
Anton Bruckner (1824-1896): Symphonie n°8 en ut mineur WAB 108 (1889-90)
I. Allegro moderato
II. Scherzo. Allegro moderato - Trio. Langsam
III. Adagio. Feierlich langsam, doch nicht schleppend
IV. Finale. Feierlich, nicht schnell
Münchner Philharmoniker
Valery Gergiev (Direction)
Anton Bruckner commença en 1884 la Symphonie no.8 en ut mineur, WAB 108, dès l'achèvement de sa 7e symphonie.
Terminée d'abord en 1887, son rejet par Hermann Levi qui avait pourtant eu un rôle déterminant dans le triomphe de la Septième, faillit mener Bruckner jusqu'au suicide, tant dans son esprit sa nouvelle partition représentait un aboutissement.
Bruckner effectue une première révision de l’Adagio l'année suivante1. La version suivante de 1890 est profondément modifiée. En plus des « inévitables » coupures, quelques passages aux harmonies trop hardies sont modifiés. Le trio devient plus mélodieux et, comme déjà dans sa version intermédiaire de 1888, le climax de l′Adagio est dans une tonalité différente : mi bémol majeur au lieu de do majeur dans celle de 1887. Cette nouvelle version requiert par ailleurs un élargissement des bois dans le différentes parties - ce qui lui donne une allure moins austère.
La symphonie connut un grand succès lors de sa création à Vienne le 18 décembre 1892 par l'Orchestre Philharmonique sous la direction de Hans Richter, des critiques la qualifiant même de « Symphonie des symphonies » ou « Sommet de la symphonie romantique ».
La version de 1870 demande, en plus d'un grand orchestre de cordes, trois flûtes traversières (la troisième doublée par un piccolo), trois hautbois, trois clarinettes, trois bassons (le troisième doublé par un contrebasson) – seul le finale requiert les bois par trois – et comme cuivres : quatre cors (huit dans le finale), trois trompettes, trois trombones, un tuba contrebasse et quatre tubas wagnériens (joués en alterance par les cornistes 5-8 dans le finale), ainsi que les cymbales, les timbales, trois harpes et un triangle.
Dans la version de 1890, les quatre mouvements requièrent les bois par trois et les cors par huit – les cors 5-8 remplaçant ainsi largement les tubas wagnériens dans les premier et troisième mouvements – et le piccolo est supprimé.
L'exécution de la symphonie dure, selon les versions, les chefs et sauf exception, entre 75 et 85 minutes, ce qui en fait la plus longue de Bruckner.
La symphonie est en quatre mouvements, le cœur étant constitué par l'association des deux derniers mouvements, colossaux, Adagio et Finale. C'est sans doute pour créer cette union extraordinaire que Bruckner, suivant l'exemple de la Neuvième Symphonie de Beethoven, a inversé l'ordre traditionnel des mouvements en permutant le Scherzo et l'Adagio.
I. Allegro moderato
Le premier mouvement, à l'atmosphère sombre, se termine dans la version originale par un fortissimo. Dans la version de 1890 cette coda est supprimée, le mouvement s'achevant sur un lent decrescendo.
II. Scherzo. Allegro moderato - Trio. Langsam
Le Scherzo, vif et enjoué, est censé dépeindre la figure populaire du Deutscher Michel, le bon paysan germanique, d'après le programme imagé que Bruckner a donné a posteriori sur l'insistance de ses amis et élèves, notamment Franz Schalk. Le thème est celui de la partie de pédalier du prélude pour orgue en ut majeur de Georg Böhm, qui avait déjà été utilisé dans le Credo de sa deuxième messe.
Dans la version de 1887 le trio est accompagné par des trilles des violons, et, dans les versions ultérieures plus mélodieuses, par les arpèges de la harpe.
III. Adagio. Feierlich langsam, doch nicht schleppend
L'Adagio, dont le thème, disait Bruckner, avait été trouvé « dans l'œil d'une jeune fille », a la forme d'une quête méditative intérieure, tendue vers un idéal inaccessible. L'accompagnement du premier thème est basé sur le rythme brucknérien « 2 + 3 ».
Un passage solo des tubas suivi par les bois et des arpèges de la harpe, qui précédait la réexposition du second thème, a été supprimé dans la version de 1890. Le climax du mouvement, ponctué dans la version de 1887 par six coups de cymbales, ne l'est plus que par deux dans les versions ultérieures.
Le mouvement se termine pianissimo par le premier motif que seuls les cuivres (cors et tubas wagnériens) chantent encore.
IV. Finale. Feierlich, nicht schnell
Le finale sonne comme une résolution après la longue méditation. Le début en trois vagues représenterait une rencontre récente entre les empereurs d'Allemagne, de Russie et d'Autriche-Hongrie (la symphonie est d'ailleurs dédiée à François-Joseph Ier d'Autriche).
La coda, avec la reprise des principaux thèmes de chaque mouvement, renforce cette idée d'ultime aboutissement de la Symphonie, au moment où celle-ci commence à se déconstruire et où émergent de nouvelles formes.

