
Henri Dutilleux (1916-2013): Ainsi la nuit
Quatuor Les Dissonances
David Grimal, violon
Hans Peter Hofmann, violon
David Gaillard, alto
Xavier Phillips, violoncelle
I. Nocturne – Parenthèse 1
II. Miroir d’espace – Parenthèse 2 III. Litanies – Parenthèse 3
IV. Litanies 2 – Parenthèse 4
V. Constellations
VI. Nocturne 2
VII. Temps suspendu
Composition : 1971-1977.
Commande : Fondation Koussevitzki.
Dédicace : à la mémoire d’un ami de l’auteur, Ernest Sussman. Création : le 6 janvier 1977 à Paris par le Quatuor Parrenin. Durée : environ 18 minutes.
Avant d’être la partition aboutie que l’on connaît, Ainsi la nuit fut d’abord conçue comme une succession de cinq études pour quatuor à cordes. Elles portaient alors le titre de Nuits. Cette première orientation de la composition, dont il ne nous reste aujourd’hui qu’un état lacunaire, constitué de trois études, visait à exploiter les potentialités acoustiques et techniques de fragments isolés. Ce projet initial, daté de 1974, a donné lieu à un prolongement de l’écriture vers une organisation de l’œuvre en un ensemble de « sept sections reliées pour la plupart les unes aux autres par des parenthèses souvent très brèves mais importantes pour le rôle organique qui leur est dévolu ». C’est en ces termes que Dutilleux conçoit la structuration de la forme de son quatuor dans la préface de sa partition. Il ajoute : « Des allusions à ce qui va suivre – ou ce qui précède – s’y trouvent placées et elles se situent comme autant de points de repères ».
Ainsi la nuit est l’une des compositions les plus complexes d’Henri Dutilleux, mais également l’une des plus fascinantes, tant elle apparaît comme la parfaite réalisation du « concept de mémoire ».
La transition y est pensée sur le moment et à distance. Le « concept de mémoire » et la notion de
« croissance progressive » qu’interroge Dutilleux sous-entendent à la fois la perception préalable d’un enchaînement entre deux états et celle d’une « traversée », pour reprendre l’idée du philosophe Paul Ricœur à propos du parcours de À la recherche du temps perdu de Marcel Proust (temps structuré par des zones d’absences et de résurgences). La notion de préfiguration dans Ainsi la nuit est rendue significative par la logique de transformation qu’induit un ensemble de signaux musicaux contenus dans les parenthèses mais aussi dans les séquences principales : un accord pivot, un motif de quatre sons et ses dérivés, l’exploitation de registres extrêmes...
La « matrice » harmonique et dynamique qui sert de base à l’introduction de l’œuvre n’est autre que le matériau qui structurera de nombreuses séquences, dont « Litanies » et « Temps suspendu ». À la « période statique d’où émergent des mouvements linéaires » qui se font « parfois l’écho des sons de la nature » dans le premier « Nocturne » forment contraste, à distance, la « mobilité » et la « vivacité » extrêmes du deuxième « Nocturne ». L’« écriture en éventail » de « Miroir d’espace » semble exploiter un matériau de quatre sons dont on comprend bien vite qu’il est une possible projection des intervalles du chant basé sur un chromatisme retourné, présenté dans la première « Parenthèse » et entendu plus tard de manière claire dans « Litanies 2 ». On constate ici combien la densité du discours musical servie par la logique compositionnelle crée également sa part de mystère et de métaphore. L’œuvre s’achève par l’exploitation d’« un mouvement d’horlogerie [qui] s’installe progressivement sur un fond d’harmoniques de cloches lointaines. Le temps semble figé ».

Cité de la Musique
Conçue par l’architecte Christian de Portzamparc, la Cité de la musique, inaugurée en 1995, est un lieu d’art et de vie, immergé dans la verdure du parc de la Villette.
Projet novateur de transmission de la musique, c'est un pôle de référence national et international entièrement dédié à la musique, avec quelque 250 concerts par an destinés aux adultes et aux jeunes, un Musée de la musique aux collections rares, une Médiathèque dotée de quelque 100 000 documents et une offre pédagogique riche et variée.
Résolument ouverte sur le monde, la Cité de la musique accueille les artistes internationaux les plus en vue. En association avec de prestigieuses salles européennes (membres du réseau ECHO), elle favorise la création musicale et la promotion des jeunes talents européens. Elle coproduit également des expositions avec des musées étrangers et diffuse son expertise et son savoir-faire dans le monde.
La Cité de la musique est un établissement public industriel et commercial qui bénéficie du soutien du ministère de la Culture et de la Communication.
La Cité de la musique est un lieu d’échanges parfaitement intégré dans un espace culturellement dense (avec notamment le Conservatoire de Paris, la Grande Halle de la Villette, la Cité des sciences et de l’industrie, le Zénith, les cinémas MK2 quai de Seine et quai de Loire, le Cent quatre… et dont le devenir est prometteur (l’ouverture de la Philharmonie de Paris est prévue en janvier 2015).
La Cité est aussi un lieu de convivialité et de détente. Côté cour, avec sa librairie Harmonia Mundi et son Café des concerts au design épuré et à la cuisine inventive, elle invite à des moments de détente autour d'une visite ou d'un concert.
David Grimal

