
Ludwig van Beethoven: Missa Solemnis en ré majeur op. 123
Katarina Štúrová, soprano
Eva Garajová, alto
Tomáš Černý, ténor
Gustáv Beláček, basse
Brno Philharmonic Choir
Petr Fiala, chef de chœur
Prague Philharmonia - PKF
Jan Fišer, violon solo
Jiří Bělohlávek, direction
La Messe solennelle en ré majeur ou Missa solemnis, opus 123, de Ludwig van Beethoven, fut composée entre 1818 et 18231, publiée en avril 1827 et dédiée à son élève l'archiduc Rodolphe1. Pièce majeure du répertoire sacré en bonne place aux côtés de la Messe en si mineur de Bach et du Requiem de Mozart, elle est l'œuvre la plus longue de Beethoven après son opéra Fidelio et assurément celle qui lui a réclamé le plus de travail. Il s'agit de sa troisième œuvre vocale à caractère sacré, après l'oratorio Le Christ au Mont des Oliviers (1801) et la Messe en ut majeur (1807).
La Missa solemnis était considérée par Beethoven comme « sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage ».
La production de Beethoven comporte peu d'œuvres à caractère sacré : l'oratorio Christus am Ölberge et les Gellert Lieder3 suivant la crise existentielle survenue en 1802 à Heiligenstadt, la Messe en ut majeur commandée par le prince Esterhazy en 1807 et la Missa solemnis. On peut sans doute y adjoindre des œuvres à caractère spirituel et ontologique comme le finale de la Neuvième Symphonie ou le Dankgesang du 15e Quatuor et celles où apparaît le mythe prométhéen (Les Créatures de Prométhée, Troisième Symphonie).
Les cinq années qui suivent 1812 (l'année des Septième et Huitième symphonies) sont les plus éprouvantes de la vie de Beethoven. Tandis que sa surdité devient totale, il doit faire face à une accumulation de soucis familiaux (décès de son frère Kaspar-Karl en 1815, série de procès contre sa belle-sœur pour obtenir la tutelle exclusive de son neveu Karl), matériels (isolement, pauvreté grandissante) mais aussi professionnels (perte progressive de la faveur du public viennois) qui se traduisent par un ralentissement considérable de son activité créatrice. Entre 1816 et 1817, le musicien tombe gravement malade et semble proche du suicide. Mais ses forces reviennent vers la fin de 1817, tandis qu'il commence le travail pour la sonate « Hammerklavier ». Beethoven avait toujours été croyant sans être un pratiquant assidu, mais une des caractéristiques du musicien dans sa dernière période créatrice est de s'être tourné vers la spiritualité.
Dès l'entrée du Kyrie, on éprouve une impression de grandeur qui n'a d'égale que celle donnée par l'entrée similaire dans la Messe en si mineur de Bach. C'est le genre humain tout entier qui implore la miséricorde divine. Bientôt la tonalité ré majeur s'infléchit vers le relatif mineur ; une sorte de démarche pénible nous montre le Fils de Dieu descendu sur terre ; mais le mot : Christe, établi sur la même musique que : Kyrie, symbolise l'identité des deux personnes en un seul Dieu, tandis que le troisième Kyrie, représentant l'Esprit saint, troisième personne participant à la même divinité que les deux autres, la sous-dominante, comme trait d'union des trois représentations d'un Dieu unique. ».
Le Gloria s'impose brillamment par une fanfare de trompette confiée aux contralti du chœur. […] Après le cris de gloire, tout se calme subitement sur les mots : pax hominibus etc. ; et c'est déjà comme l'esquisse, en ses degrés essentiels, du grand thème de Paix qui conclura l'œuvre. […] La sonnerie de trompette qui sert de pivot à tout ce morceau, se fait entendre presque constamment, toutes les fois au moins, que les paroles désignent un appel à la force ou un symbole de puissance.
Avec le Credo, nous rentrons dans la cathédrale pour ne plus en sortir. — Et n'est-ce pas, même plastiquement, une vraie cathédrale, que ce Credo, ce monument sublime de la foi catholique, avec sa division, si tranchée, en trois nefs, celle du milieu aboutissant à l'autel du sacrifice: Et Homo factus est? […] [Il] est divisé en trois grandes parties suivant le système trinitaire en usage dans un grand nombre de pièces liturgiques.
Dans le Sanctus, Beethoven, respectueux de la liturgie catholique et sachant que, durant le mystère de la Consécration, nulle voix ne doit se faire entendre, Beethoven est parvenu, par la puissance de son génie, à sublimer le silence. Ce Præludium, qui laisse à l'officiant le temps de consacrer le pain et le vin, est, à notre sens, une inspiration infiniment plus haute de pensée que le charmant concerto de violon et de voix qui le suit.
Kirkendale observe à ce propos que dans le Livre d'Isaïe, le Sanctus est l'hymne des anges au-dessus du temple de Jérusalem, et que les trompettes étaient des instruments tant des anges que des prêtres du temple12.
Le Præludium orchestral polyphonique en sol majeur (sostenuto ma non troppo) séparant l’Osanna du Benedictus, sans équivalent dans les messes orchestrales des autres grands compositeurs, se justifie pleinement d'un point de vue liturgique pendant l'élévation. Un violon solo dans l'aigu superposé au dernier accord du Præludium fait le lien avec le Benedictus (andante molto cantabile e non troppo en sol majeur), où cet instrument est traité en soliste d'un bout à l'autre en un rythme à 12/8 et dans une atmosphère quasi pastorale se maintenant pour la reprise de l’Osanna.
Agnus Dei
C'est dans cette pièce et dans le prélude pour la Consécration, que le sentiment religieux de Beethoven apparaît le plus clairement. Tout le long début, où l'humanité implore la miséricorde de l'Agneau divin, est d'une beauté encore inégalée dans l'histoire musicale. En l'examinant attentivement, on découvrira combien cette imploration latine, c'est-à-dire douée de l'effusion particulièrement catholique, est différente de la prière grecque du Kyrie, prière plus ordonnée, il est vrai, à la manière de l'art antique, mais moins affectueuse et moins pressante. Et si cette prière-là monte, si haletante, vers l'autel de l'Agneau, victime de la Haine, c'est qu'elle implore de lui la paix: « paix intérieure » et « extérieure », a écrit Beethoven. Plus de pensées haineuses, plus de luttes intimes ou de profonds découragements ; le thème de la Paix a jailli, lumineux et calme, hors du ton indécis de si mineur, il nous rend enfin la tonalité de ré majeur, celle de la Foi, celle de l'Amour, celle dont s'est enveloppée la Charité, dans la IXe Symphonie.
La première partie du mouvement, Adagio, s'articule autour d'un long dialogue entre chœur et solistes, qui interviennent à tour de rôle. Beethoven donne ici l'impression d'amplification progressive et structurée, rendue par l'augmentation graduelle du nombre de voix et de la complexité orchestrale.

