
Angelin Preljocaj : La Fresque
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Musique : Nicolas Godin, avec la collaboration de Vincent Tourelle. Costumes : Azzedine Alaïa
Décors, vidéo : Constance Guisset Studio
Lumières : Eric Soyer
Assistant adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch. Assistante répétitrice : Natalia Naidich
Choréologue : Dany Lévêque
Masques : Michèle Belobradic
Décors : Atelier du petit chantier
Avec Mirea Delogu, Clara Freschel, Nuriya Nagimova, Anna Tatarova, Yurié Tsugawa, Marius Delcourt, Antoine Dubois, Victor Martinez Caliz, Fran Sanchez, Jean-Charles Jousni / Leonardo Cremaschi.
La Fresque est un spectacle de danse. Cela peut paraître banal. Mais ils sont aujourd’hui si rares que l’on ne peut que se réjouir. Angelin Preljocaj est désormais l’un des seuls chorégraphes en exercice capable de maîtriser parfaitement une écriture chorégraphique et d’en agencer les mouvements dans l’espace.
L’histoire de La Fresque, inspirée du conte traditionnel chinois La peinture sur le mur est simple. Un jeune homme tombe amoureux d’une femme peinte sur une fresque, traverse le mur et rentre à l’intérieur de la peinture pour vivre une histoire d’amour avec cette femme. En épurant sa dramaturgie à l’extrême, notamment pour que le ballet soit vu par un public jeune, dès 9 ans, Angelin Preljocaj en fait un argument moderne, proche du rêve.
On y retrouve plusieurs des thématiques qui ont occupé le chorégraphe dans ses précédents ballets : la préparation au mariage, comme dans Noces, mais aussi la naissance du couple et la notion d’élu développée dans Roméo et Juliette. Ce conte oriental tisse un lien tout particulier avec le fétichisme des cheveux, que les femmes portent longs. Cette parure féminine est valorisée dans de nombreuses cultures et se traduit dans ce spectacle par de multiples lectures. La designer Constance Guisset utilise des mèches flottantes en noir et blanc pour concevoir un habillage visuel du spectacle en vidéo, très réussi. Dans d’autres tableaux, les femmes jouent de leurs cheveux ou s’entortillent autour de filins pour s’élever dans les airs. C’est le couturier Azzedine Alaïa, récemment disparu, qui avait signé les costumes de La Fresque, robes très féminines et costumes de guerriers frappants.
Du côté de la danse, les cinq danseurs et les cinq danseuses engagés dans ce projet se succèdent dans des tableaux non mixtes. Parfois, ils se rejoignent dans des diagonales de couples, des duos ou des solos, autant de figures imposées dans le ballet contemporain que le chorégraphe manie avec un art consommé de la composition. Qui veut faire simple prend le risque d’être un peu simpliste et sans aspérités. La musique électronique de Nicolas Godin, ponctuée de percussions, s’étire parfois un peu trop. Le spectacle, malgré son rythme lent, tient pourtant par la remarquable écriture chorégraphique et la redoutable efficacité de ses interprètes.

Théâtre National de la Criée
Au cœur de la Cité phocéenne et du Vieux-Port, La Criée - Théâtre national de Marseille, a été fondée en mai 1981 et tire son nom de l'ancienne criée aux poissons, transférée depuis 1976 au port de Saumaty, près de l'Estaque. Derrière sa façade classée, La Criée dispose du plus beau plateau de Marseille avec une grande salle de 800 places, ainsi qu'une salle modulable de 280 places et un vaste hall. Plus de 700 spectacles y ont été présentés depuis son ouverture. Le Théâtre a un statut de Centre Dramatique National et a successivement été dirigé par Marcel Maréchal, Gildas Bourdet, Jean-Louis Benoit, et depuis le 1er Juillet 2011 par Macha Makeïeff, auteur, metteur en scène et plasticienne.
Ouverte sur le quai, La Criée s’est transformée, accueillante et vaste, avec depuis sa passerelle, la vue sur le large… Fabrique de théâtre, d’art et d’images, de fantaisie, elle affirme avec entêtement sa mission de théâtre national, la transmission du répertoire et du théâtre contemporain, la défense des écritures de la scène les plus diverses. Maison de création, lieu de désir et d'impatience, La Criée reçoit artistes poétiquement engagés et penseurs singuliers.
