
Gioachino Rossini: La Cenerentola
dramma giocoso in due atti
sur un livret de Jacopo Feretti d'après le conte Cendrillon de Charles Perrault
Jean Bellorini: mise en scène, décors
Nelly Geyres: costumes
Clara Meloni, Clorinda
Emily Fons, Angelina (Cinderella)
Julie Pasturaud, Tisbe
Taylor Stayton, Don Ramiro
Armando Noguera, Dandini, valet to Ramiro
Roberto Lorenzi, Alidoro
Renato Girolami, Don Magnifico
Choeurs de l’Opéra de Lille
Emmanuel Olivier, Chef de choeur
Yves Parmentier, Chef de choeur
Orchestre de Picardie
Antonello Allemandi, direction
La Cenerentola est le dernier opéra-bouffe composé par Gioachino Rossini pour le public italien. Il s'agit d'un dramma giocoso en deux actes dont le livret est de Jacopo Ferretti, d’après le conte Cendrillon de Charles Perrault. Cet opéra a été créé le 28 janvier 1817 au Teatro Valle de Rome.
Les éléments surnaturels apparaissant dans le conte ne figurent pas dans le livret de Ferretti. Quelques éléments ont également été modifiés. Par exemple, la pantoufle est remplacée par un bracelet afin d'éviter aux actrices de l'époque d'avoir à exhiber pieds et jambes aux yeux du public1. La fée est quant à elle remplacée par Alidoro, philosophe et tuteur du Prince Don Ramiro, dont Angelina (Cendrillon) est éprise. Enfin, l'acariâtre belle-mère est remplacée par Don Magnifico, père de Clorinda et Tisbe, et beau-père d'Angelina.
Ferretti a enfin voulu, comme il l'indique dans le sous-titre du livret, montrer que la bonté triomphe, puisqu'à la fin, Cendrillon, au moment de devenir reine, pardonne à son père et à ses deux sœurs de l'avoir traitée de façon si cruelle au fil des années. Ferretti a également introduit des éléments de comédie dans le livret : comique de situation, répliques, jeux entre personnages (Don Magnifico et le faux Prince lorsque ce dernier lui révèle la supercherie, jeu d'inversion des rôles de Prince et de valet, etc.)
L'histoire est néanmoins proche de celle du conte dans son déroulement.
Acte I
L'histoire commence un matin en la demeure de Don Magnifico, qui n'est pas aussi riche qu'il le souhaiterait. Clorinda effectue quelques pas de danse tandis que Tisbe s'admire dans le miroir. Les deux sœurs sont en compétition quant à leur beauté et leur charme, mais de façon ridicule, aucune n'étant réellement attirante. Angelina, surnommée Cenerentola, est employée par Magnifico et ses filles comme souillon, et vit un véritable enfer. Elle n'a de cesse de chanter une chanson populaire relatant l'histoire d'un roi cherchant une épouse pour son humanité et non pour son rang et sa beauté, s'attirant les remontrances de ses belles-sœurs.
Le Prince Don Ramiro devant trouver femme, son tuteur Alidoro, l'aide à son insu. Il se fait passer pour un mendiant afin d'estimer l'accueil réservé par les prétendantes au trône. Il se présente chez Don Magnifico et se fait rejeter brutalement par ses filles. Seule Angelina lui apportera compassion et assistance, bravant la haine que cela génère chez Clorinda et Tisbe.
Se présentent alors des gens de cour expliquant que Don Ramiro viendra en ces lieux inviter les filles de Don Magnifico à un grand bal destiné à lui permettre de choisir son épouse. Clorinda et Tisbe y voient leur avenir tandis qu'elles continuent de s'en prendre à Cenerentola. Remarquant le mendiant resté là, elles le chassent. Angelina lui dit regretter amèrement de ne pouvoir lui donner d'argent, car il est pauvre et malheureux. Alidoro croit remarquer une personne digne du Prince, et lui répond laconiquement que demain, peut-être, il en sera autrement.
Tout ceci réveille Don Magnifico, qui apparaît dans la pièce en habits de nuit. Il réprimande ses filles, leur expliquant qu'elles ont interrompu un rêve magnifique. Un âne (somaro, dans le texte italien) ailé qui se mettait à voler. Il interprète ce rêve comme une prémonition de bonne fortune. Il est ainsi convaincu que ses filles vont faire un mariage royal et qu'il sera grand-père de rois. Clorinda et Tisbe lui font alors part de la visite des gens de cour, du mariage du Prince et de l'invitation au bal.
Don Magnifico ne se sent plus de joie et tous trois se préparent à l'arrivée du Prince.
