux paniqués » de V. Pinera, mise en scène de A. Lerus
1983 : « Hommage à Guy Tirolien », spectacle poétique
1982 : « Hommage à Léon Gontran Damas », spectacle poétique
1981 : « Ode à l’Afrique », spectacle poétique
1980 : « Henry Gambler » de Martin Taarup
1979 : « Faust » de Goëthe
1978 : « Siszne Banzi is dead » de A. Fugard
RÔLES AU CINÉMA ET À LA TÉLÉVISION
2013: « Amor Cuesta Arriba», réalisation N. Nuñez, Villa del Cine (Vénézuela)
2012 : « Bolivar», réalisation L. Lamata , Villa del Cine (Vénézuela)
1999 : « Makibeto», réalisation A.Abela, Blue Eyes Film
1998 : « La nouvelle vie », réalisation de C.Mauduech, Sté Latérit
1997 : « Rien ne va plus », scénario et réalisation de C.Chabrol
1995 : « Mwa bout », clip du groupe Akiyo, réalisation de R. Philogène (T.V)
1990 : « Cœur de couleur », réalisation P. Unia
1990 : « Paniques aux Caraïbes », S.F.P (T.V)
1989 : « Noirs et blancs », réalisation J. Labib (T.V)
1989 : « Tisot et Pansa », réalisation R. Sangla (T.V)
1979 : « Le Misanthrope », réalisation K. Rostrup (T.V)
MISE EN SCÈNE ET DIRECTION ARTISTIQUE
2010 : «Chante moi un conte, conte moi une chanson», écriture et mise en scène
2006 : «Andidan Lawonn‐la», mise en scène
2003 : «Con el tiempo», écriture et mise en scène en collaboration avec E. Hernandez Espinosa
2002 : «An siyaj a lavi», écriture et mise en scène
2002 : Fondateur et directeur artistique de la compagnie Siyaj en collaboration avec Elvia Gutiérrez
CONTES, CHANTS ET POÉSIE
2011 : Album Sénoudé, par G. Laumord et M‐C. Buffon
2010 : «Chante moi un conte, conte moi une chanson», écrit et mise en scène par G. Laumord
1994 : Un conte bleu comme la mer et d’autres contes antillais, écrit avec A. Laumord
1984‐ : participation à de nombreuses manifestations autour du conte, du chant et/ou de la poésie en Guadeloupe et dans le reste de la Caraïbe
1981‐1984: Chanteur dans le circuit hôtelier de la Guadeloupe
1969‐1974: Parcours l’Europe en chantant et en jouant le blues
FORMATION
Depuis 2015 doctorant à l'UQUÀM au programme doctorat en études et pratiques des arts.
"L’Esprit gwoka vers une définition d’une pratique culturelle caribéenne » est l’intitulé de la thèse de doctorat que G. Laumord prépare à l’UQAM (Université de Québec à Montréal) en parallèle à sa pratique artistique. Il a comme objectif d’approfondir son exploration de la tradition orale créole, d’acquérir les outils théoriques pour affiner sa réflexion tout en lui faisant découvrir des courants de pensée et des pratiques théâtrales pluriels. "
Diplôme d’art dramatique ‐ École Nationale d’art dramatique du Danemark « Statens Teaterskole » (1974‐1978)
Diplôme de formateur de danse et musique traditionnelles – Akadémiduka de Guadeloupe (1999)
Nombreux stages d’art dramatique avec entre autre, J. Guillemet, J.C. Penchenat, S.Zemtsov,
E. Guillaume, H. Denis
Etudes d’espagnol – Université de Barcelone (1968)
Baccalauréat
Etudes secondaires au Sénégal et à Londres
RÉCOMPENSE
Prix Makendal décerné par le Ministre de la culture de Cuba pour le travail effectué et la contribution apportée à la culture caribéenne .
Prix du meilleur acteur « Cine Roman Chalbaud 2016 » du long métrage vénézuelien Amor Cuesta Arriba du rélisateur N. Nuñez. 1er Prix du Festival Festival venezuelien: XII Festival Nacional de Cine de Barquisimeto 2016.
- Auteur, Metteur en scène
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