Internationales Brucknerfest Linz
En mars 1974, la Brucknerhaus de Linz est inaugurée par un concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Herbert von Karajan. La même année, le Festival international Bruckner de Linz ouvre pour la première fois et est devenu depuis l'un des festivals de musique les plus importants d'Autriche. Les visiteurs du festival apprécient principalement des concerts de musique classique avec des chefs d'orchestre, des solistes et des orchestres de renommée internationale.
A partir de 2018, le Festival Bruckner mettra l'accent sur l'œuvre et les influences de Bruckner et commencera son anniversaire le 4 septembre à Ansfelden où Bruckner , anniversaire de sa naissance et se terminera par l'anniversaire de sa mort le 11 octobre à St. Florian .
Chaque année, le Festival international Bruckner de Linz se consacre à un nouveau thème, afin de découvrir la personnalité artistique de Bruckner, étape par étape. Le thème de l'année 2018 est «Bruckner et Tradition», en se concentrant sur les compositeurs qui ont influencé durablement les œuvres d'Anton Bruckner. Par conséquent, tous les concerts présentés au cours du Festival International Bruckner auront une relation directe ou indirecte avec Anton Bruckner, soit qu'il ait entendu sa musique elle-même, soit qu'elle l'ait inspiré d'une manière ou d'une autre.
Valery Gergiev

Valery Gergiev est un des chefs d’orchestre les plus charismatiques de notre époque. Initié à la musique par le piano, il étudie la direction d’orchestre au Conservatoire de Léningrad (Saint-Pétersbourg) dans la classe du célèbre pédagogue Ilya Musin. Après un début sur la scène de l’Opéra Kirov (aujourd’hui le Théâtre Mariinsky), il y est nommé chef assistant de Yuri Temirkanov, et peu après il débute une carrière internationale qui prend rapidement son envol et le mène sur les scènes les plus prestigieuses, de Londres à New York, en passant par Vienne et Paris.
Depuis 1988, alors âgé de seulement 35 ans, il est à la tête du Théâtre Mariinsky, dont il a considérablement élargi et modernisé le répertoire : les classiques du répertoire lyrique (Mozart, Verdi, Puccini, Richard Strauss, Britten) côtoient les créations et les grandes pages du répertoire russe (Moussorgski, Tchaïkovski, Chostakovich, Prokofiev), sans oublier les compositeurs incontournables du XXe siècle (Messiaen, Dutilleux, Gubaidulina ou Giya Kancheli).
Valery Gergiev continue à diriger plus de 200 concerts par an, ainsi que des festivals en Russie et ailleurs (Stars des Nuits blanches de Saint-Pétersbourg), participe aux jurys de différents concours et s’engage auprès des jeunes interprètes et compositeurs. Très exposé médiatiquement, il a été nommé Artiste de l’UNESCO pour la paix, a pris position dans des conflits politiques (le conflit entre la Russie et l’Ossétie du Sud), mais s’est également impliqué dans différents projets à vocation sociale liés à la musique (Building on Excellence: Orchestras for the 21st century au Royaume-Uni). Il a reçu de nombreuses récompenses pour l’ensemble de sa carrière.
Münchner Philharmoniker

Fondé en 1893, l'Orchestre philharmonique de Munich (Münchner Philharmoniker) est alors le seul orchestre permanent entièrement consacré au concert dans la capitale bavaroise. Il porte d'abord le nom de Kaim-Orchester, référence à son fondateur Franz Kaim, qui fait construire pour l'orchestre la salle où il donne ses concerts, inaugurée en 1895. En 1908, il devient Orchestre du Konzertverein de Munich (Orchester des Münchner Konzertvereins) et, en 1924, adopte son nom actuel. Depuis 1985, il dispose d'une nouvelle salle, la Philharmonie am Gasteig.
Les premiers chefs se sont succédé rapidement : Hans Winderstein (1893-1895), qui dirige le premier concert de l'orchestre, le 13 octobre 1893, Herman Zumpe (1895-1897), Ferdinand Löwe (1897-1898). Felix Weingartner est le premier chef qui parvienne à imposer sa marque (1898-1905) ; il est suivi de Georg Schnéevoigt (1905-1908). Gustav Mahler crée avec cet orchestre sa Quatrième Symphonie, le 25 novembre 1901, et sa Huitième Symphonie « Des Mille », le 12 septembre 1910 ; six mois après sa mort, Bruno Walter y crée, le 20 novembre 1911, Le Chant de la Terre. Ferdinand Löwe et Paul Prill (1908-1914) puis Hans Pfitzner (1919-1920) se succèdent au pupitre avant que l'orchestre ne connaisse une deuxième étape importante dans son évolution, sous la baguette de Siegmund von Hausegger (1920-1938). L'Orchestre philharmonique de Munich est alors considéré comme l'un des meilleurs ensembles allemands, notamment pour la musique de Bruckner, dont il fait connaître les versions originales de ses symphonies. Oswald Kabasta (1938-1945) s'inscrit dans la même ligne. Hans Rosbaud (1945-1948) ouvre le répertoire à la musique du xxe siècle. Fritz Rieger (1949-1967) cultive davantage la tradition romantique. Avec Rudolf Kempe (1967-1976), l'orchestre entre dans une période de renouveau (modernisation du style d'exécution, ouverture du répertoire) qui prend son plein essor sous la direction exigeante de Sergiù Celibidache (1979-1996). Son successeur, en 1999, est l'Américain James Levine. Christian Thielemann prend sa relève de 2004 à 2012, suivi par Lorin Maazel.
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