Beyond Black

Abbaye de Royaumont Jazzee 18

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MALI
Ballaké Sissoko direction musicale, kora Babani Koné chant
Fassery Diabaté balafon
USA
membres du Black Earth Ensemble de Chicago Nicole Mitchell direction musicale, flûte
Josh Abrams basse
Jovia Armstrong percussions
Felton Offard guitare
Mankwe Ndosi voix

Culture et politique
Le regard que1)ortent depuis cinquante ans les musiciens« afro-américains» sur l'Afrique et ses musiques, et, de l'autre côté de l'Atlantique, Le regard que portent
les musiciens africains de L'ouest sur Les musiques imaginées par les Noirs américains, ne sont pas automatiquement convergents. Bien sûr, on s'est plu à pister les intersec­tions possibles entre blues et musique mandingue [Ali Fàrka Touré, Ray Cooderl.
Mais La nostalgie du« point de départ» (l'esclavage depuis le XVII• siècle] masque souvent la profonde différence des sociétés qui, deux ou trois siècles plus tard, produi­sent la musique d'aujourd'hui au.Mali et aux USA. De Bamako à Chicago, de la société malienne du Sahel aux grandes mégalopoles nord-américaines, il y a un écart majeur dans la perception des structures musicales et de leurs signifiés. A contrario, La volonté de valoriser Les musiques noires américaines est allée de pair, depuis les années 1960, avec Le progrès des revendications politiques. Le Lien avec L'Afrique a été réévalué dans un sens positif. Les courants de l'afro-futurisme sont Les derniers avatars de cette vision englobante d'un peuple noir unifié par une commune aspiration à une culture un jour unifiée.
IL y a donc une dimension idéologique􀁚 la rencontre entre Ballaké Sissoko et Nicole Mitchell, qui double Les risques : à côté du risque d'une rencontre transculturelle purement musicale, on entrevoit le risque du malentendu politique : celui d'un jugement de valeur a priori positif sur une telle rencontre, pour Les besoins de La cause. Une sorte d'inversion raciologique : parce que noire des deux côtés de L'Atlantique, cette musique devra être nécessairement bonne.
Pour éclairer La question avec un exemple pris à d'autres territoires musicaux, c'est
Le même type d'inversion raciologique qui préjuge que La rencontre d'un Gitan flamenco avec un Tzigane de Roumanie devra produire un bon résultat musical.
C'est pourquoi Beyond Black pose d'emblée la question: celle d'inventer un espace musical neuf, nécessairement hybride, et continuant sous nos oreilles de s'hybrider, que les humains partout dans le monde puissent déchiffrer et dans lequel ils puissent se reconnaître, se découvrir, se transformer, sans tomber dans la complaisance
d'une survalorisation politique de la couleur de la peau.


 

Abbaye de Royaumont

L’abbaye de Royaumont fut fondée en 1228 par Louis IX – futur Saint Louis – avec le soutien de sa mère Blanche de Castille. Richement dotée par le roi qui aimait à s’y retirer, elle connut au XIIIe siècle un grand rayonnement. Dès 1246, elle se dotait d’un « studium theologiae » qui fut confié à un dominicain, Vincent de Beauvais.
« Lector » à l’abbaye et précepteur des enfants royaux, Vincent de Beauvais était aussi l’auteur du « Speculum maius », fameuse somme encyclopédique des savoirs médiévaux qui fut réalisée avec l’aide des moines de Royaumont.

Affaiblie par la guerre de Cent Ans et les famines du Moyen Âge, l’abbaye fut encore fragilisée par sa mise en commende au XVIe siècle et l’intrusion, au cœur du monastère, de ces «abbés» souvent laïcs, plus préoccupés de plaisirs que de mortification. Ainsi, le 17 mars 1635, on donna à Royaumont un ballet de « La Merlaison », composé et dansé par le roi Louis XIII, sur le thème de la chasse aux merles !

Déclarée « bien national » en 1790, elle ne comptait plus que dix moines lors de sa mise aux enchères en 1791. Son nouveau propriétaire la transforma en filature de coton, détruisant l’église dont les matériaux furent notamment employés à la construction d’un village ouvrier. Dans les années 1830, en dépit de cette activité industrielle, le hameau de Royaumont était devenu une villégiature prisée par l’aristocratie et la grande bourgeoisie parisiennes, attirées par ses ruines romantiques, son cadre forestier et la renommée de son théâtre privé. Après plusieurs reconversions, la fabrique fit faillite et fut fermée en 1859.

L’abbaye retrouva sa vocation première et, en 1869, accueillit le noviciat des religieuses de la Sainte-Famille de Bordeaux, qui entreprirent de la restaurer dans un « pur » style néogothique. En 1905, les lois Combes les contraignirent à l’exil et Jules Goüin, président de la Société de Construction des Batignolles, acquit l’ancien monastère dont il fit une résidence de campagne. Il poursuivit la restauration des bâtiments, qui abritèrent un hôpital pendant la Première guerre mondiale.

Dans les années 30, son petit-fils Henry Goüin gérait la propriété familiale. Suivant l’exemple déjà fameux de Paul Desjardins et de ses « décades de Pontigny », séduit par les initiatives du Front populaire en faveur des travailleurs, il décida d’ouvrir les portes de Royaumont aux artistes et intellectuels nécessiteux, pour offrir le « loisir de méditer – éventuellement de créer – à ceux que trop souvent les difficultés matérielles de la vie contraignent à vivre dans des lieux dont la beauté et la poésie sont absentes […] ». Le 15 mai 1938, il inaugure avec son épouse, Isabel Goüin-Lang, le Foyer de Royaumont, lieu de travail et de repos pour artistes et intellectuels. Vingt-six ans plus tard, en 1964, le projet sera pérennisé sous la forme d’une Fondation Royaumont (GoüinLang) pour le progrès des Sciences de l’Homme.

