
Franz Schubert (1797-1828): Quatuor à cordes n° 15 en sol majeur D. 887 (op. 161)
Quatuor Les Dissonances
David Grimal, violon
Hans Peter Hofmann, violon
David Gaillard, alto
Xavier Phillips, violoncelle
Ce quatuor, le dernier de Franz Schubert, est rempli de puissance et de fièvre. Le jeune génie, qui se sait condamné, investit toutes ses forces dans l’écriture, laisse entrevoir des abîmes psychologiques et pourtant, avec un optimisme confondant, conclut souvent ses morceaux dans la sérénité du mode majeur. L’importance des sons tremblés (trémolos, batteries rapides) habite les trois premiers mouvements, tandis que le quatrième semble réagir en une explosion d’urgence.
De vastes dimensions, le premier mouvement est tout en vibrations. Sur la trame de fond des trémolos, texture omniprésente d’inconnu ou d’effroi, les thèmes mènent un combat manichéen entre mineur et majeur. Après une introduction qui lance des appels impérieux, comme des questions jetées au destin, le premier thème dessine ses profils d’arpèges abrupts ; il possède un côté héroïque qui va se confirmer tout au long de la pièce. Le deuxième thème, qui ondule dans un espace restreint et lancinant, est présenté à trois reprises et confronté à des avalanches de trémolos pressants. Le développement met en scène ces idées sous des éclairages qui toujours étonnent par leur renouvellement : lumière hivernale que le premier thème, tout grêle et contrit, traverse en frissonnant ; emportements aux intervalles immenses, fulgurants ; lenteur soudaine, sorte de nocturne où l’être, retournant au fond de lui-même, peut concevoir l’idéal. La réexposition, abrégée, mène à une coda en majeur, où s’affirme une personnalité rendue prodigieusement forte par le désespoir.
L’admirable Andante, réparti entre deux thèmes, effectue un va-et-vient saisissant entre une émouvante plainte, d’un côté, et les affres de l’angoisse, de l’autre. La structure est une forme lied redoublée, ABABA. Le premier thème, confié au violoncelle mais qui entretiendra d’intimes dialogues avec le premier violon, des canons notamment, est extrêmement touchant par les contours de sa mélodie ; même si sa couleur naturelle est mineure et mélancolique,
ses éclairages en majeur transcendent le chagrin par un rayon d’espérance. Le deuxième thème, quasi expressionniste, laisse jaillir ses appels, ses cris, face à un barrage de trémolos dont la lugubre hostilité semble menacer le compositeur jusque dans ses racines, sa vie même. La fin, sur un premier thème plus paisible, est en majeur.
Le Scherzo est d’une frénésie en demi-teintes, mordante et subtilement cruelle. Comme une variante des trémolos présents dans les mouvements antérieurs, les batteries de six croches s’agitent, d’abord avec le mystère de quelque féerie puis, dans la deuxième reprise, avec plus d’agressivité et de panique. Un motif de galop qui circule prestement d’un pupitre à l’autre dynamise ce tourbillon de pensées malfaisantes. Le trio intermédiaire, en contraste absolu, est tout en mélodies liées et tendres ; c’est une chanson, une berceuse maternelle que se partagent le premier violon et le violoncelle, et dont le balancement est voilé par le tain nostalgique qu’entretient l’ostinato du second violon.
L’inlassable tarentelle qui parcourt les dix minutes du finale est sœur jumelle de celle qui concluait le Quatuor n° 14 « La Jeune Fille et la mort » : elle est moins furieuse mais elle possède une nervosité du même ordre. La forme sonate embrasse de larges sections, un développement très vaste ; l’ensemble est noyé dans un mouvement perpétuel et un carrousel de tonalités. La trépidation de danse, en principe fine et légère comme celles qu’écrira bientôt Mendelssohn, passe sans avertir par des phases d’acidité soudaine, jamais dramatiques mais grimaçantes, forcées. C’est l’esprit d’un scherzo plaqué sur un finale, débordant de ressources dans les limites d’un rythme unique, et qui ferme le dernier quatuor du jeune maître, sans gaîté réelle, mais avec un irrésistible dynamisme.

Cité de la Musique
Conçue par l’architecte Christian de Portzamparc, la Cité de la musique, inaugurée en 1995, est un lieu d’art et de vie, immergé dans la verdure du parc de la Villette.
Projet novateur de transmission de la musique, c'est un pôle de référence national et international entièrement dédié à la musique, avec quelque 250 concerts par an destinés aux adultes et aux jeunes, un Musée de la musique aux collections rares, une Médiathèque dotée de quelque 100 000 documents et une offre pédagogique riche et variée.
Résolument ouverte sur le monde, la Cité de la musique accueille les artistes internationaux les plus en vue. En association avec de prestigieuses salles européennes (membres du réseau ECHO), elle favorise la création musicale et la promotion des jeunes talents européens. Elle coproduit également des expositions avec des musées étrangers et diffuse son expertise et son savoir-faire dans le monde.
La Cité de la musique est un établissement public industriel et commercial qui bénéficie du soutien du ministère de la Culture et de la Communication.
La Cité de la musique est un lieu d’échanges parfaitement intégré dans un espace culturellement dense (avec notamment le Conservatoire de Paris, la Grande Halle de la Villette, la Cité des sciences et de l’industrie, le Zénith, les cinémas MK2 quai de Seine et quai de Loire, le Cent quatre… et dont le devenir est prometteur (l’ouverture de la Philharmonie de Paris est prévue en janvier 2015).
La Cité est aussi un lieu de convivialité et de détente. Côté cour, avec sa librairie Harmonia Mundi et son Café des concerts au design épuré et à la cuisine inventive, elle invite à des moments de détente autour d'une visite ou d'un concert.
Les Dissonances

Les Dissonances, collectif d’artistes : on a pris l’habitude de voir les musiciens dirigés à la baguette. Jouer sans chef, c’est prendre la liberté de se réunir lors de sessions de travail, dans un espace décloisonné où chacun crée sa place. Solistes, chambristes, musiciens d’orchestre et brillants étudiants en devenir se retrouvent afin de s’enrichir mutuellement. Un espace où compositeurs et interprètes renouent un dialogue nécessaire.
Les Dissonances poussent toujours plus loin le niveau artistique des défis qu’elles relèvent, des Symphonies de Beethoven à celles de Brahms, en passant par des programmes mettant à l’honneur des œuvres trop peu connues du public.
Premier orchestre symphonique sans chef d’orchestre, Les Dissonances réinventent la pratique musicale à travers une organisation participative où les talents et les idées de chacun sont valorisées.
L’orchestre se produit sur de nombreuses scènes européennes et a obtenu la reconnaissance immédiate de la critique internationale.
Liberté des musiciens, dans leur choix de travailler ensemble, liberté de choix des compositeurs, des oeuvres et des programmes, et libre association avec les salles et festivals qui partagent ce même souci d’exigence, d’excellence et d’innovation artistique.
Car cette exigence en tout est la contrepartie à cette liberté en tout revendiquée par Les Dissonances. Il faut y ajouter d’autres valeurs : Les Dissonances ont un inspirateur et un leader, mais elles n’ont pas de Chef ! Les musiciens sont tous égaux et unis par le partage fraternel de la musique. Liberté, égalité, fraternité, générosité, voilà les valeurs qui animent et inspirent Les Dissonances… et bien sûr leurs partenaires.
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