Circulez!

Chapelle du Verbe Incarné Dramateek 6

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Circulez!
De José Jernidier
Mise en scène: José Exélis
Chorégraphie - collaboration artistique: Suzy Maniry

Avec José Jernidier et Joel Jernidier

Circulez ! Monsieur l’Inspecteur aurait aimé qu’au moment de l’accident matériel, les lieux soient accessibles, exactement comme cela se passe dans le « pays en dehors ». Un pays où les règles sont définitivement établies. Mais dans le pays où a eu lieu l’accident, les choses sont différentes … spécifiques. Circulez, il n’y a rien à voir ! Quoique ! … Nous avons tous quelque chose à voir, dans  cette pièce ! Choffroy raconte son histoire, remonte le temps, le fil des mémoires ; mémoires d’isles, d’archipel, à l’aune des fantômes peuplant notre imaginaire, peuplant nos différences, peuplant ce que nous sommes. Les artistes proposent un théâtre total, caribéen, qui emprunte à la tradition populaire.

Ce qu’il y a de réjouissant avec « Circulez ! » qui se déroule aux Antilles, c’est que le spectateur oscille sans cesse entre comédie tirant jusqu’à la farce, et tragédie poussant jusqu’au drame.

« Circulez ! » c’est un peu le Garde à vue sauce créole  (NDLR : Garde à vue, film de Claude Miller avec Michel Serrault face à Lino Ventura): un homme (Choffroy) qui a survécu à un accident de la route dans lequel son père est décédé - dans des circonstances qui restent à éclaircir- doit répondre aux questions d’un enquêteur venu de France. Celui-ci reprend le dossier qui jusque-là n’a pas pu être traité et conclu par ces prédécesseurs… Pourquoi ? Tout au long de la pièce, petit à petit, l’enquêteur le comprendra : à chaque confrontation, un élément supplémentaire non seulement issu de la vie de Choffroy mais aussi constitutif de l’identité antillaise, vient compliquer un peu plus la donne au point que l’inspecteur y perdra peu à peu son créole… Car pour planter un peu plus le décor, il faut préciser que si Choffroy, le « gardé à vue », est un Guadeloupéen vivant dans l’archipel, Monsieur l’Inspecteur l’est lui aussi, mais ayant fait 25 ans de carrière en France, en Métropole, comme on dit ! Ce qui pimente encore la confrontation entre les deux hommes…
 
José Jernidier convoque dans « Circulez ! » tout ce qui fait les grandes caractéristiques et les petits travers des sociétés antillaises (en prenant bien soin de souligner qu’en Guadeloupe comme en Martinique, c’est pareil…) : les graduations dans les couleurs de peau, les traces de  colonialisme toujours présentes, la crainte du quimbois, le goût parfois prononcé pour le rhum, l’adultère (vous apprendrez au passage la différence entre une « maîtresse » et une « bougresse » !) mais aussi le sens de la famille, de la fête…  Tout est distillé avec humour - on rit beaucoup dans « Circulez ! » - ce qui permet à José Jernidier de garder une certaine distance avec son sujet qui aurait pu tout aussi bien donner dans l’autre versant, plus dramatique…

Choffroy et l’Inspecteur sont les deux faces d’une même pièce, deux aspects presque indissociables de la société antillaise, deux conséquences de l’Histoire qui a forgé l’identité même des Antillais. Et ce sont deux frères, Joël Jernidier, comédien rompu à cet exercice depuis 25 ans, et l’auteur/acteur José Jernidier qui se retrouvent côte à côte -et face à face- sur la scène. Et c’est peu de dire que les deux s’en donnent à cœur joie dans cette confrontation au dénouement à la fois prévisible et inattendu… Les deux comédiens sont tantôt drôles tantôt sentencieux, n’hésitant pas à en faire parfois des tonnes pour mieux marquer la rupture et la subtilité de certains moments plus graves. Les répliques fusent par leur voix, donnant tout leur sens et leur mordant aux répliques de l’Inspecteur et de Choffroy, jusqu’à leur gestuelle : chaque acte est ponctué ou débute par une danse façon ladja (danse de combat de Martinique et de Guadeloupe) sur fond de bouladjèl  (sorte de chant polyrythmique de Guadeloupe), ce qui renforce encore la plongée, l’ancrage, dans cet univers créole. La mise en scène de l’ensemble signée José Exélis est également très réussie, permettant aux deux acteurs de… circuler judicieusement selon que l’on passe de l’interrogatoire aux évocations des circonstances de l’accident.