Entre alors le valet du Prince. Il s'agit en réalité de Don Ramiro lui-même, mais déguisé en son valet. Alidoro lui a en effet confié que l'épouse qu'il recherche pourrait vivre ici. Il est seul dans la pièce lorsqu'entre Angelina. Chacun d'entre eux succombe instantanément au charme de l'autre, mais tâche de n'en rien montrer. Angelina en laisse tomber la vaisselle qu'elle a dans les mains. Mais le faux valet dit alors vouloir rencontrer les filles de Don Magnifico, et demande à Angelina qui elle est. Bouleversée, elle lui répond qu'elle n'est personne, qu'elle n'est qu'une servante.
Pendant son récit, le Prince en tombe irrésistiblement amoureux. C'est alors que l'on entend les belles-sœurs de Cenerentola lui donner durement des ordres. Elle quitte la pièce et le Prince remarque que même en haillons, il se dégage d'elle une réelle beauté.
Dandini, le valet de Don Ramiro, entre alors en grande pompe. Il est déguisé de façon à se faire passer pour le Prince. Il aide ainsi ce dernier, à sa demande, à trouver l'épouse qu'il recherche. Dandini explique avoir rencontré bon nombre de prétendantes, mais ne pas avoir encore trouvé sa future épouse. Entrent Don Magnifico, Clorinda et Tisbe, agités par cette visite. Le faux Prince courtise les deux sœurs, si bien qu'elles et leur père sont certains de parvenir à le séduire. Dandini en fait un peu trop, si bien que le véritable Prince doit le tempérer discrètement. Ce faisant, Don Ramiro profite de son rôle pour chercher désespérément Angelina du regard, et celle-ci le remarque bien. Le faux Prince explique encore que selon le vœu de son père, il doit se marier ou bien perdre son héritage. Il fait alors accompagner les deux sœurs au bal. Seul Don Ramiro demeure, toujours déguisé en valet.
Angelina supplie son beau-père de la laisser aller à ce bal, ne serait-ce qu'une heure, mais celui-ci refuse de façon dure et brutale, en présence de Don Ramiro et Dandini et en s'attirant, sans le savoir, tout leur mépris. Ils interviennent même afin d'éviter à Angelina d'être battue. Don Magnifico leur explique qu'elle n'est qu'une servante et une moins que rien. Don Ramiro est en rage et parvient difficilement à se contenir. L'ambiance est très tendue.
À ce moment, entre Alidoro, cette fois non déguisé en mendiant. Il demande à Don Magnifico de lui présenter sa troisième fille, la liste des demoiselles éligibles à la qualité de prétendantes au trône faisant mention du fait que Don Magnifico a trois filles et non deux. Don Magnifico répond que sa troisième fille est morte. Choquée, Angelina en sursaute. Don Magnifico lui dit en aparté de se taire, sans quoi, lui, saura la faire taire. Il feint alors la tristesse. Don Ramiro, Alidoro et Dandini acceptent cette explication avec une difficulté non exprimée et s'en vont au bal avec Don Magnifico, laissant Angelina seule.
Peu après, Alidoro, de nouveau grimé en mendiant, rend visite à Angelina et l'invite au bal. Se méprenant sur le sens de ses paroles, Angelina lui répond, humiliée, qu'elle l'a aidé tandis que lui se moque d'elle. Alidoro lui révèle alors sa véritable identité et lui explique que pour elle, plus rien ne sera désormais comme avant. C'est ainsi qu'il l'invite à changer ses haillons pour une tenue d'apparat, tout en lui donnant deux bracelets de cristal, symboles de sa bonté pure et véritable. Arrive le carrosse qui doit la conduire au bal.
Au bal, Dandini et Don Ramiro échangent toujours leurs rôles. Le faux Prince est courtisé par Clorinda et Tisbe et son comportement suggère à chacune qu'elle a sa préférence. Quant à Don Magnifico, on propose à celui-ci de devenir sommelier du Prince, à condition de pouvoir goûter trente vins de la cave tout en demeurant capable de tenir sur ses jambes. Il accepte l'épreuve et la commence sur le champ.
Dandini s'isole un instant avec le Prince. Don Ramiro s'enquiert de l'opinion de son valet quant aux deux sœurs, et ce dernier lui fait part de son opinion très négative, les trouvant vaniteuses et leur reprochant leurs mauvaises manières ainsi que leur méchant état d'esprit. Mais Don Ramiro ignore toujours qu'Angelina est la fille adoptive de Don Magnifico, si bien qu'il ne comprend pas comment Alidoro a pu suggérer d'inviter ses filles au bal.