La Criée est le Théâtre de chaque jour et de tous les temps, une Fabrique d'images et d'imaginaires ouverte à toutes et à tous.
Angelin Prejlocaj

Né en France en 1957, de parents albanais, Angelin Preljocaj débute des études de danse classique avant de se tourner vers la danse contemporaine auprès de Karin Waehner.
En 1980, il part pour New York afin de travailler avec Zena Rommett et Merce Cunningham, puis continue ses études en France auprès de la chorégraphe américaine Viola Farber et du français Quentin Rouillier.
Il rejoint ensuite Dominique Bagouet jusqu’à la création de sa propre compagnie en décembre 1984. Il a chorégraphié depuis 50 pièces, du solo aux grandes formes.
Angelin Preljocaj s’associe régulièrement à d’autres artistes dans des domaines divers tels que la musique (Goran Vejvoda, Air, Laurent Garnier, Granular Synthesis, Karlheinz Stockhausen), les arts plastiques (Claude Lévêque, Subodh Gupta, Adel Abdessemed), le design (Constance Guisset), la mode (Jean Paul Gaultier, Azzedine Alaïa), le dessin (Enki Bilal) et la littérature (Pascal Quignard, Laurent Mauvignier)…
Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies, dont il reçoit également des commandes, c’est le cas notamment de La Scala de Milan, du New York City Ballet et du Ballet de l’Opéra national de Paris.
Il a réalisé des courts-métrages (Le postier, Idées noires en 1991) et plusieurs films, notamment Un trait d’union et Annonciation (1992 et 2003) pour lesquels il a reçu, entre autres, le « Grand Prix du Film d'Art » en 2003, le « Premier prix Vidéo-danse » en 1992 et celui du Festival de Vidéo de Prague en 1993. En 2009, il réalise le film Blanche Neige et en 2011 il signe, pour Air France, le film publicitaire L’Envol, qui reprend la chorégraphie du Parc.
Il a également collaboré à plusieurs réalisations cinématographiques mettant en scène ses chorégraphies : Les Raboteurs avec Cyril Collard d’après l’œuvre de Gustave Caillebotte en 1988, Pavillon Noir avec Pierre Coulibeuf en 2006 et Eldorado / Preljocaj avec Olivier Assayas en 2007.
Plusieurs ouvrages ont été édités autour de son travail, notamment Angelin Preljocaj en 2003, Pavillon Noir en 2006, Angelin Preljocaj, Topologie de l’invisible en 2008 et Angelin Preljocaj, de la création à la mémoire de la danse en 2011.
Au cours de sa carrière, il a reçu plusieurs reconnaissances parmi lesquelles le « Grand Prix National de la danse » décerné par le Ministère de la culture en 1992, le « Benois de la danse » pour Le Parc en 1995, le « Bessie Award » pour Annonciation en 1997, « Les Victoires de la musique » pour Roméo et Juliette en 1997, le « Globe de Cristal » pour Blanche Neige en 2009. Il est Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’honneur et a été nommé Officier de l’ordre du Mérite en mai 2006. Il a reçu le « Prix Samuel H. Scripps » de lʼAmerican Dance Festival pour lʼensemble de son œuvre en 2014.
Aujourd’hui composé de 24 danseurs permanents, le Ballet Preljocaj est installé depuis octobre 2006 au Pavillon Noir à Aix-en-Provence, un lieu entièrement dédié à la danse dont Angelin Preljocaj est le directeur artistique.
En 2016, Angelin Preljocaj emprunte une piste encore inexplorée dans son travail, celle des contes traditionnels d’Asie et révèle le pouvoir « surnaturel » de l’art pictural. La Fresque est présentée en septembre 2016, au Grand Théâtre de Provence, avec la collaboration artistique de Nicolas Godin pour la musique, Azzedine Alaïa pour les costumes, Constance Guisset pour les décors et vidéos et Éric Soyer pour les lumières.
Réalisé avec Valérie Müller, le premier long-métrage d’Angelin Preljocaj, Polina, danser sa vie, adapté de la bande-dessinée de Bastien Vivès, est sorti en salle en novembre 2016.
En septembre 2017 au Pavillon Noir, il crée Still Life, pièce pour 6 danseurs inspirée des « Vanités » dans la peinture du XVIIème siècle.
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