Après le Conservatoire de Paris (CNSMDP), où il travaille avec Régis Pasquier, David Grimal bénéficie des conseils d’artistes prestigieux, tels que Shlomo Mintz ou Isaac Stern, passe un an à Sciences-Po Paris, puis fait la rencontre, décisive, de Philippe Hirschhorn.
Il est sollicité par de nombreux orchestres : Orchestre de Paris, Orchestre Philharmonique de Radio France, Orchestre National de Russie, Orchestre National de Lyon, New Japan Philharmonic, Orchestre de l’Opéra de Lyon, Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, Orchestre Symphonique de Jérusalem ou Sinfonia Varsovia, sous la direction de Christoph Eschenbach, Michel Plasson, Michael Schønwandt, Peter Csaba, Heinrich Schiff, Lawrence Foster, Emmanuel Krivine, Mikhaïl Pletnev, Rafael Frühbeck de Burgos, Peter Eötvös…
De nombreux compositeurs lui ont dédié leurs œuvres, parmi lesquels Marc-André Dalbavie, Brice Pauset, Thierry Escaich, Jean-François Zygel, Alexandre Gasparov, Victor Kissine, Fuminori Tanada, Ivan Fedele, Philippe Hersant, Anders Hillborg, Oscar Bianchi, Guillaume Connesson, et Frédéric Verrières.
Depuis de nombreuses années, David Grimal poursuit par ailleurs une collaboration avec Georges Pludermacher en récital. Ils se produisent dans le monde entier et leur discographie, qui comprend des œuvres de Ravel, Debussy, Bartók, Franck, Strauss, Enesco, Szymanowski et Janácek, a obtenu des récompenses prestigieuses.
David Grimal a enregistré les Sonatines de Schubert avec Valery Afanassiev. En 2009, son intégrale des Sonates et Partitas de Bach, accompagnée de Kontrapartita - une création de Brice Pauset qui lui est dédiée -, a obtenu le Choc de Classica – Le Monde de la Musique. Son enregistrement du Concerto pour violon de Thierry Escaich avec l’Orchestre National de Lyon a quant à lui reçu le Choc de Classica en 2011.
En marge de sa carrière de soliste, David Grimal a souhaité s’investir dans des projets plus personnels. L’espace de liberté qu’il a créé avec Les Dissonances lui permet de développer son univers intérieur en explorant d’autres répertoires.
Sous l’égide des Dissonances, il a également créé « L’Autre Saison », une saison de concerts en faveur des sans-abris, en l’église Saint-Leu à Paris. David Grimal est artiste en résidence à l’Opéra de Dijon depuis 2008. Il enseigne le violon à la Musikhochschule de Sarrebruck en Allemagne, donne de nombreuses masterclasses et a été membre du jury du Concours International Long-Thibaud à Paris en 2010. Il a été fait chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture en 2008. Il joue sur un Stradivarius, le « ex-Roederer » de 1710, et sur un violon fait pour lui par le luthier français Jacques Fustier, le « Don Quichotte ».
Les Dissonances

Les Dissonances, collectif d’artistes : on a pris l’habitude de voir les musiciens dirigés à la baguette. Jouer sans chef, c’est prendre la liberté de se réunir lors de sessions de travail, dans un espace décloisonné où chacun crée sa place. Solistes, chambristes, musiciens d’orchestre et brillants étudiants en devenir se retrouvent afin de s’enrichir mutuellement. Un espace où compositeurs et interprètes renouent un dialogue nécessaire.
Les Dissonances poussent toujours plus loin le niveau artistique des défis qu’elles relèvent, des Symphonies de Beethoven à celles de Brahms, en passant par des programmes mettant à l’honneur des œuvres trop peu connues du public.
Premier orchestre symphonique sans chef d’orchestre, Les Dissonances réinventent la pratique musicale à travers une organisation participative où les talents et les idées de chacun sont valorisées.
L’orchestre se produit sur de nombreuses scènes européennes et a obtenu la reconnaissance immédiate de la critique internationale.
Liberté des musiciens, dans leur choix de travailler ensemble, liberté de choix des compositeurs, des oeuvres et des programmes, et libre association avec les salles et festivals qui partagent ce même souci d’exigence, d’excellence et d’innovation artistique.
Car cette exigence en tout est la contrepartie à cette liberté en tout revendiquée par Les Dissonances. Il faut y ajouter d’autres valeurs : Les Dissonances ont un inspirateur et un leader, mais elles n’ont pas de Chef ! Les musiciens sont tous égaux et unis par le partage fraternel de la musique. Liberté, égalité, fraternité, générosité, voilà les valeurs qui animent et inspirent Les Dissonances… et bien sûr leurs partenaires.
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