Tous deux retournent avec les invités. Le faux Prince prend alors la décision suivante : ne pouvant les épouser toutes deux, il propose son valet (le réel Prince donc) « en second choix ». Offensées par l'idée d'épouser un serviteur, Clorinda et Tisbe rejettent cette proposition, taxant le faux valet de « très quelconque », de « mal éduqué » et de « vulgaire », ce qui permet à Don Ramiro d'asseoir son opinion.
Don Magnifico, quant à lui, est parvenu à goûter trente barriques tout en restant valide. Il est promu sommelier, et quelques minutes plus tard, s'isolant avec ses filles, s'imagine déjà se levant tard, son lit entouré de gens de cour faisant différentes requêtes. Ceci a pour effet de lui faire tourner la tête et de le faire divaguer.
Entre Alidoro, qui annonce l'arrivée d'une invitée mystérieuse. Il s'agit d'Angelina, magnifiquement vêtue et voilée de façon à ne pas être reconnue. Clorinda et Tisbe sont percluses de jalousie tant l'arrivée d'Angelina fait sensation parmi les invités. Dès qu'elle parle, Don Ramiro est persuadé de connaître cette voix. Dandini lui retire alors son voile, et tous sont en état de choc. Les invités, Dandini, pour sa grâce. Don Ramiro également, mais aussi car il pense la reconnaître. Don Magnifico, ses filles, pour les mêmes raisons. Ces derniers essaient de se convaincre que ce n'est pas elle, qu'il ne s'agit que d'une ressemblance, que Cenerentola est gauche tandis que l'invitée est plus gracieuse. Et surtout, Clorinda comme Tisbe se disent que cette invitée est belle, mais pas autant qu'elles.
Dandini invite alors tous les convives à prendre place au banquet qui commence et promet de choisir une épouse durant le bal après souper.
Acte II
L'ambiance du dîner est très tendue, sans que personne ne l'exprime à d'autre que soi-même. Don Ramiro est de plus en plus convaincu qu'il s'agit de Cenerentola et s'aperçoit après dîner que Dandini a succombé au charme de l'invitée. Angelina s'en aperçoit également, et déclare au faux Prince ne pas accepter l'idée d'être son épouse, car elle est déjà amoureuse de son valet. Don Ramiro entend cela car il écoutait discrètement. Il entre alors, toujours déguisé en valet, et demande à Angelina si rang et fortune ne l'intéressent donc pas. Angelina lui répond que seuls amour et bonté lui importent. Le Prince lui demande alors si elle sera sienne, et Angelina lui donne l'un de ses bracelets. Elle lui explique alors qu'il lui faudra la retrouver, et que si à cet instant il l'aime toujours, il l'aura gagnée. Alidoro est témoin de cette scène, et se réjouit que tout se déroule si parfaitement.
Angelina quitte alors le bal. Don Ramiro ordonne qu'un carrosse se tienne prêt pour qu'il puisse commencer la recherche. Il explique alors la situation à Dandini et lui explique que le jeu de l'imposture se termine là et qu'il reprend son rôle de Prince. Dandini s'en plaint, expliquant qu'il repasse si rapidement de tout à rien. Mais il demeure fidèle à son Prince et accepte finalement la situation. Don Ramiro s'en va commencer ses recherches, dorénavant en habits princiers.
Entre Don Magnifico. Dandini, toujours vêtu en Prince, lui explique avoir fait son choix mais ne pas encore le révéler. Don Magnifico le supplie, et Dandini se plaît à se jouer encore un peu de lui. Il finit néanmoins par révéler sa véritable identité de valet et dévoile, non sans plaisir, toute la supercherie. Don Magnifico, furieux, promet que Don Ramiro paiera pour s'être ainsi moqué de lui.
Tard dans la nuit, chez Don Magnifico, Angelina est de nouveau vêtue de haillons. Elle rêve du valet du Prince et chante la chanson populaire qu'elle chantait au début du premier acte. Entrent Don Magnifico et ses filles, de retour du bal. La vue de Cenerentola les rend tous trois terriblement agressifs. Ils vont s'en prendre à elle lorsqu'un orage retentit. Le Baron envoie Angelina préparer le souper. Arrive alors un carrosse, puis entrent Dandini et le Prince, chacun vêtu en accord avec son véritable rôle. Don Magnifico envoie Cenerentola chercher une chaise pour le Prince. Cette dernière est stupéfaite de reconnaître son valet en Prince, tandis que lui reconnaît le bracelet à son poignet. Il lui déclare alors son amour, à l'affliction de Don Magnifico et de ses filles. Angelina veut embrasser les siens en signe de pardon, mais ils la repoussent âprement. Ceci, plus d'autres commentaires, irritent profondément le Prince qui menace de se mettre cette fois réellement en colère. Angelina lui demande de pardonner, ce qu'il fait.