Rudolfinum Dvorak Hall
Si le Théâtre des Etats est intimement lié à Mozart, le Rudolfinum évoque un autre géant de la musique classique, Antonín Dvořák. Il dirigea ici le tout premier concert de l'orchestre philharmonique tchèque avec au programme sa célèbre Symphonie du Nouveau Monde. Connue pour offrir la meilleure acoustique de la ville, la grande salle reste le siège de cet ensemble symphonique prestigieux.
Construit de 1875 à 1885, le bâtiment néo-Renaissance, sur les rives de la Vltava, est l’une des réalisations architecturales les plus importantes de l’époque, signée Josef Zítek (également auteur du Théâtre National) et Josef Schulze (auteur du Musée national). La grande salle de concert qui manquait à la ville est inaugurée en 1885, dès le départ couplée à des espaces d’expositions artistiques, encore dévolus de nos jours à l‘art contemporain.
Temporairement siège du Parlement tchécoslovaque sous la 1ère République avant de retrouver sa fonction initiale, le bâtiment renferme un bijou d’acoustique : la grande salle Dvořák, qui a gardé son ornementation originale très élégante.
Siège de l’Orchestre philharmonique de Prague, acteur important du festival du Printemps de Prague du nouveau festival La Prague de Dvořak ou de l’éclectique festival des Cordes d’Automne, on peut y écouter principalement les grandes œuvres du répertoire romantique européen, mais aussi de la musique baroque (Zelenka) jusqu’à la création plus contemporaine (Bohuslav Martinů).
Jiří Bělohlávek

Reconnu aujourd’hui comme l’un des tout premiers chefs de sa génération, Jiří Bělohlávek doit sa grande expérience à ses collaborations avec l’Orchestre Philharmonique d’État de Brno, l'Orchestre Symphonique de Prague (où il était chef principal), le Théâtre National de Prague (chef invité permanent), la Philharmonie Tchèque (chef principal et directeur artistique). À partir de 1994, il dirige The Prague Philharmonia, dont il est le fondateur. Nommé Directeur Artistique de l’Orchestre Philharmonique Slovaque en 2003, il enseigne dès 1995 à l’Académie des Arts de Prague. De 2006 à 2012, il a dirigé le BBC Symphony Orchestra et vient de prendre la direction de la Philharmonie Tchèque.
Dès 1979, Jiří Bělohlávek commençait à se consacrer à l’opéra, qui prendra une part non négligeable dans sa carrière de chef d’orchestre : invité permanent de l’Opéra-Comique de Berlin, il a notamment dirigé Le Secret de Smetana et Le Libertin de Stravinsky. La production de Jenůfa de de Janáček au Festival de Glyndebourne en juin 2000 (mise en scène Nikolaus Lehnhoff) a été distinguée par le Barclay Theatre Award à Londres. En 2003 à Glyndebourne, puis à Baden-Baden en 2007, il a dirigé un Tristan et Isolde de Wagner, qualifié outre-Manche de “Production de l’année”. En 2007, il a également dirigé Katia Kabanova de Janáček au Metropolitan Opera de New York…
Chef invité des philharmonies de New York, Munich, Berlin, Stockholm, du Japon, des orchestres symphoniques de Boston, Sydney, Vienne, Londres et Birmingham, du NHK Symphony à Tokyo, du Gewandhaus à Leipzig et de la Staatskapelle de Dresde, il participe également aux principaux festivals d'opéra européens.
En 2012, la Reine Elisabeth l'a élevé au rang de Commander of the British Empire.
Jiří Bělohlávek est mort à Prague le 1er juin 2017.
- Chef d'orchestre
PKF- Prague Philharmonia

Le PKF - Prague Philharmonia, a été fondé en 1994 à l'initiative du chef d’orchestre Jiří Bělohlávek dans un souci de renouvellement des orchestres en République tchèque.
Peu de temps après sa fondation, le PKF - Prague Philharmonia a rejoint les rangs des orchestres tchèques les plus respectés et acquis une grande renommée internationale.
Le PKF - Prague Philharmonia est apprécié pour sa sonorité caractéristique, du classicisme viennois, aux répertoires romantiques, modernes et contemporains.
Depuis le début de la saison 2008-2009, l'orchestre a été dirigé par le chef d'orchestre et directeur musical Jakub Hrůša, le fondateur de l'ensemble, Jiří Bělohlávek, restant directeur honorifique. Depuis le début de la saison 2015-16, le chef d'orchestre français Emmanuel Villaume occupe le poste de directeur musical.
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