Beaucoup de choses à voir, donc, dans « Circulez ! »… Du vrai théâtre populaire avec toutes ses vertus, y compris celle de faire passer quelques réflexions profondes sur ce qui constitue, ce qui dessine et fonde une société.  

Chapelle du Verbe Incarné

Le théâtre de la Chapelle du Verbe Incarné accueille des artistes ultra-marins en Avignon. Théâtre, danse, musique, exposition, performances… Il fêtait la 20e édition des Théâtres d'Outre-Mer en Avignon en 2017 !

"Le premier théâtre que chacun se joue est à vrai dire celui de son lieu, qu'il met en relation avec les lieux du monde : l'imagé des pays et des villes et des déserts et des brousses, les obscurs de tant d'histoires…" L'histoire de la Chapelle du Verbe Incarné, à partir du moment où elle a commencé d'être un lieu de théâtre, confirme un tel cheminement, et consacre un tel passage, de l'invitation à la Relation, à la présence de la diversité, au chant du monde. Nous faisons nôtres ces quelques lignes que nous avait adressées Édouard Glissant. Nous aimons les territoires d'ouverture. Nous aimons les incertitudes que procurent les rencontres. Depuis 20 ans, en recevant les créateurs venus de loin jusqu'en cet Avignon qui bouscule et s'insurge, nous déposons nos paysages.

En incluant les créateurs d’outre-mer dans le concert culturel national, l’enjeu est de permettre que l’identité culturelle soit reconnue comme un élément de la richesse culturelle de la France d’aujourd’hui, et non comme un motif d’exclusion explicite ou implicite.
L’autre enjeu est de susciter chez les populations ultra-marines des Dom et de France, un nouvel esprit d’appartenance et donc tout naturellement de citoyenneté active.

En 1997, Greg Germain Président de l’Association CINéDOM+, et Marie-Pierre Bousquet, directrice de la Société de Production Axe Sud, décident ensemble une initiative citoyenne orientée vers le Spectacle Vivant, destinée à faciliter la connaissance et la diffusion des spectacles produits en Outre-Mer et dans la Diaspora. Ils rencontrent Mme Marie-Josée Roig, Maire d’Avignon et lui présentent leur projet: utiliser pendant le festival un lieu permettant d’accueillir les créateurs de ces régions ultra-périphériques.

Le TOMA (Théâtres d’Outre-Mer en Avignon) est créé au festival 1998. En Décembre 2000, une convention pérenne est signée.

Le lieu est appelé à devenir un véritable Centre de Ressources pour l’outre-mer, avec possibilité de résidence de création en mai/juin du spectacle présenté au festival en Juillet. Dans un vrai souci de maillage culturel interrégional, des ateliers composés d’acteurs professionnels, semi-professionnels ou amateurs de PACA seront constitués autour des spectacles créés pendant ces résidences. Ce spectacle  » régional  » pourra être joué à la Chapelle (hors festival) et dans les quartiers.

Devenu un véritable In dans le festival off, le TOMA :

• Permet aux artistes, de rencontrer dans un lieu d’échange et de libre expression, d’autres artistes partageant les mêmes problématiques.
• Fait connaître la diversité des théâtres de langue française et crée des liens par la confrontation et l’exigence des regards croisés.
• Instaure parmi les opérateurs du Théâtre dans l’hexagone une réelle prise en compte des compagnies de l’Outre-Mer en les intégrant aux circuits de diffusion nationaux.
• Impulse un maillage culturel interrégional.

José Jernidier

José Jernidier est un auteur et metteur en scène connu et reconnu aux Antilles et dans les communautés antillaises de France (Moun Koubari, Vin Vann, On bol a dé lans) mais c’est également un comédien et professeur de théâtre diplômé, il enseigne la discipline en Lycée et au DPLSH du Campus de Camp Jacob à Saint-Claude.
José Jernidier anime l’atelier adultes de l’Artchipel depuis de nombreuses saisons.

  • Auteur, Metteur en scène

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