La dernière scène prend place au palais du Prince. Alidoro et les gens de cour célèbrent le triomphe de l'amour et de la vertu sur la pusillanimité. Don Magnifico demande enfin pardon, pour lui et pour ses filles, à Angelina. Celle-ci accepte avec sincérité. Les gens de cour chantent tous, tandis que le Prince et Angelina peuvent commencer leur vie commune.
Composé en quelques semaines par un jeune Rossini de 25 ans dans la foulée du succès de son Barbier de Séville, La Cenerentola est inspiré du conte de Charles Perrault, mais le librettiste Jacopo Ferreti n'en retient pas les aspêcts les plus fantastiques. Ici point de carosse, point de citrouille, mais un bracelet remplaçant la traditionnelle pantoufle de vair. La méchante marâtre est devenue un beau-père dépensier et comique, et la bonne fée un mendiant philosophe.
Pour défendre cette musique vive et enjouée, où les ensembles sont plus importants que les airs solistes, l'Opéra de Lille a confié la baguette au chef italien Antonello Allemandi, grand spécialiste de ce répertoire qu'il a notamment interprété à plusieurs reprises au festival Rossini de Pesaro. A la tête d'un Orchestre de Picardie très impliqué et docile, il obtient une ductilité et une précision entièrement au service du chant, capable de s'adapter au rythme de chaque chanteur. S'il y déploie toute sa verve comique, Antonello Allemandi n'oublie pas de ménager quelques indispensables respirations, nécessaires à cette musique échevelée. Maniant avec soin l'art du crescendo rossinien, loin de l'accélération incontrolée qui l'accompagne trop souvent, il garde toute sa subtilité à cette musique et une grande cohésion d'ensemble.
Homme de théâtre reconnu, Directeur du Théâtre Gérard Philippe de Saint Denis, Jean Bellorini ne s'est que peu tourné vers l'opéra. Pour cette Cenerentola il met en oeuvre une vision très cinématographique qui s'appuie sur des dispositifs scéniques ingénieux. Des panneaux mobiles et des plateaux élévateurs lui permettent de varier les angles de vues, les "cadrages", lui permettant de mettre ponctuellement en valeur certains groupes de chanteurs, ou ménager des effets de profondeur ou de vitesse. Le mouvement perpétuel de l'oeuvre est illustré par de multiples vélos et éléments de décors en rotation ; Jean Bellorini exploite à fond ce "tourbillon de la vie" avec de multiples références au cinéma italien. Les costumes sont très colorés et contrastent avec les maquillages blancs, qui accentuent le caractère bouffe ; on n'est pas très loin du clown blanc. Ces personnages qui pédalent sur place et regardent vers l'avenir perchés sur des escabeaux ont gardé leurs rèves et leurs désirs enfantins. Après la pluie de cendres, la tempête passe et la bonté finit par triompher.
Cette vision est servie par un beau plateau vocal, très homogène et impliqué, ainsi que par un très solide choeur d'hommes, de l'Opéra de Lille, malheureusement trop peu exploité scéniquement et souvent statique.
En Clorinda et Tisbe, les deux soeurs aigries et ridicules, la soprano Clara Meloni et la mezzo Julie Pasturaud font preuve d'un sens comique, d'un abattage scénique certains et déploient de jolis timbres. Renato Girolami est un Don Magnifico trucculent, sans l'être vulgairement, à l'aise scéniquement. Il maîtrise parfaitement la vocalité de basse bouffe et l'agilité d'articulation du texte nécessaires pour ce rôle, notamment dans le redoutable air « Miei rampolli femminini ».
Le valet Dandini, prétendant malheureux de Cendrillon quand il se fait passer pour son maître le prince, tient du Leporello de Don Giovanni et du brillant Figaro du Barbier de Seville : c'est beaucoup plus qu'un faire valoir. Le baryton Armando Noguera sait exploiter toute la richesse de ce rôle, grâce à une voix solide et de réels talents comiques (même s'il en fait parfois un peu trop).
En comparaison, le jeune ténor américain Taylor Stayton apparaît un peu plus en retrait dans son engagement scénique. Il campe cependant un Don Ramiro de belle tenue, déployant un aigu sonore et très facile. Son timbre agréable et sa belle ligne de chant devrait lui ouvrir de belles perspectives dans les rôles de Donizetti dont il interpète déjà certains au Metropolitan Opera de New York.