Réfectoire des moines, 1936  Réfectoire des moines aujourd'hui

Ainsi, après avoir été monastère, usine textile, village et noviciat, l’abbaye deviendra au cours du XXe siècle un lieu de rencontre et d’échanges majeur, pour plusieurs générations d’intellectuels français et étrangers, dans le domaine des sciences humaines et de la musique ; avant de s’imposer comme un lieu de recherche, de formation et de production artistiques internationalement reconnu.

  • FONDATION ROYAUMONT F-95270 ASNIÈRES SUR OISE FRANCE
  • web

Ballaké Sissoko

Maître de la kora., improvisateur et compositeur, Ballaké Sissoko est aujourd'hui regardé à la fois comme une grande figure de la musique mandingue/ malienne, et comme un musicien transculturel.
Son instrument, La kora, cette ha.rpe-Luth à 21 cordes d'origine mandingue, Lui a été transmis par son père. Djelimady Sissoko, directeur de l'Ensemble Instrumental National du Mali créé après l'indépendance, où il fait rentrer Ballaké en 1981 à l'âge de 13 ans. Ballaké y reste dix ans. Accompagnateur des grandes griottes maliennes, il fait
une apparition remarquée en 1999 au Festival des Musiques Métisses d'Angoulême,
et choisit de multiplier hors Mali les rencontres musicales avec des instrumentistes
et compositeurs internationaux tels que Ross Daly, Keyvan Chemirani. Dariush Talaï ou Ludovico Einaudi. IL poursuit son travail d'expérimentation musicale avec Liu Fang, Andy Emier, Médéric Collignon, Guillaume Orti, et depuis 2009 avec Vincent Segal.

Nicole Mitchell

Née en 1967, N,icole Mitchell est l'une des grandes figures de la création musicale
afro-américairle·, et américaine en général.
Flûtiste,« creative flutist » comme elle aime à préciser, elle est aussi compositrice,
improvisatrice, directrice d'ensemble et enseignante. Sa démarche consiste à valoriser l'héritage du jazz américain en le fertilisant avec des rencontres avec la musique pop, Le gospel, la musique expérimentale ou les percussions africaines.
Elle dirige le Black Earth Ensemble, s'est vu décerner plusieurs fois le titre de« Flûtiste de l'année» par la critique américaine, a été la première femme Présidente del'« Asso­ciation for the advancement of créative musicians » [AACM) de Chicago. Elle enseigne à L'Université de Californie.

En quelques fulgurantes années, Nicole Mitchell est devenue l'une des principales
animatrices des mondes du jazz et de l'improvisation, en Amérique et en Europe.
La démarche ou l'utopie artistique de La flûtiste explique sans doute cette reconnais­
sance : La musique« doit aider les individus à prendre conscience de leur environnement social et politique, de Leur richesse intérieure. Elle doit servir à établir
un lieu du monde et de L'être où beaucoup d'autres choses seraient possibles. Cette
musique doit être nourricière. ».
Ce pourquoi elle sera aussi foncièrement hospitalière, embrassant les très riches heures du swing et les déphasantes phases du soleil (tenant du concerto à la Duke Ellington
et des explorations interplanétaires à la Sun Ra). embrassant Les présences enchantées et enchanteresses des musiques dites du monde comme des musiques dites contempo­raines, et les spectres de L'électro-acoustique. Il y a, dans la musique verdoyante
de Nicole Mitchell, un enjouement essentiel, une réponse par l'affirmative à quelques­unes des questions soulevées par des lustres de classicisme et d'avant-gardisme,
au choix. Oui, les formes les mieux cadrées ne seraient rien sans la possibilité inscrite en elles de l'excès. Oui, Les développements insensés auxquels donne lieu chaque
improvisation redonnent à leur tour, avec un nouvel espace-temps, un sens au déjà­
entendu, au déjà-vu.
Encore faut-il avoir le goût et la maîtrise de toutes ces formes et de l'informe qui va avec. Nicole Mitchell fut initialement aidée par le tromboniste Jimmy Cheatham, un ancien des orchestres d'Ellington et de Chico Hamilton, qui lui fit écouter Charles Mingus,
Eric Dolphy et James Newton. Avec le premier, la flûtiste a pris goût aux compositions labyrinthiques, aux alliages de blues, de gospel, de polyphonies néo-orléanaises,
de rêveries symphoniques. Avec Le second, elle a découvert toutes les voix de la flûte, ancestrales et fabuleuses. Avec Le troisième, qui devint son professeur à L'instar
de ses pairs de l'AACM [Association for the Advancement of Creative Musicians)
de Chicago, elle a approfondi Les possibilités d'un art magique faisant résonner un grand ensemble dans n'importe quelle formation, grâce à la richesse des arrière-plans,
grâce à ces séquences secrètes d'abord, flanquées de volets qui s'ouvrent et se ferment sur des paysages plus sombres, à dos de solos pénétrant en coups de vent dans
la chambre des morceaux ...
« Je souhaite que nous mettions à l'honneur une musique qui corresponde au moment que nous vivons. un moment extraordinairement incertain, intéressant, horrifiant
et magnifique », dit cette de franchisseuse de limites.

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