Dans le rôle titre, la mezzo soprano Emily Fons obtient un succès mérité grâce à une belle présence, une interprétation à la fois fraîche et engagée et une remarquable agilité dans ce rôle très exigeant vocalement - notamment dans l'aria final « Nacqui all'affano ». Son timbre, s'il manque parfois d'assise dans le grave, reste d'une très belle chaleur et homogénéité.
Tous ces artistes brillent par leur maîtrise dans les enchevêtrement complexes et échevelés de certains ensembles, tel le sextuor « queste un nodo aviluppato », mettant en évidence (et sans effort apparent grâce à l'habile chef Antonello Allemandi) le secret de cet opéra vélocypédique : une mécanique bien huilée.

Opéra de Lille
Depuis la réouverture en 2004, à l’issue de la rénovation du bâtiment, qui avait été construit en 1915, l’Opéra de Lille s’est imposé comme une scène lyrique de référence à l’échelle nationale. Établissement public de coopération culturelle (EPCC) soutenu par la Ville de Lille, la Métropole européenne de Lille, la Région Hauts-de-France et le Ministère de la Culture (DRAC Hauts-de-France), il met en œuvre, sous l’impulsion de sa directrice Caroline Sonrier, un projet dont l’ambition première est l’ouverture : ouverture à tous les répertoires, ouverture aux esthétiques actuelles de la création et aux artistes émergents, ouverture à tous les publics, ouverture à l’ensemble des territoires de la région et d’au-delà, etc. De saison en saison, le projet rassemble un public large autour d’une programmation originale et exigeante, ancrant l’opéra, la danse et les messages qu’il porte dans l’imaginaire d’un public toujours plus attentif.
L’Opéra, devenu l’un des emblèmes architecturaux de Lille, a été conçu en 1907, dans un style néoclassique, par l’architecte Louis-Marie Cordonnier (1854-1940), originaire de la région. Inauguré en 1923 et rénové entre 1998 et 2003, il constitue l’un des plus beaux exemples d’opéra à l’italienne du XXème siècle. Tout au long de l’année, l’Opéra de Lille propose une riche programmation d’opéras, de concerts et de spectacles de danse contemporaine accessibles à tous.
Lieu de déambulation, le foyer, éclairé par cinq grandes baies vitrées, s’étend sur toute la largeur du bâtiment. Le public est invité à s’y rendre lors des entractes pour boire un verre. L’ensemble du décor est composé d’un plafond peint intitulé “La Ronde des heures”, de tableaux ovales représentant “La Musique” et ”La Danse” peints par Georges Picard et de groupes sculptés allégoriques (Georges-Armand Verez). Les Concerts du Mercredi à 18h sont organisés chaque semaine dans le Foyer : récital, musique de chambre, musique du monde... 1h de musique pour 10€ !
Il s’agit d’une salle « à l’italienne », caractérisée par sa forme en fer à cheval, où salle et scène se répondent, séparées par une fosse d’orchestre. Composée d’un large parterre, de quatre niveaux de galeries et de loges, sa capacité d’accueil est de 1138 places. Le thème des arts gouverne l’ensemble des décors de la salle comme en témoigne la devise « Ad alta per Artes » (Au sommet par les Arts), inscrite au-dessus du groupe sculpté par Edgar Boutry dominant la scène. La Danse, la Musique,
la Tragédie et la Comédie encadrent une coupole autour de laquelle se trouvent huit peintures en médaillons de Victor Lhomme et George Dilly illustrant les vertus féminines.
Jean Bellorini

Le metteur en scène Jean Bellorini a été nommé à la direction du Théâtre Gérard Philipe.
Il a pris ses fonctions le 1er janvier 2014.
Né en 1981, Jean Bellorini a été formé à l’école Claude-Mathieu. Avec sa compagnie Air de lune, il a été accueilli au Théâtre du Soleil puis associé au centre dramatique national de Toulouse et au centre dramatique national de Saint-Denis. Son travail au plateau se distingue notamment par ses brillantes adaptations de textes littéraires majeurs ou d’œuvres du théâtre contemporain dans lesquelles il instille une grande vitalité issue du travail collectif de la troupe.
Son projet solide et joyeux s’appuie sur sa bonne connaissance du Théâtre Gérard-Philipe et de son territoire. Il fait la part belle aux liens entre musique et théâtre et associe à son premier mandat trois auteurs-metteurs en scène et leurs équipes – le collectif In vitro, Jean‐Yves Ruf et Bertrand Bossard –, provoquant des partenariats, des rencontres d’esthétiques complémentaires et des actions sur le terrain, diversifiées. Les liens qu’il entend tisser avec les autres structures du département, son désir d’accompagner les compagnies émergentes, tout comme son adresse dédiée au public adolescent participent de l’originalité de son projet.
PARCOURS
En 2002, il conçoit et met en scène Piaf, l’Ombre de la Rue, spectacle créé à Paris (Théâtre du Renard), repris à Avignon et depuis en tournée dans toute la France (plus de 300 représentations entre 2002 et 2008).
En 2003 il créé la Cie Air de Lune et met en scène La Mouette d’A. Tchekhov assisté par Marie Ballet au Théâtre du Soleil, dans le cadre de la première édition du Festival Premiers Pas Enfants de Troupes.
Depuis 2003, il dirige les Auditions Promotionnelles de l'École Claude Mathieu, spectacles construits sur mesure pour une sélection d’élèves sortants de l’école. C’est sous forme de stage intensif de 2 mois de répétitions et 3 semaines de jeu que se réalisent ces spectacles qui se veulent autrement qu’une vitrine de comédiens. Et jamais l’amour ne passera (spectacle autour des textes d’O. Von Horváth en 2003), C’est ainsi que les hommes vivent (spectacle autour des textes de B. Brecht en 2004), Partir où personne ne part (spectacle autour de l’univers dramatique américain d’auteurs contemporains en 2005), Bella Ciao (spectacle composé à partir du cinéma italien en 2006), À la vie, voilà ! (spectacle autour de textes de Noëlle Renaude en 2007), Personne ne sait qu’il neige en Afrique (spectacle autour de l’œuvre de B.M. Koltès en 2008), Le Suicidé de N. Erdman en 2009 et récemment Espoir ? d’après Kroum l’ectoplasme de H. Levin en 2010.
En 2004, il met en scène avec Marie Ballet Yerma de F. G. Lorca au Théâtre du Soleil (production Cie Air de Lune), spectacle dont il compose la musique. Il compose aussi la B.O. de Adèle a ses raisons de Jacques Hadjaje (Théâtre 13, Paris et Avignon, puis le Lucernaire en 2007).
Depuis 2005, il enseigne à l’École Claude Mathieu.
Il anime de nombreux ateliers au sein de L’Association Culturelle Saint-Michel de Picpus (élèves de collège et lycée).
En 2006, il met en scène Oncle Vania d’Anton Tchekhov au Théâtre de la Faisanderie à Chantilly (production Cie Air de Lune). Le spectacle est repris en 2007.
En 2007, il intervient au Conservatoire de Paris (CNSAD) en collaboration avec Wajdi Mouawad pour qui il compose et dirige la musique de Littoral.
En 2008, il met en scène avec Marie Ballet L’Opérette, un acte de L’Opérette Imaginaire de Valère Novarina au Théâtre de la Cité Internationale (production Cie Air de Lune). Coproduction La Comédie de Béthune / L’Onde à Vélizy-Villacoublay. Tournée en Roumanie (Juin 2008 au Festival international de Sibiu / Bucarest), au Théâtre l'Apostrophe de Cergy-Pontoise, au CDN de Dijon, au Théâtre de la Renaissance à Oullins, au Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées, au Phénix de Valenciennes, au Théâtre de Laval, à Cachan.
Depuis 2008, il intervient au CRR pour le Jeune Chœur de Paris dirigé par Laurence Équilbey, dans le cadre de cours d’interprétation pour des chanteurs lyriques.
En 2009, la Compagnie Air de Lune est conventionnée par le département de Seine-Saint-Denis. Jean Bellorini crée au TGP-CDN de Saint Denis une adaptation théâtrale pour deux voix du roman de Victor Hugo Les Misérables (production Cie Air de Lune). Ce spectacle sera repris en janvier 2010 au Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées et au TGP-CDN de Saint Denis.
Cette même année il met en scène un opéra bouffe d’Offenbach, Barbe Bleue (création en décembre 2009 à l’Opéra de Fribourg, tournée en Suisse, au Théâtre Musical de Besançon, à l’Opéra de Massy et en Belgique).
En 2010, il adapte avec Camille de La Guillonnière et met en scène Tempête sous un crâne, spectacle en deux époques d’après Les Misérables de Victor Hugo au Théâtre du Soleil (production Cie Air de Lune). Ce spectacle est repris en octobre au Théâtre du Soleil et actuellement en tournée (TNT, Festival du Val d’Oise, Théâtre de Cornouaille à Quimper, Scène nationale de Forbach, Le Channel à Calais, La Chaux de fond, Montpellier…).
En octobre il met en scène au Théâtre du Soleil En ce temps-là, l’amour… de et avec Gilles Ségal (production Cie Air de Lune).
En janvier 2012, Jean Bellorini crée au Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées Paroles Gelées d’après l’œuvre de François Rabelais, présenté en mars 2012 au TGP-CDN de Saint-Denis, puis en tournée dans plus de vingt-cinq lieux (production Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées/Cie Air de Lune).
La même année, il met en scène, à l’invitation de l’Académie du Festival Lyrique d’Aix-en-Provence, une Soirée Satie, qui tourne en France et en Belgique.
En juin 2013, Jean Bellorini met en scène Liliom de Ferenc Molnar, qui prend place dans une réelle fête foraine au Festival Le Printemps des Comédiens à Montpellier (production Cie Air de Lune).
En octobre 2013, Jean Bellorini dirige dix-huit comédiens et musiciens dans La Bonne Âme du Se-Tchouan de Bertolt Brecht, spectacle créé au Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées, présenté à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, puis en tournée dans dix lieux (production Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées/Cie Air de Lune).
Jean Bellorini est artiste invité du Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées jusqu’à fin 2013.
La Compagnie Air de Lune est en résidence au TGP-CDN de Saint Denis jusqu’à fin 2013.
Le 1er janvier 2014, Jean Bellorini devient directeur du Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis.
Jean Bellorini a reçu le prix Jean-Jacques Gautier 2012 de la SACD et le prix de la révélation théâtrale 2012 décerné par le syndicat de la critique. Paroles gelées a reçu le prix de la mise en scène au Palmarès du Théâtre 2013. En 2014, il reçoit le Molière du meilleur spectacle pour Paroles gelées et le Molière de la mise en scène à la fois pour Paroles gelées et La Bonne Âme du Se-Tchouan de Bertolt Brecht.
MISES EN SCÈNE
Piaf, l’ombre de la rue (créé au Théâtre du Renard) en 2002
La Mouette d’Anton Tchekhov (créé au Théâtre du Soleil) en 2003
Yerma de Federico Garcia Lorca (co-mis en scène avec Marie Ballet et créé au Théâtre du Soleil) en 2004
Oncle Vania d’Anton Tchekhov (créé au Théâtre de la Faisanderie à Chantilly) en 2006
L’Opérette un acte de l’Opérette imaginaire de Valère Novarina (co-mis en scène avec Marie Ballet et créé au Théâtre de la Cité Internationale) en 2008, en tournée en 2009
Tempête sous un crâne d’après Les Misérables de Victor Hugo (créé au TGP-CDN de Saint-Denis/Théâtre du Soleil/TNT de Toulouse) en 2010, en tournée jusqu’en 2015
Paroles Gelées d’après le Quart Livre de François Rabelais (créé au TNT de Toulouse/TGP-CDN de Saint-Denis) en 2012, en tournée jusqu’en 2015
Liliom de Ferenc Molnar (créé au Printemps des Comédiens) en 2013, en tournée jusqu’en 2016
La Bonne Âme du Se-Tchouan de Bertolt Brecht (créé au Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées/l’Odéon-Théâtre de l’Europe en 2013), en tournée jusqu’en 2016
Cupidon est malade de Pauline Sale (créé au Théâtre Am Stram Gram de Genève)
Un fils de notre temps d'Ödön von Horvath (créé au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique natioanl de Saint-Denis), en tournée jusqu'en 2016
Moi je voudrais la mer d'après des texte de Jean-Pierre Siméon avec La Troupe éphémère (créé au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique natioanl de Saint-Denis), mai 2015
Le Suicidé de Nikolai Erdman (création au Berliner Ensemble), février 2016
Antigone de Sophocle avec La Troupe éphémère (créé au Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique natioanl de Saint-Denis), mai 2016
Karamazov, d'après le roman Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski (créé au Festival d'Avignon), juillet 2016
La Cenerentola de Gioacchino Rossini (créé à l'Opéra de Lille), octobre 2016
1793, on fermera les mansardes, on en fera des jardins suspendus, d'après 1793, la cité révolutionnaire est de ce monde du Théâtre du Soleil, avec la Troupe éphémère, avril 2017
Orfeo, opéra de Monteverdi, direction musical Leonardo García Alarcón au festival de Saint-Denis, juin 2017
Erismena, opéra de Francesco Cavalli, direction musical Leonardo García Alarcón au Festival International d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence, puis au TGP avec le festival de Saint-Denis (juin 2018), création juillet 2017
Kroum de Hanokh Levin avec la troupe du Théâtre Alexandrinski de Saint-Pétersbourg, création décembre 2017
- Metteur en scène
Antonello Allemandi

Né en 1956 à Milan, Antonello Allemandi décide dès sa quinzième année de devenir chef d’orchestre. Il étudie son métier dans sa ville de naissance, dans la classe de Franco Ferrara et ne rate aucune répétition de La Scala, la partition sur les genoux. Le jeune chef fait ses débuts à la direction d’un orchestre professionnel dès ses 21 ans, lors du Mai musical florentin de 1978. Il côtoie notamment à cette occasion Claudio Abbado qui dirige la Troisième Symphonie de Mahler.
Ses compétences et son talent sont rapidement reconnus par les maisons de disques et il enregistre de nombreuses œuvres italiennes, au sommet desquelles se trouve la toute première gravure d’Alina, regina di Golconda de Donizetti, une version de référence avec l’Orchestre Symphonique d’Émilie-Romagne "Arturo Toscanini", chez Nuova Era en 1987. Il franchit les Alpes avec succès en obtenant en 1992 (pour cinq années) la direction du prestigieux Orchestre Colonne, le plus ancien orchestre symphonique français (fondé en 1873). Après les Alpes, Allemandi traverse l’Atlantique la même année et fait des débuts acclamés aux États-Unis avec un Élixir d'Amour de Donizetti à Portland. Dès l'année suivante, l'Opéra de Vienne l'invite à y faire ses débuts avec Le Barbier de Séville de Rossini, une association qui se noue avec intensité puisqu'Allemandi y dirige par la suite Les Puritains (Bellini), Le Trouvère (Verdi), L’élixir d'amour et La Traviata (Verdi) en l'espace de quatre années.
Ses succès internationaux l'amènent en 1995 à être invité pour la première fois à Seattle avec Madame Butterfly de Puccini, puis à l'Opéra de Paris dans Un Bal masqué de Verdi. La mise en scène parisienne est signée par Nicolas Joel, Directeur de l'Opéra de Toulouse et futur Directeur de l'Opéra de Paris. Désormais reconnu sur les grandes scènes internationales, il retourne à Seattle pour un Trouvère et Les Noces de Figaro de Mozart en 1997. Il y ajoute également le Royal Opera House à son palmarès en y conduisant Le Barbier de Séville. Arrivant au terme de ses engagements, Allemandi déménage à Parme, la ville de naissance de son épouse. Il se plaît alors dans un autre rythme, avec des projets tels qu'une Bohème de Puccini dans cette ville en 1999. Il se fait toutefois rappeler aux bons souvenirs des plus grandes scènes, en particulier à Seattle qui l'invite régulièrement : en 2001 pour Tosca, en 2002 pour Un Bal masqué, en 2004 pour Manon Lescaut de Puccini.
Sa carrière s'accélère ensuite, l'année 2005 marquant ses débuts au Met avec La Cenerentola de Donizetti. De retour dans les circuits des plus grands, nul n'a oublié son travail, notamment sur Turandot de Puccini pour lequel il est littéralement appelé à l’autre bout du monde. Avec cette œuvre, il ouvre ainsi la saison 2008/2009 du Nouveau Théâtre National de Tokyo dans un esprit de rencontre qui mêle les talents européens (avec la suédoise Iréne Theorin au rôle-titre et l’italien Walter Fraccaro en Calaf) et japonais (Rié Hamada et Hidekazu Tsumaya en Liù et Timur). Puis, toujours grâce à cette même œuvre, sa carrière atteint la reconnaissance mondiale lorsqu’il est invité pour un événement majeur dans l’histoire de l’art lyrique, en janvier 2012, lors de la saison de réouverture du Bolchoï de Moscou. Globe-trotter averti, il part le mois suivant diriger le diptyque Cavalleria Rusticana (Mascagni) et Paillasse (Leoncavallo) à Bombay. Il découvre alors l’Orchestre Symphonique d’Inde pour des prestations contestées par la critique, notamment du fait d'une distribution inégale. Il consacre de nombreux efforts à transmettre son métier de chef, notamment à travers des master class à l'École d'Opéra de Bologne entre 2008 et 2011. Sa direction de Lucia di Lamermoor de Donizetti à Rouen en 2015 et du Turc en Italie de Rossini à l'Opéra de Dijon en 2016 confirment sa connaissance des orchestres français. Pampelune (Espagne) le reçoit l'année suivante pour mener la version concert des Capulet et des Montaigu de Bellini. Le Palm Beach Opera (en Floride) l'accueille ensuite en lui confiant la direction de Rigoletto de Verdi. Puis, il se rend à l'Opéra de Munich pour Guillaume Tell de Rossini.
Antonello Allemandi y restera pour donner le Turc en Italie en octobre 2017. L'Opéra Royal de Mascate l'accueillera au mois de janvier 2018 pour y donner La Somnambule de Bellini. Enfin, il se rendra à l'Opéra de Dresde au mois de mars afin d'y diriger L'Élixir d'amour.
- Chef d'orchestre
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